MADRIGAL, -AUX, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1542 au plur. 
madrigales «petites poésies galantes» (
B. Aneau, 
Lyon marchant ds 
Hug.); 1578 
id. madrigals (
Ronsard, 
Sonets et Madrigals pour Astree ds 
               Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 17, p. 179); 
id. au sing. 
madrigal (
Id., 
ibid., p. 339); 
2. 1768 mus., à propos de la mus. ital. (
Rousseau).  Empr. à l'ital. du Nord 
madrigale (attesté au sens 1 dep. le 
xives., 
Antonio da Ferrara, sous la forme 
madrial; au sens 2 à la même époque, 
Poesie musicali del'300, sous la forme 
matrical; v. 
Batt.) d'orig. incertaine: − 
L.Biadene (ds 
Rassegna bibliografica della Letteratura italiana t. 6, 1898, pp. 329-336), s'appuyant sur la forme lat. médiév. 
matricale (attestée en 1318-25 chez Francesco da Berberino), et suivi par 
L. Spitzer (
Essays in Historical Semantics, 1948, pp. 28-29) a proposé le lat. 
matricalis, proprement «qui se rapporte à la matrice», d'où (
carmen)
 matricale «(chant, poème) en langue maternelle» p. oppos. aux compositions en lat.; 
B. Migliorini (
Saggi linguistici, 1957, pp. 288-289) reprend aussi cette hyp. mais donne à 
matricalis le sens de «ingénu, naïf» comme celui qui vient de naître, de sortir de la matrice (v. 
naïf); 
_ L. Spitzer (ds 
Z.rom. Philol. t.55, pp. 168-170), puis 
G. Rohlfs (ds 
Arch. St. n. Spr. t.183, pp. 38-44), prenant en compte le fait que la forme la plus anc. en ital. est 
madriale, pensent que 
matricale est peut-être une réfection latinisante par étymol. pop. de 
madriale, et qu'il faut alors préférer l'étymon lat. 
materialis (hyp. déjà émise par 
Bembo, 1
remoitié du 
xvies., v.
Batt.) qui, pour L. Spitzer aurait signifié «bâtard» (
cf. lat. médiév. 
filius materialis et 
materialis «bâtard», à Florence ds 
Du Cange; le madrigal aurait été considéré comme un genre bâtard, entre musique et poésie), ou «grossier», et qui, pour G. Rohlfs, aurait signifié plutôt «simple, familier, sans complication» (
cf. ital. 
materiale «simple; rustique, peu raffiné», v.
Rohlfs, 
loc. cit., p.43), sens qui correspond mieux à la spécificité du madrigal; la forme 
madrigale s'expliquerait alors par un phénomène phonét. particulièrement répandu en Italie du Nord (
Rohlfs §339); 
−FEW t.6, 1, p.495b, note11, signale une 3
ehyp. due à 
G. Alessio ds 
Lingua Nostra t.3, p.109: 
madrigale serait issu d'un lat. 
*metricalis avec infl. de 
madre «mère», mais G. Alessio n'a pas repris cette hyp. ds son 
Lexicon etymologicum.