MACABRE, adj.
Étymol. et Hist. 1. a) 1376 (
J. Le Fèvre, 
Respit de la Mort, éd. G. Hasenohr-Esnos, 3078: Je fis de 
Macabré la dance = prob.: «j'ai composé la 
dance Macabré», 
cf. note pp. 195-197 et 
G. Paris ds 
Romania t. 24, pp. 129-132); 
b) apr. 1433 p. métaph. (
J. Régnier, 
Fortunes et Adversitez éd. E. Droz, p. 216, 73-74: aller a la 
dance De Macabré = «mourir»); fin 
xves.-début 
xvies. (
Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 8, p. 349: Je danseray la 
macabrée danse); 1611 (
Cotgr.: Macabré. 
Danse Macabré. 
Death); 
c) 1811 
Danse Macabre (
Champollion-
Figeac, 
Notice d'une Edition de la Danse Macabre, 
antérieure à celle de 1486 [= Paris, Guyot Marchant, 1485] ds 
Magasin Encyclop. t. 6, p. 355); 
2. 1843 p. ext. «relatif à la mort, lugubre» (
Gautier, 
Tra los montes, p. 64); 1855 subst. (
Goncourt, 
Journal, p. 199: d'un 
macabre poignant).  Orig. controversée (voir 
FEW, t. 6, 1, pp. 2a-3a). Les étymol. orientales qui ont été proposées (ar. 
maqbara, 
maqbura, plur.; 
maqābir «cimetière», v. 
Van Praet cité par 
Champollion-
Figeac, 
op. cit., pp. 367-368; syriaque 
meqabberêy, 
meqabr ey «fossoyeurs», v. 
Fr. mod. t. 15, pp. 96-98 et 
Romania t. 71, pp. 408-412) manquant de fondement, il semble préférable de voir en 
Macabré (lu à tort 
macabre au 
xixes., 
cf. 1811, 
supra et 
Romania t. 18, p. 513) une var. du nom propre d'orig. biblique 
Macchabée (
cf. p. ex. 
ca 1190, 
Gui de Cambrai, 
Vengement Alixandre, éd. B. Edwards, p. 96, 1748 [var. 2
emoitié 
xiiies.]: Judas 
Macabrés; 
ca 1200, 
2eContinuation de Perceval, éd. W. Roach, t. 4, p. 500, 32278 [var. 
xiiies.]: judas 
macabre). Quatre cheminements ont été proposés: 
a) Macabré serait le nom d'un peintre ayant représenté une danse de la Mort dont Jean Le Fèvre se serait inspiré pour un poème, intitulé 
La dance (de) Macabré, qu'il aurait composé avant 
Le Respit de la Mort (
G. Paris ds 
Romania t. 24, pp. 129-132; 
cf. les peintures murales du cimetière des Innocents à Paris, exécutées en 1425, auxquelles fait allusion le 
J. d'un bourgeois de Paris (1405-1449), éd. A. Tuetey, p. 234, qui mentionne un cordelier ayant prêché aux Innocents en avril 1429 «le dos tourné vers les Charniers encontre la Charonnerie, à l'androit de la 
Dance Macabre»). Contre cette hyp., l'objection de 
E. Mâle, 
L'art religieux à la fin du Moy. Âge en France, 1908, cité ds 
G. Huet, 
La Danse Macabré ds 
Le Moy. Âge, t. XXIX, p.152: «jamais, au moyen âge, on n'a désigné une oeuvre d'art par le nom de son auteur». 
b) Macabré serait le nom d'un poète ayant composé le texte accompagnant des oeuvres picturales représentant une danse de la Mort (
G. Huet, 
op. cit., p. 158: «on a très bien pu désigner, aux 
xiveet 
xvesiècles, la 
Danse des morts par l'expression 
Danse Macabré ou 
Danse de Macabré, le mot 
Macabré indiquant l'homme qui était considéré, à tort ou à raison, comme l'inventeur du thème»). À l'appui des deux précédentes hyp., l'art. de 
Machabey ds 
Romania t.80, p. 124, qui mentionne 
Maquabré, 
Makabré, etc., attesté comme nom de famille à partir de 1333, à Porrentruy. 
c) Selon 
H. Sperber, 
The etymology of macabre ds 
Mél. Spitzer, pp. 391-401, l'auteur d'une danse de la Mort (peut-être Jean Le Fèvre) en aurait attribué le prologue à un «prédicateur», identifié avec Judas Macchabée (en raison du passage de II 
Macc. 12, 38-46, où est mentionnée la prière pour les morts). 
d) On a encore supposé (
Littré; 
Gde Encyclop. t. 13, p.884) que la 
danse Macabré aurait été à l'orig. une danse liturgique, une procession dansée ou un mystère, représentant le martyre des sept frères Macchabées qui moururent l'un après l'autre pour leur foi (II 
Macc. 7), et où les danseurs disparaissaient tour à tour pour signifier que chaque être humain doit subir la mort (
cf. ds 
Du Cange le lat. médiév. 
choraea Machabaeorum «danse des Macchabées», représentation scénique donnée dans l'église St Jean l'Évangéliste à Besançon en 1453; en m. néerl. 
Makkabeusdans, au 
xves. ds 
Romania t. 24, p. 588). Mais cette hyp. se heurte au fait que 
Macabré est toujours au sing. dans les textes français.