MÂCHER1, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1185 (
Marie de France, 
Purgatoire St Patrice, 413 ds T.-L.: E cele denz que vus avez, Qu'unkes vïande ne 
mascha); 1552 (
Est. 
s.v. mando-mansum: 
mansum in os inferre. Luy bailler tout 
masché); 1580 (
Montaigne, 
Essais, II, X, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 397: Ces historiens nous gastent tout: ils veulent nous 
mascher les morceaux); 
b) 1773 «triturer une substance molle dans sa bouche sans l'avaler» fig. 
des organes de papier mâché (
Voltaire, 
Lettre à d'Argental, 19 avr. ds 
Corresp., éd. Th. Besterman, t. 39, p. 391); 
2. fin 
xiiies. [ms. Bibl. nat. fr. 837] fig. 
ne le querre maschier «ne pas chercher à dissimuler, dire franchement» (
De la fole et de la sage ds 
Jubinal, 
Nouv. recueil de fabliaux, t. 2, p. 79); 
3. fig. 
a) xiiies. «se pénétrer d'une chose au point de la faire sienne, de l'acquérir» 
maskier sens «se pénétrer de sagesse» (
Chans. et dits artésiens, éd. A. Jeanroy et H. Guy, XV, 36); 
b) ca 1350 «se pénétrer d'une chose, la méditer» (
Gilles Li Muisis, II, 192 ds T.-L.). 
B.1306 «mordre un objet placé entre les dents» 
maschier le fraing (
Guillaume Guiart, 
Royaux lignages, I, 1014 ds T.-L.).  Du b. lat. 
masticare «mâcher»; ce verbe (= gr. μ
               α
               σ
               ι
               α
               ́
               ω) se substitua en ce sens au début du 
ives. aux verbes ant. 
mandere et 
manducare (celui-ci issu du 1
erpar l'intermédiaire du dér. 
manducus, proprement «le bâfreur», nom d'un bouffon d'atellanes portant un masque aux énormes mâchoires remuant à grand bruit) quand, 
mandere n'ayant laissé aucune trace dans les lang. rom., 
manducare fut utilisé pour exprimer la notion de «manger», v. 
manger.