LAISSE3, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. 1. 1178 « lien servant à conduire des chiens » (
Renart, éd. M. Roques, 13387 : II. levriés tint en une
laisse); début
xiiies. fig. (
Ste Julienne, 3988 ds T.-L.);
2. 1471 « cordon de chapeau » (
Inv. du roi René d'Anjou, fol. 22 ds
Gay).
II. ca 1202
lesse de foire « émission d'excrément (d'un animal sauvage) » (
Renart, éd. E. Martin,
xvi, 970); 1387-91 « fiente des animaux sauvages » (
Gaston Phébus,
Chasse, éd. G. Tilander, 8, 53 :
leisses de ours et de sanglier et de loir).
III. 1. a) 1220-30 « texte, tirade, couplet chanté ou dit sans interruption » (
Tombeur de N.-D., 125 ds T.-L.); 1
remoitié
xiiies. (
Doon de Nanteuil, Romania, xiii, 12 ds T.-L.), seulement en a. fr.; relevé par
Trév. 1752 qui note ,,vieux mot. Chanson``;
b) 1840 « partie d'un récit formant une stance » (
Ac. Compl. 1842); 1867 « tirade monorime d'un poème » (
Littré);
2. fin
xiiies. désigne la sonnerie du glas pour un mort (
Renart, éd. E. Martin,
xiv, 443, var. des mss C, H), relevé en ce sens par
Trév. 1752 comme mot champ., v. aussi
FEW t. 5, p. 222 ab et p. 228 a, note 8.
IV. 1. 1421, 31 juill., région de la Sèvre niortaise « atterrissement, alluvions abandonnés par la mer » topon.
La Laisse du Roy devenu
La Laisse d'Andilly, Charente-Maritime (Arch. nat. P. 586, fol. 91 v
ods E.
Clouzot,
Marais de Sèvre niortaise, 1904, p. 145);
2. 1765 « terrain découvert par la mer lors du reflux »
laisses de basse mer (
Encyclop. t. 9, p. 199 a). D'apr. l'hyp. la plus couramment reçue (
FEW, loc. cit., p. 222;
Bl.-W.
5),
laisse est dans tous les sens relevés, un déverbal de
laisser* : I, parce que la laisse est un lien lâche donnant une certaine liberté à l'animal; III, parce qu'à l'origine, la laisse est un couplet, une tirade dite, chantée sans interruption, pour laquelle on donne libre cours à la voix, on la laisse aller d'un trait sans fléchissement, ce sens étant à rapprocher du syntagme
d'une laisse « d'un trait » (1269-78
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 7526); II et IV sont clairement « ce qu'on laisse »; à rapprocher de II, le m. fr.
laie « id. » (1376
Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 4, 29 et 32; var. du ms. N,
xves. :
lai, masc.), déverbal du verbe a. fr.
laïier, v.
laisser; à rapprocher de IV,
lais* Étymol. et Hist. 2. − À l'étymon lat.
lectio pour
laisse II (M.
Sahlin ds
St. neophilol. t. 11, 1938-39, pp. 141-156; hyp. reprise par G.
Merk ds
Mél. Imbs, pp. 240-247; v. aussi R.
Baum ds
Mél. Lommatzsch, 1975, pp. 41-47) s'opposent de sérieuses difficultés phonét.; il faudrait partir de *
lectia avec traitement demi-savant du groupe
-Kty- >
-ss- et infl. de
lai pour le vocalisme radical.