GOLIARD, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. xiiies.
golias « glouton, gourmand » (
Du clerc golias qui volt rober s'abaïe ds
Nouv. recueil fabliaux, éd. Méon, t. 2, p. 447);
gouliars (
ibid., p. 449 : se boutoit En tavernes li
gouliars);
2. mil.
xives.
goliard « bouffon, jongleur » (
Entrée d'Espagne, 5407 ds T.-L.).
Cf. lat. médiév.
goliardus « goliard, clerc ou écolier vagabond » (av. 1219,
Raymond de Rocosel,
Invectio contra goliardos, vers 12 ds O.
Dobiache-
Rojdestvensky,
Les poésies des goliards, p. 184). Étymol. obsc. Soit dér. à l'aide du suff.
-ard* de l'a. fr.
gole, goule (gueule*), intercalation d'un
-i- prob. d'apr. le nom du géant
Goliath, en lat. médiév.
Golias (
FEW t. 4, p. 320b,
s.v. gula); soit dér. du nom de
Goliath, avec substitution de suff.
(-ard*) (
REW n
o3818d). Selon E.G. Fichtner (ds
Neophilologus, t. 51, pp. 230-237)
goliard serait dér. avec le suff. d'orig. germ.
-ard* d'un élém.
goli- représentant le rad. du verbe protogermanique
*gōljan dont le sens gén. serait « crier, chanter, divertir »,
cf. ses corresp. dans les lang. germ. : got.
gōljan « saluer », a. isl.
goela « faire rire quelqu'un », germ. occ. (inscription runique)
gōljan « saluer, divertir ou amuser (?) » m.h. all.
goln (
Lexer) « chanter à voix haute, criailler; plaisanter ». Signifiant à l'orig. « bouffon, jongleur »,
goliard aurait ensuite été rattaché par étymol. pop. à
gole, goule (gueule*), d'où le sens de « glouton, gourmand » et à
Goliath, symbole des ennemis de l'Église (symbolisée par David), p. allus. aux poésies satiriques souvent anticléricales que déclamaient les Goliards.