FORCER, verbe.
Étymol. et Hist. 1. Faire céder par la force
a) xies. « faire violence (à une femme) » d'apr.
FEW t. 3, p. 730a;
xiiies. [ms.] (
Chr. de Troyes,
Chevalier Charrette [var. ms. V] 1321 ds T.-L.);
ca 1200 plus gén. (
Antioche, éd. P. Paris, VIII, 1381);
b) ca 1230 « prendre de vive force une position militaire » ici pronom. (
Chevalier deux épées, 9496 ds T.-L.);
cf. 1588
Alexandre forçant la ville (
Montaigne,
Essais, éd. A. Thibaudet, livre I, chap. 1, p. 30);
c) mil.
xves. « exercer une pression morale sur autrui » (
Ch. d'Orléans,
La Retenue d'amours, éd. P. Champion, 83);
d) av. 1549 « vaincre, maîtriser ses propres sentiments »
forcer sa complexion (
Marg.,
Lett., 78 ds
Littré);
e) 1552 « s'assurer la maîtrise de quelque chose »
forçant ton Destin (
Ronsard,
Odes, livre V, IX, 27 ds
Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 3);
f) 1573
forcer la porte (
Dupuys);
2. pousser au-delà de l'activité normale, de l'état normal
a) ca 1210 « fausser, tordre » (
Estoire d'Eustachius d'apr.
Lar. Lang. fr.);
b) 1573
forcer un animal (
Dupuys); 1605 [éd.]
plantes forcées (
O. de Serres, 545 ds
Littré);
c) 1668
forcer son talent (
La Fontaine,
Fables, éd. H. Régnier, livre IV, 5, vers 1);
d) 1690
forcer son stile (
Fur.);
e) 1859 emploi abs. « agir avec force, fournir un effort intense » (ici en parlant du vent) (
Bonn.-Paris : le vent
force lorsqu'il augmente); 1910 (
Claudel,
Gdes odes, p. 239). Prob. d'un lat. vulg. *
fortiare, du lat.
fortia, v.
force.