Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

notices corrigéescatégorie :
essartage

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
B. 1. essartement : « défrichement par la coupe du bois et l'arrachage des taillis et ronces ». Attesté depuis 1611 (Cotgrave : Essartement : m. A glading ; lopping ; grubbing up of, or cleering of a ground from, shrubs, etc). - 
B. 2. Rem. 2. essartement : « défrichement d'une bande de terre de 60 pieds de largeur (20 m environ) qui longe les grandes routes dans la traversée des forêts (terme de droit forestier) ». Attesté depuis 1669 [août] (Ordonnance de Louis XIV sur le fait des eaux et forêts, in Baudrillart, Réglemens forestiers, volume 1, page 84, titre 28, article 4, in Gallica : Ordonnons que […] tous bois, épines et broussailles qui se trouveront dans l'espace de soixante pieds ès grands chemins servant au passage des Coches et Carrosses publics, tant de nos Forêts que de celles des Ecclésiastiques, Communautés, Seigneurs et Particuliers, seront essartés et coupés, ensorte que le chemin soit libre et plus sûr, le tout à nos frais ès Forêts de notre Domaine, et aux frais des Ecclésiastiques, Communautés et Particuliers dans les Bois de leur dépendance. Voulons que […] ceux qui se trouveront en demeure soient […] contraints, par saisie de leurs biens au payement […] du prix des ouvrages nécessaires pour l'essartement). - 
A. essartage : « défrichement par la coupe du bois et l'arrachage des taillis et ronces ». Attesté depuis 1761 [en Suisse romande] (Archives Lignières 1761, in Pierrehumbert, Neuchâtelois = GPSR 6, 714b et Rapport GPSR 85, 4 : Mrs de la Neuveville n'ont pas voulut convenir pour l'esertage des bois, synon qu'ils ne pourront jamais esserter aucun chêne). Antérieurement, dès 1709, le mot est attesté dans le toponyme l'Essertage, nom de lieu relevé dans le canton de Vaud (Rapport GPSR 85, 4). Première attestation lexicographique, présentant le phonétisme du français général : 1783 [dans un emploi technique régional] (Rozier, Agriculture, essarter = DG : ESSARTER, ou arracher tous les arbres ou broussailles qui couvrent un terrein, et enlever de dessus le champ les souches et les racines. Dans plusieurs pays de vignoble, où l'on emploie des échalas, on appelle essartage ou essarter, la première opération du travail de la terre dans laquelle la vigne est plantée. On la commence communément au premier avril. Ce travail consiste à fouiller le sol avec un instrument de fer nommé pioche, plus ou moins pointu, suivant la qualité de la terre, plus ou moins mêlée de pierres ou de gravier. On commence par fouiller la partie qui se trouve entre chaque rang de ceps, et on approche successivement du pied de la vigne. Le terrein qui l'avoisine est retiré sur la partie du milieu, y forme un ados, et le pied du cep est un peu déchaussé. La terre relevée en ados, reste dans cet état jusqu'à la fin de juin, temps de biner la vigne). - 

Origine :
B. 1./B. 2. Formation française : dérivé du verbe essarter* à l'aide du suffixe ‑ment1* (cf. ‑ment1*, A.1. b. Rem.). Cf. Von Wartburg in FEW 3, 318b, exsartum.
A. Formation française : dérivé du verbe essarter* à l'aide du suffixe ‑age* (cf. ‑age* I. A.1. b). Cf. Von Wartburg in FEW 3, 318b, exsartum.Les formations essartage et essartement sont généralement considérées comme de simples variantes morphologiques que leur valeur d'emploi ne distingue pas (cf. Lachiver, Rural, s.v. essartage : Essartage ou essartement, mode d'exploitation des bois, qu'on trouvait surtout dans les Ardennes […]). Bien que formé depuis plus longtemps dans la langue que son doublet en -age et soutenu par son emploi dans le droit forestier depuis 1669 (cf. ci‑dessus B. 2. ; Larousse1 s.v. essart ; Guérin, Dictionnaire, s.v. essartement ; Capitant, Juridique, s.v. essartement ; Lachiver, Rural, s.v. essartage), le dérivé essartement n'a pas réussi à s'imposer au détriment de son concurrent essartage (malgré Ac6Ac8, qui n'enregistrent que la forme essartement, alors que essartage a fait son entrée dans Ac6Compl et qu'on le rencontre déjà dans Raymond, Supplément1). Le lexème paraît même donner des signes de vieillissement au témoignage de Frantext (qui fournit seulement deux attestations, l'une en 1801, l'autre en 1961, cf. supra), de la presse écrite comme Le Monde (aucune attestation depuis 1987, contre trois pour essartage) et des études publiées sur Internet traitant du sujet (ainsi Bellin, Terre de Durbuy 74 n'utilise que le terme essartage annoncé dès le titre). En 1972, Barrau, Études rurales 45, 102 invitait les ethnologues à remettre en bon usage le terme essartage quand ils avaient à traiter de sociétés humaines pratiquant encore aujourd'hui un système cultural fondé à la fois sur le défrichement par brûlage et sur la pratique longue d'une jachère en milieu forestier. Quant aux expressions culture itinérante, culture sur brûlis, culture nomade, écobuage, il les jugeait peu précises, voire inexactes et leur préfèrait essartage, qui convient parfaitement à la pratique culturale sur brûlis en milieu forestier, tombée en désuétude depuis très longtemps en France, observée dans la zone tropicale et équatoriale. Pour l'examen détaillé des deux suffixes de noms d'action ‑age et ‑ment, cf. Debaty‑Luca, Suffixation 177‑213.


Rédaction TLF 1980 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2005 : Nadine Steinfeld ; Armelle Evrard. - Relecture mise à jour 2007 : Jean-Pierre Chambon ; Françoise Henry ; Jean-Loup Ringenbach ; Éva Buchi.