DISTRAIRE2, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. 1377 « tirer en divers sens » (
N. Oresme,
Le Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 198 b);
2. xves. pronom. « se détourner, s'écarter de » (
E. Deschamps,
Lay du Roi, éd. Queux St Hilaire, t. 2, p. 317, 576); spéc. 1549 « se détourner de quelque chose de pénible » (A. du Moulin, trad. de
J. d'Indagine,
Complexions des hommes, p. 281 ds
Hug.); 1558 « détourner quelqu'un de l'objet auquel il s'applique » (
Du Bellay,
Les Regrets, éd. Droz, XXV, p. 53); 1661
distrait « qui est détourné de l'application, absorbé par autre chose » (
Corn.,
Sert., IV, 3, éd. A. Régnier, 1427); 1670
des yeux distraits (
Racine,
Bérénice, I, 4, éd. A. Régnier, 5277); 1728 emploi abs. « détourner l'esprit d'une préoccupation, de l'inquiétude; y faire diversion » (
Marivaux,
Sec. surprise de l'amour, théâtre complet, éd. M. Arland, I, 1, p. 554);
3. 1807 pronom. « passer son temps agréablement » (
Staël,
Corinne, t. 3, p. 163). Empr. avec attraction de
traire* au lat. class.
distrahere « tirer en divers sens; séparer »; au sens 1 à rapprocher de l'a. fr.
detraire (dep. le
xiies. ds T.-L.).