COMTÉ, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Début
xiies.
cunté masc. « [en Angleterre] cour de justice placée sous la responsabilité d'un shérif ou d'un vicomte » (
Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 2 § 3);
ca 1174 fém. (
Garnier de Pont-Ste-Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 2707) − 1292,
Britton, I. XIV., § 3 ds
NED (forme agn.
counté);
2. 1155
conté masc. « domaine soumis à l'autorité d'un comte (ici, en Angleterre) » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 3806);
ca 1200 en gén., fém. (
Lai Conseil, 109 ds T.-L.);
xves.
comté fém. (
Froiss., I, I, 97 ds
Littré), encore employé au fém. par des auteurs du
xixes. (v.
Lar. 19e) et plus rarement au
xxes.;
3. 1792 « division administrative du territoire canadien » (Proclamation du gouvernement d'apr. J. Bouchette ds
Canadian.); 1845
comtés d'Angleterre (
Besch.); 1866 « division administrative anglaise »
(Lar. 19e). Dér. de
comte*; suff.
-é*;
cf. lat. médiév.
comitatus « territoire administré par un comte [sens féodal] » (779 d'apr.
M. A. Pei,
The Language of the eight-century texts in northern France, New York, 1932, p. 324), également « cour de justice » (
ca 980 ds
Nierm.); 3 adaptation de l'angl.
county de même sens (1411 ds
NED), lui-même empr. à l'a. fr. Le flottement de genre en a. et m. fr. est dû soit à l'infl. des mots abstr. fém. en
-té (du lat.
-itatem) comme
bonté, charité (
Bl.-W.1-5) soit à la confusion entre le suff.
-é (< lat.
-atus) masc. et le suff.
-eé (< lat.
-itatem) fém. apr. amuïssement de la 1
revoyelle (
Pope, § 777, 1
o); une origine directe du genre fém. à partir de
la conteé (
FEW t. 2, p. 942, note 5) est improbable, cette dernière forme ne semblant pas attestée av. le
xiiies. (T.-L.).