CISEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1155-60
trenchanz ciseaus « instrument plat et tranchant par un bout dont on se sert pour entailler la pierre, le bois, etc. » (
Thèbes, 2991 ds T.-L.); d'où 1690
un bon ciseau en parlant d'un sculpteur, d'un ouvrier (
Fur.); 1718 « manière de sculpter » (
Ac. : Il a le
ciseau admirable);
2. a) ca 1178 sing. « instrument formé de deux lames dont les tranchants se croisent et servent à couper les choses minces » (
Renart, éd. M. Roques, IIIa, 4243); 1178 plur.
uns ciseaux (
Id., éd. E. Martin, XIV, 377);
b) 1831 mar.
voiles en ciseaux (
Will.);
c) 1934 chorégr.
mener une danse de ciseaux (
Colette,
Duo, p. 147). D'un lat. vulg. *
cisellum altération d'apr. les dér. en
-cido de
caedere « trancher, couper » (tels que
incisus, occisus, v.
Ern.-Meillet,
s.v. caedo) de *
caesellum, dér. du rad.
caes- de
caedere ce rad. étant soit celui du part. passé, soit celui d'un fréquentatif *
caesare (hyp. convenant mieux au sens de « instrument coupant), par suff.
-ellum qui, d'apr.
EWFS2serait substitué à un plur. anc.
-ulum (
cf. sangle* et a. fr.
(es) tenelles/
tenailles et
Meyer-L. t. 2, § 155)
-ellum convenant mal pour la formation d'un nom d'outil (v. aussi
Meyer-Lübke,
Gramm. des lang. rom., t. 2, § 430). Une dérivation p. substitution de suff. de l'a. fr.
cisoire (d'un *
caesorium, v.
Cor.,
s.v. cincel et
TLL s.v.) est à écarter, ce mot n'étant pas attesté av. le
xiiies. (
A. de Paris,
Alexandre, var. ms. H, Elliott Monographs, t. 5, p. 90;
Thurot Prononc., p. 131). Au sens 2, le mot a remplacé le plus anc.
force(s) (< lat.
forfex «
id. ») attesté dep.
ca 1130 ds T.-L.