CHAINTRE, subst.
Étymol. et Hist. 1. 1405 « pièce de terre » (
Charte ds
Du Cange,
s.v. cinctada), attest. isolée;
2. xvies. « limite » (
Le Loyer,
Hist. des Spectres, VII, 2 ds
Hug.), répertorié comme terme d'anc. législ. dep.
Ac. Compl. 1842;
3. 1909 vitic. (
Bunet,
Le Matériel viticole, p. 91). Terme poit. (
Beauchet; Lalanne, qui atteste le mot du
xveau
xviies.), peut-être issu de
canceru (pour
cancer, cancri, attesté au plur. « barreaux, treillis, grillage » par Paul Diacre ds
TLL, s.v. cancer 1, 228, 21, et en lat. médiév. au sens de « pilier, colonne », v.
Nierm. et
Mittellat. W.) plus souvent attesté sous la forme de son dimin.
cancellus, v.
chancel;
cancer est peut-être une forme dissimilée de
carcer « prison », (v.
Ern.-Meillet et
Walde-Hofm.) d'où
chaintre, de même que lat.
vincere > a. fr.
veintre, lat.
torcere [
torquere] > a. fr.
tortre (
Fouché, p. 466). Le sens primitif du mot fr. est prob. « bande de terre formant limite » (
cf. cancelli « limite, barrière » Cicéron ds
TLL s.v., 228, 5), v.
Thomas (A.)
Mél. Étymol., p. 44 et Bambeck ds
Z. rom. Philol., t. 77, 1961, p. 323, le sens 3, parce que dans ce mode de culture, les bandes de terrain vont comme autant de limites les unes par rapport aux autres. L'étymon
cincturare, cinctura ne peut convenir, la forme en
ch- étant en ce cas, caractéristique du pic. et ne pouvant rendre compte de l'aire poit. de
chaintre; il a suggéré la déf. « espace sur lequel tourne la charrue à l'extrémité de chaque raie du labour »,
Rob. Suppl. L'étymon lat.
cancer « crabe » (
REW3, n
o1574) proposé parce que la marche de la charrue au bout du terrain rappelle celle du crabe, ne semble pas satisfaisant.