CARACTÈRE2, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1274
karactere (
Chron. de St. Den., ms. Ste-Gen., f
o50a ds
Gdf. Compl., sans contexte);
1. a) 1372 fém.
caratere « empreinte » (
Ord., V, 513 ds
Gdf.); 1550
carathere « signe d'écriture » (
J. Le Blond, trad. de
Th. Morus,
L'Isle d'Utopie, L. II, 67 v
ods
Hug. : [...] les
caratheres des lettres grecques); 1596
caractère (
Hulsius,
Dict. fr.-all. et all.-fr.); d'où 1567 « signe conventionnel dont on se sert dans certaines sciences (algèbre, chimie, etc.) pour exprimer qqc. » (
J. Martin,
Architecture, trad. de Vitruve, Paris, J. Gazeau, p. 104 :
characteres d'Arithmetique); av. 1589 impr. (
Plantin,
Correspondance, I, p. 50);
b) 1389-92 « signe sensible d'un sacrement » (
Reg. du Chât., II, 491 ds
Gdf. Compl.);
xvies. « marque spirituelle d'un sacrement » (d'apr.
FEW t. 2, 1,
s.v. character); av. 1672
caractêre de bâtême (Godeau ds
Rich. 1680);
c) xves. « empreinte » (
Jard. de santé, I, 504 ds
Gdf. Compl.);
2. a) av. 1662 « manière d'être propre qui distingue une chose d'une autre » (Pasc. dans Cousin ds
Littré : Nous naissons avec un
caractère d'amour dans nos cœurs qui se développe à mesure que l'esprit se perfectionne);
cf. 1667 (
Rac.,
Phèd., IV, 2,
ibid.); en partic. 1699 peint. (
Roger de Piles,
Idée du Peintre parfait, p. 71 ds
Brunot t. 6, p. 733); 1704 bot. « ce qui distingue les différents genres »
(Trév.);
b) 1798 emploi abs. mus. (
Ac. : Ce début en Musique a du
caractère);
3. av. 1662 « ensemble de traits dominants de la physionomie morale d'un homme » (
Pasc.,
Pens., I, 46 ds
Rob. : Diseur de bons mots, mauvais
caractère); d'où
a) 1686 « la manière d'être morale » (
Boss.,
Michel Le Tellier ds
Rob.); av. 1757 p. ext. « les personnes mêmes considérées dans leur individualité »
les grands caractères (
Fonten.,
Czar Pierre, ibid.);
xviies. « peinture des sentiments, des passions, des idées des personnes dans une œuvre littéraire » (Molière d'apr.
FEW, loc. cit.); 1751
pièce de caractère (
Volt.,
Louis XIV, 32 ds
Rob.);
b) 1736 « énergie, force d'âme » (
Mariv.,
Marianne, 4
epart., 218 ds
Brunot t. 6, p. 1356). Empr. au lat.
character attesté d'abord par Varron ds
TLL s.v., 994, 19, au sens de « manière d'être propre à un style », puis au
ives. à celui de « manière d'être, comportement (d'un homme) » (Donat,
ibid., 994, 14); le sens premier de « marque que l'on applique à un animal en le brûlant au fer » n'est attesté qu'au
iers. (Colum.,
ibid., 992, 65) ensuite « marque d'un poids ou d'une monnaie »
iiies. (
Lib. de asse, 12,
ibid., 993, 31); fin
ive-début
ves. « signe de l'écriture » (Sergius,
ibid., 993, 39); au fig., désigne la marque sacramentelle du baptême en lat. chrét. (St Augustin ds
Blaise); le lat. est empr. au gr. χ
α
ρ
α
κ
τ
η
́
ρ « empreinte » en partic. de monnaie,
ves. (Eur. ds
Bailly), puis « signe distinctif, marque, caractère propre à une personne, une chose » (Hérodote,
ibid.) « traits particuliers du visage (π
ρ
ο
σ
ω
́
π
ο
υ » « nature d'une personne » (Denis d'Halicarnasse,
ibid.); en parlant du style (
Id., ibid.;
cf. Cicéron,
Orator, éd. A. Yon, Paris, Belles-Lettres, 1964, § 134 : Sed iam forma ipsa restat et χ
α
ρ
α
κ
τ
η
́
ρ ille qui dicitur).