BUT, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1245
but a but, droit « sans restriction » (
Cart. de N.-D. des Voisins, 97 dans
R. Hist. litt. Fr., t. 5, 1898, p. 306);
2. 1538 « fin, terme » (
Marot, II, 202 dans
Littré);
3. a) 1552 « point que l'on vise » (
Rabelais,
Quart Livre, A mon Seigneur Odet, éd. Marty-Laveaux, II, 249); 1666 fig.
toucher au but « résoudre une difficulté » (
Molière,
Médecin malgré lui, II, 6 dans
Littré); 1660 loc.
de but en blanc (
Molière,
Précieuses ridicules, sc. 4 dans Ch.-L.
Livet,
Lex. de la lang. de Molière, Paris, t. 1, 1895, p. 306), voir aussi
blanc;
b) 1668 p. ext. « terme où l'on s'efforce de parvenir (p. ex. dans une course) » (
La Fontaine,
Fables, VI, 10 dans
Rob.);
4. 1552 fig. « point que l'on se propose d'atteindre » (
Rabelais,
Tiers Livre, loc. cit., 159); 1580 (
Montaigne, I, 31 dans
Littré : l'ame qui n'a point de
but estably).
Terme indirectement attesté fin
xiie-début
xiiies. par ses dér. : a. fr.
a rebutons « à tort » (
ca 1180,
G. de St Pair,
Mont Saint-Michel dans
Gdf.),
bute* (1225), peut-être empr. à l'a. nord.
butr « bûche, billot de bois »,
De Vries Anord., s.v. butr;
Falk-Torp,
s.v. but, v. aussi
bouter (
FEW t. 15, 2, p. 34;
Bl.-W.5) une telle pièce de bois ayant prob. à l'orig. servi de cible pour le tir à l'arc. À l'appui de l'orig. nord., l'implantation de
but et de ses dér. dans le domaine norm. (
FEW, loc. cit., p. 34 et
sqq.). Nombreuses contaminations entre les dér. de
but et ceux de
bouter-bout, v.
abuter-but(t)er, boutoir-butoir, butant-boutant. L'étymon a. b. frq. *
but « souche, billot » corresp. à l'a. nord.
butr (
Dauzat 1968) ne peut convenir du point de vue phonét. L'hyp. de
EWFS2qui, estimant, à tort, la forme
abuitier, abuter (
ca 1220,
Péan Gatineau,
St Martin dans T.-L.) primitive, suppose le croisement d'une racine
buit- (frq. *
biutan, à rattacher à l'a. nord.
ýta « tendre qqc. de manière à ce que l'autre puisse saisir »,
byta « échanger ») et d'une racine
bout- (bout*
) n'est pas convaincante.