BURNOUS, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− 1478
albernoux (
Les Comptes du roi René, éd. G. Arnaud d'Agnel, t. 2, p. 379); 1507,
albrenousse (
Archives du Nord, B 3496, n
o123697 : une
albrenousse d'Espaigne); 1556
bernucium (
Richard Le Blanc,
Les livres de Hierosme Cardanus, intitulés de la Subtilité et subtiles inventions, 17, p. 413 dans
Gay,
s.v. berne); 1556
barnusse (
J. Léon Africain,
Description de l'Afrique, trad. de J. Temporal d'apr. Arveiller dans
Fr. mod., t. 17, pp. 130-131).
B.− 1. 1617
albornoz (
P. Davity,
Les Estats, empires et principautez du monde ... par le Sr D.T.V.Y., 1345 d'apr. Arveiller dans
Z. rom. Philol., t. 86, p. 357 : leurs manteaux à la Moresque, qu'ils nomment
Albornoz), repris sous cette forme par
Rich. 1706-59 et
Trév. 1721-71 (d'apr.
FEW t. 19, p. 27a,
s.v. barnūs) − 1826
alburnos (
Chateaubriand,
Aventures du dernier Abencérage, éd. P. Hazard et M.-J. Durry, p. 7);
2. 1686
bornoz (
Description de l'Afrique traduite du Flamand d'O. Dapper d'apr. Arveiller dans
Z. rom. Philol., t. 86, pp. 358-359), forme isolée, prob. à la source des formes
bornose et
bornoze condamnées par
Rich. 1706-59 et
Trév. 1721-71,
s.v. albornoz (cf. FEW, loc. cit.);
3. 1735
bournous (
Mém. du chevalier d'Arvieux..., t. 5, p. 281 dans
Dozy Vêt., p. 75,
s.v. barnūs), forme isolée, reprise par
Mérimée en 1830 (
Le Vase étrusque, Mosaïque, éd. Levaillant, p. 158 dans
Quem.); 1839
burnous (
Barbey d'Aurevilly,
2eMemorandum, p. 367).
Mot empr. plusieurs fois à l'ar.
barnūs (
cf. A),
burnūs/burnus (
cf. B) « bonnet long, sorte de capuchon; manteau muni d'un capuchon » par des voies différentes, avec ou sans déglutination de l'art. ar.
al-. L'ar.
burnus « bonnet long, sorte de capuchon », attesté dès le
xes. (d'apr.
Lammens, pp. 58-59) est lui-même empr. au gr. β
ι
́
ρ
ρ
ο
ς (v.
béret et
barrette2) par l'intermédiaire du syriaque. Av. son apparition en fr. le mot ar. avait été empr. dans les lang. rom. du sud sous diverses formes : esp.
albornoz (
ca 1350,
Cor.), cat.
albernuç (1366,
Alc.-Moll), ital.
brenuzio milieu du
xves.,
Batt.). La plus anc. forme fr.,
albernoux, de par sa forme et la présence de l'art. ar., semble supposer un intermédiaire ibér. (
cf. L. Deroy,
L'Empr. ling., Paris, Les Belles Lettres, 1956, pp. 57-58 et 213-214). Les formes non agglutinées de 1556,
bernucium et
barnusse, sont issues de trad. fr. d'aut. ital. B 1
albornoz est vraisemblablement un empr. à l'esp. La forme
alburnos est issue de l'adaptation fr. d'un récit esp. de la fin du
xvies. (v.
Chateaubriand,
op. cit., p. 72). B 2
bornoz est parvenu par la transcr. néerl. de l'ar. Les formes mod. (B 3) résultent d'empr. dir. à l'ar. : voyages, campagne d'Égypte sous Napoléon, mais le mot ne s'est vraiment implanté en France qu'à partir de 1830 (Conquête de l'Algérie).