BRILLER2, verbe intrans.
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− a) 1559 fig. « être agité d'impatience » (
Amyot,
César, 42 dans
Hug. : Sur tous autres
brilloient d'ardeur de combattre les jeunes gentilzhommes et chevaliers Romains); 1688, 1
renov. « courir de-ci de-là » (Sév. dans
Dub.-Lag.); qualifié de ,,vieilli`` par
DG;
b) spéc. 1583 vén. « bien quêter (en parlant du chien) » (Cl.
Gauchet,
le Plaisir des Champs, l'Automne, Chasse du Sanglier, p. 234 dans
Hug.); qualifié de ,,vieilli`` par
DG. B.− 1564 « jeter des éclats » (
J. Thierry,
Dict. fr.-lat., Paris); emplois fig. 1608 (
Régn.,
Sat., IX, 41 : une œuvre
brille et d'art et de science); 1644 « se manifester avec éclat » (
Corn.,
Pomp., III, 4); 1651 « se distinguer, se faire remarquer par une qualité particulière » (
Id.,
Nicom., II, 3); 1671 emploi abs. (
Bouh.,
Entret. d'Ariste et d'Eugène, II dans
Littré :
briller dans la conversation); av. 1709 « réussir, exceller » (
Regnard,
Folies amour., I, 6,
ibid.).
Empr. à l'ital.
brillare, attesté dans
Batt., au sens A « s'agiter » dep. 2
emoitié du
xves. (Lorenzo De'Medici), au sens B dep. 1
remoitié du
xvies. (Aretino). L'ital. est d'orig. obsc.; l'hyp. la plus probable est celle qui, rapprochant l'ital.
brillare « s'agiter » de l'ital.
prillare « tourner en rond, pirouetter » et des dér. de ce dernier type signifiant « toupie » (
REW3, n
o6522b;
Cor.,
s.v. brillar;
cf. FEW t. 8, p. 569) attribue à ces verbes une orig. onomatopéique, les faisant remonter à un rad. *
pir(l)- signifiant « s'agiter, tourner »; dans cette hyp. le sens de « briller » s'expliquerait par le scintillement tremblant des étoiles,
cf. cast.
rielar « briller d'une lumière tremblante », issu de
rehilar « trembler, se mouvoir rapidement en tremblant » (
Cor.,
s.v. brillar et
rehilar). L'hyp. selon laquelle A et B remonteraient à
beryllus (
Devoto;
Wind, p. 64;
FEW t. 1, p 339;
Bl.-W.5), le sens B étant alors premier (A étant en ce cas issu de la notion de tremblement du scintillement des étoiles), semble moins satisfaisante vu la chronologie des sens ital. et l'existence du type ital.
prillare, pirlo. Enfin le lien entre les sens A et B semble assez évident pour rendre inutile le recours à une double étymol., où le sens A serait d'orig. onomatopéique, le sens B remonterait au lat.
beryllus, v.
béryl (DEI).