BOUGRE, ESSE, subst. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1172 bogre « hérétique » ( Cart. de S. Loup, f o27 r o, Lalore dans Gdf. Compl.), forme attestée jusqu'à Chron. St Denis, H. de Fr., XVII, p. 401, ibid.; début xiiies. bougre ( R. de Houdenc, Songe d'enfer, ap. Bartsch, Lang. et litt. fr., 245, 20, ibid.) − 1534 ( Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, chap. 20, p. 75), à nouv. répertorié dep. Ac. Compl. 1842 qui considère le mot comme ancien; b) ca 1260 bogresse « personne qui se livre à la débauche contre nature » ( De Jostice et de plet, I, 3, § 7 dans Gdf. Compl.), graphie isolée; ca 1450 bougre ( Myst. viel testament, éd. du Baron James de Rothschild XVI, 9080, t. 1, p. 367 dans IGLF Litt.); puis 1606 ( Nicot), rare, considéré comme ancien dep. Ac. Compl. 1842; p. ext. 2. 1579 fam. et péj. « individu » ( P. de Larivey, Laquais, III, 6 dans Anc. Théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t. 5, p. 67 dans IGLF Litt.); début xviiies. apposition précédant le mot qu'elle complète bougre de ( J. de Domfront, p. 4 dans IGLF Techn.).
Du b. lat. bulgarus « bulgare » ( vies. Cassiodore, Var., 8, 10, 4 dans TLL s.v., 2240, 37; cf. 1201 Monachus Altisiod. [Auxerre] dans Du Cange t. 1, p. 772b : Evraudus Miles, haeresis illius, quam Bulgarorum vocant, coram Legato arguitur), les Bulgares étant considérés comme hérétiques notamment en tant que population d'où au xes. sont issus les célèbres Bogomiles de tendance dualiste, adversaires de la hiérarchie ecclésiastique, niant plusieurs sacrements, dont le mariage, très répandus et souvent persécutés pendant tout le Moyen Âge dans les Balkans et dans l'Empire byzantin.
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