BORGNE1, adj. et subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1165-70 « qui louche [des 2 yeux] » (
B. de Ste Maure,
Troie, 5331 dans T.-L.);
ca 1180 « qui ne voit que d'un œil » (
M. de France,
Fables, 47, 16,
ibid.); 1579 (
H. Est.,
Précell., 180 dans
Littré);
2. 1573 « sombre » (
Larivey,
Nuicts, VIII,
iii dans
Gdf. Compl.); d'où 1680
cabaret borgne (
Rich.).
Orig. obsc.; peut-être issu, à travers un dér. *
bornius « à qui l'on a crevé les yeux » d'un type prélatin *
borna « trou, cavité » se rattachant au rad. i.-e. *
bher- « façonner avec un instrument tranchant, couper, fendre » dont sont aussi dér. le lat.
forare « percer », l'a. isl.
bora « trou » et le lituanien
burnà « bouche »,
IEW t. 1, p. 133; la notion de cécité (« aveugle » étant d'apr. W. v. Wartburg dans
R. Dialectologie rom., t. 3, n
os1-2, 1911, pp. 416-419 le sens primitif de
borgne) serait dér. de celle de « cavité ». À *
borna se rattachent d'apr.
P. Lebel,
Principes d'hydronymie, Paris, 1956, § 565 et
A. Dauzat,
Études de ling. fr., Paris, 1946, pp. 222-225, les nombreux hydronymes du type [
La]
Borne dont l'aire s'étend du Massif Central au bassin moyen du Rhône.