BOIS, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − A.− Ca 1100
bois « lieu planté d'arbres » (
Roland, éd. Bédier, 3293); forme
bos ca 1160 (
Eneas, 2164 dans T.-L.) −
xves. (
Baudet Herenc,
Règles de seconde Rhétorique, p. 157 dans
IGLF Litt.); forme
bosc ca 1180 (
Alexandre, f
o42
adans
Gdf. Compl.) −
xives.,
ibid.; reprise en 1950 par
J. de La Varende,
La Normandie en fleurs, p. 230.
B.− « matière ligneuse de l'arbre »
1. 1165-70 « bois coupé non travaillé » (
Roman de Troie, 13029 dans T.-L.);
xiiies.
mort bosc (
Jurés de S. Ouen, f
o16 r
o, A. S.-Inf. dans
Gdf. Compl.); 1580
ne savoir de quel bois on se chauffe (
G. Bouchet,
Serees, V, 45,
ibid.);
2. « matière propre à être travaillée »
a) 1243
en bosc (Ph.
Mousket,
Chron., 10986 dans T.-L.);
xives.
de bois (
De Laborde,
Émaux, p. 166 dans
Littré); 1599
visage de bois (Ph.
de Marnix,
Differ. de la Relig., I,
iv, 20 dans
Hug.);
b) 1426
bos de lit (
Coutumes Lille, p. 157, 6 dans T.-L.); 1866 gravure et typographie
(Lar. 19e); 1922 mus.
(Lar. univ.); 1929 football « poteau de but » d'apr.
Esn.; 1934,
supra;
3. ca 1375 « cornes de cerf » (
Modus et Ratio, éd. G. Tilander, t. 1, p. 18); 1660 en parlant des maris trompés (
Molière,
Sganarelle, éd. du Seuil, Paris, 1962, sc. 17, 420, p. 118a).
Mot d'orig. germ. (Braune dans
Z. rom. Philol., t. 36, p. 713), prob. issu de l'a.b.frq. *
bŏsk- « buisson », que l'on peut déduire de l'a.h.all., a. sax.
busc, attesté en topon. dès 937 (Rohlfs dans
Festschrift W. v. Wartburg, t. 2, 1968, p. 204), ainsi que dans le composé
brâmalbusc « ronce »,
xe-
xies. (
S. Petrier Bibel- und Mischglossen, Glossenhss. der Landesbibliothek Karlsruhe dans
Karg-Frings,
s.v. brâmalbusc) et fréquemment sous la forme
busc dans les gloses des
xiieet
xiiies. (
ibid., s.v. busc); de même m.b.all.
busch, busk, m.néerl.
busch, bosch, m.angl.
busch, busk (
Kluge20,
s.v. Busch); l'ancienneté du mot dans les lang. germ. (examen détaillé par Hubschmid dans
Vox rom., t. 29, 1970, pp. 92-99) exclut l'hyp. d'un empr. du germ. au rom.
(EWFS2). Le mot est attesté pour la première fois sous la forme du lat. médiév.
boscus en 704 dans un diplôme de Childéric III (
Hubschmid, p. 85) et devient fréq. dep. la 1
remoitié du
ixes. au sens de « terrain boisé » spéc. dans l'ouest et le sud du domaine gallo-rom. (
Id., p. 86 et
Nierm.). Le mot gallo-roman a pénétré en Catalogne (dès 878,
Hubschmid, p. 87; v. aussi
GMLC; d'où l'esp.
bosque, 1493-5 dans
Cor.) et en Italie du Nord (895, P. Aebischer dans
Z. rom. Philol., t. 59, 1939, pp. 424-430). Cette filiation des lang. rom. est en faveur d'une orig. frq. plutôt que germ., comme l'indique
FEW t. 15, 1, p. 192. D'autre part, étant donné que les formes d'a. fr. (v. l'examen des mots rimant avec
bos, fait par
Hubschmid, p. 88) de même que celles de la Suisse romande (
Pat. Suisse rom.), reposent sur une base en
ŏ̖
(développement comparable à celui de
ŏssu, tŏstu, cŏsta) la forme frq. *
bŭsk- proposée par
REW3, n
o1419 semble à écarter. L'a.fr.
bos, bosc repose sur
bŏscu; pour expliquer l'a.fr.
bois, il semble nécessaire d'avoir recours au nomin. plur.
bŏsci (
FEW, loc. cit., p. 208a;
Bl.-W.5) car partant de
bŏscus, du
ŏ̖
combiné avec le yod issu du [k], aurait résulté *
büis et non
bois (v. cependant
H. Rheinfelder,
Altfranzösische Grammatik, München, t. 1, 1968, p. 229);
bois ne pourrait résulter que de la combinaison de yod avec
ŭ
(
Rohlfs,
Vom Vulgärlatein zum Altfranzösischen2, 1963, p. 153 et dans
Festschrift W. v. Wartburg, loc. cit.). Un étymon gaul. *
boskos (EWFS2) est provisoirement à écarter, le mot ne semblant pas attesté dans le celt. insulaire (
FEW, loc. cit., p. 208a;
Cor.).