BIZARRE, adj.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Subst. av. 1544
bigearre « extravagance, singularité » (
B. Des Périers,
Œuvres, Nouv. récr., 55 dans
Hug. : une terrible
bigearre);
2. adj. av. 1544
bigarre « extravagant, singulier » (
Id.,
Ibid., 33,
ibid. : opinions
bigarres); 1555
bizerre (
J. A. de Baïf,
Euvres en rimes, l'Amour de Francine, L. II, I, 156,
ibid.); 1572
bizarre (
E. Tabourot Des Accords,
Les Bigarrures, I, 22,
ibid. : Epitaphes
bizarres, ou
bizerres, en langage courtisan).
Empr. à l'ital.
bizzarro « coléreux » (dep. 1300-1313, Dante dans
Batt.), puis « extravagant » (début
xvies., Berni,
ibid.), d'orig. discutée; il ne peut être empr. à l'esp.
bizarro (
FEW t. 1,
s.v. bizar, Dauzat 1968,
REW3, n
o1141,
Tracc., p. 114,
Zacc., pp. 53-54), attesté beaucoup plus tard (dep. 1526 d'apr.
Al.), qui lui est au contraire empr., et qui est à l'orig. du sens « brave » attesté dans le fr. du
xvies. (v.
Hug.). La forme
bigarre, 2
eattest.
supra, est due à un croisement avec
bigarré (bigarrer*
) croisement qui eut lieu également sur le plan sém. (
cf. bigearre « diversement coloré » chez O. de Serres et
bigarré « singulier » chez Brantôme cités par L. Sainéan dans
R. Ét. rab., t. 10, pp. 264-271). V. aussi L. Spitzer dans
Z. fr. Spr. Lit., t. 44, p. 218,
Wind, p. 61 et F. Schalk dans
Mél. Wartburg, 1958, pp. 655-679.