BIGORNE1, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − I.− 1386
bigorgne « bâton ferré par un bout » (A.N. JJ 129, pièce 186 [
Du Cange,
s.v. Biscorna] dans
Gdf. Compl.); 1389 « sorte d'enclume dont chaque extrémité est en pointe » (Arch. admin. de Reims, III, 742,
ibid.); 1808 (
Boiste :
Bigorne... banc de corroyeur); 1831 mar. (
Will. :
Bigorne. Espèce de coin de fer dont se servent les calfats pour couper les clous qui se trouvent dans les joints).
II.− 1. 1901 (
Bruant, p. 363 : Police.
Bigorne);
2. 1901 (
Id., p. 265 : Infanterie [...]
Bigorne [...]).
III.− 1917 [1916?] « bataille » (cité par G. Esnault 1936 dans
IGLF Techn. : Au 109
eInf. aller à la
bigorne se dit dès 1917 [sinon 1916?]; c'est, pour parler d'une attaque, aller se faire amocher, ou
bigorner); d'où 1942 « bagarre »,
supra B 2.
I empr. au lat.
bicornis « qui a deux cornes », début I
ers. (
Ovide,
Met., 15, 304 dans
TLL s.v., 1972, 19) prob. par l'intermédiaire de l'a. prov.
bigorna, 1403, au sens d'« enclume » dans
Pansier, p. 24;
cf. prov. mod.
bigorno (
Mistral). II dér. régr. de
bigorneau* étymol. I 1 et 2 ou emploi iron. du dialectal
bigorgne « animal à deux cornes ». III emploi méton. de I (au sens d'« enclume ») avec la valeur de « lieu où l'on frappe » ou bien déverbal de
bigorner* étymol. 2.