BARON1, ONNE, subst.
Étymol. ET HIST.
Baron I. − Ca 1100
ber cas suj. « homme brave, valeureux » (
Roland, éd. Bédier, 430 : Iço vus mandet Carlemagnes li
ber), seulement en a.fr.; désigne les saints,
baron cas régime (
Ibid., 3685 : Desur l'alter seint Sevrin le
baron Met l'oliphan plein d'or e de manguns); fin
xiies. désigne l'époux (
Flore et Blanche flor, 2
evers. 792, du Méril dans
Gdf. : Sa feme et s'espose et s'amie D'une des costes del
baron Faistes a vostre faiçon), sens conservé en pic. (
Cotgr.), noté également de
Fur. 1690 à
Trév. 1771, encore dans Montesquieu (
Littré).
II.− a) xes. « grand seigneur du royaume » (
St Léger, v. 49-54 dans
K.-J. Hollyman,
Le Développement du vocab. féod. en France pendant le Haut Moy. Âge, Paris, Minard 1957, p. 127 : Quandius visquet ciel reis Lothiers, Bien honorez fud sancz Lethgiers. Il se fud morz, damz i fu granz. Cio controverent
baron franc Por cio que fud de bona fiet, De Chilperig fessissent rei);
ca 1100
barun « vassal issu de la haute noblesse » (
Roland, 275 : Car m'eslisez un
barun de ma marche) −
xvies. dans
Hug., devenu ensuite terme hist.;
b) xiies. dr. féod. « celui qui possède une baronnie et est au-dessous du comte » (
Lois de Guillaume, § 16 dans
Hollyman,
loc. cit. : Li arcevesque averad de forfeiture XL sol. en Merchenelake, e li eveske XX sol. e li queons XX sol. et li
barun X sol. e li socheman XL den.); 1454-1458
baron «
id. » (
Chastellain,
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, 1864, t. 3, p. 71 : Sy y vinrent au jour ordonné les prélas du pays, samblablement les
barons et nobles d'Hollande et Seelande, avecques les bonnes villes en députation notable); 1901 arg. (
A. Bruant,
Dict. fr.-arg., p. 8 : acolyte...
Baron).
Baronne I. − Ca 1300
barone « femme, épouse » (
Macé de la
Charité,
Bible, Richel., 401, f
o2
edans
Gdf. : Quant Adam de dormir leva Et celle joste lui trova, Ceu est, fist il, bien dire l'os, Os qui est formez de mes os Et char de ma char reformee, Icete est
barone nomee, Enssit pour voyr la nomeron, Quar el est prise de baron), attest isolée.
II.− 1611
barone « femme de baron, femme possédant une baronnie » (
Cotgr.).
Baron I empr. au germ. *
baro « homme libre », à rattacher à l'a. nord.
berja « frapper, tuer », remontant à la racine i.-e. *
bher- « couper, fendre » (
De Vries Anord.;
IEW, p. 134). Ce mot, introduit dans la Romania par les mercenaires germaniques, est attesté par Isidore (
Orig., 9, 4, 31 dans
TLL s.v., 1756, 5 : iidem [mercennarii] et barones); il est déjà attesté au sens de « vir » opposé à
mulier dans la
Loi Salique (508-511,
Lex Sal., tit. 37 § 1 sq dans
Nierm. : Si quis baronem ingenuum de via sua ostaverit ... Si quis mulierem ingenuam de via sua ostaverit). II empr. au
ves., lors de l'invasion de la Gaule du nord, à l'a.b.frq.
(sace) baro (
sace-, peut-être à rattacher à l'a.nord.
saka « accuser, lutter », d'où
sace- « litige, procès », les
sacebarones étant surtout chargés de la perception des amendes judiciaires, v.
De Vries Anord.) attesté dans la Loi Salique au sens de « fonctionnaire subordonné au comte » (
Lex Salica, éd. H.O.W. Geffcken, p. 31ds
Hollyman,
op. cit., p. 123);
(sace) baro devenu
baro désigna ensuite les nobles du royaume (
Capit., anno 856, II, p. 424, 1. 29 dans
Nierm. : Cum illustribus viris et sapientibus baronibus [post nomina episcoporum, abbatum, ducum, marchionum, comitum]), les vassaux issus de la noblesse (1038,
Miraeus,
Opera, I, p. 659,
ibid. : Coram baronibus meis [id est : comitis Flandriae]). Le fr.
baron, titre de noblesse, supplanta peu à peu dans la France féodale, le sens I et passa dans les autres lang. romanes (
REW3, n
o962).
Baronne, fém. de
baron.