BANNIR2, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 dr. féod. part. passé adjectivé
(ost) banie « (armée) convoquée par ban, rassemblée » (
Roland, éd. Bédier, 211 : En Sarraguce menez vostre
ost banie) − 1418, janv. (
Hansotte,
Réglements et privilèges des XXXII métiers de la cité de Liège, fasc. 1, Les fèvres, Liège, 1950, 19 [2], p. 39);
2. ca 1155 dr. anc. « annoncer, proclamer à son de trompe, à cri public » (
Wace,
Brut, éd. Arnold, 11165 dans
Keller, p. 83b : A chescun rova e
bani Que al terme qu'il establi Venist chescun od sun navie) −
xives. (
Coust. de Bret. dans
Gdf.), maintenu en dial. (norm., Jersey) au sens de « crier aux enchères » (
Nouv. Chron. de Jersey, 10 sept. 1879,
Annonces dans
Moisy : Le comité des chemins de la paroisse de Sainte-Marie
bannira au rabais la construction d'un mur) et de « publier les bans de mariage » (
P. Féval,
Veillées de la famille, s. Dion.,
ibid.);
3. 1204 « chasser, exclure » (
Reclus de Molliens,
Charité, CCXXIV, 1 dans
Gdf. Compl. : Fame soule est trop desgarnie; Se hom i vient, ele est honie, Et li hom est ausi honis; Il
ont mout tost honte
banie); 1209 dr. anc. « condamner qqn à sortir d'un lieu, avec défense d'y rentrer, exiler » (
Id.,
Miserere, CLXXIII, 8,
ibid. : Sovent amainent tel maisnie A sen huis li chinc serf forain, Mais por nient; tost
est fors
banie). De l'a. b. frq. *
bannjan « proclamer, convoquer (des troupes) », à rattacher à l'a. b. frq. *
ban (ban*
), FEW t. 15, 1, p. 66. *
Bannjan est attesté en lat. médiév. sous la forme
bannire; ce lat. médiév. a subi l'infl. sém. du lat. médiév. *
bannus (ban*
). Bannire est attesté au sens 1,
viies. (
Lex Ribuar., tit. 65, § 1 dans
Nierm.), au sens 2, 596 (
Decretum Childeberti, anno 596, c. 8,
Capit. I, p. 17,
ibid.), au sens 3, 1186 (
Diplomata Frider. I,
anno 1186,
Const. I, n
o304,
ibid.). Le recours à l'hyp. d'un croisement dans le lat. médiév.
bannire, du frq. *
bandjan « faire signe » (got.
bandwa, fr.
bande* « troupe ») et *
bannjan « bannir »
(ban*
), Gam. Rom.2, t. 1, p. 264,
EWFS2, ne semble nécessaire ni du point de vue sém., ni du point de vue phonét. Il en va de même de l'étymon got.
bandwjan « donner le signal » influencé dès le germ. par la famille de
ban* (
Bl.-W.5,
Dauzat 1968). En réalité 2 lignées différentes sont à distinguer : celle de l'a. b. frq. *
bannjan, d'où fr.
bannir; celle du got. et burgonde
bandwjan « faire signe » (got.
bandwo et
bandwa, v.
bande « troupe »), d'où l'a. prov.
bandir « proclamer » (
xiies., G. Adhemar dans
Rayn.) et « exiler » (1313
Cout. de Condom., ibid.), le fr.-prov. : Pays de Vaud
bandi « expulser » (1538), Valais « proclamer », « expulser » (
Pat. Suisse rom., t. 2, p. 228b), l'ital.
bandire « exiler » (
xiiies.), « proclamer par ban » (
xives. dans
DEI), le cat.
bandir « citer à comparaître en justice » (
xiiies.) et « expulser, bannir » (1461 dans
Alc.-Moll., II); dans ces verbes rom., le sens « expulser, bannir » est dû à l'infl. de
bannir.