AUBE3, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100
alve « chacune des deux planchettes qui relient les arçons d'une selle » (
Roland, éd. Bédier, 3881 : Les
alves turnent, les seles cheent a tere); apr. 1190
auve «
id. » (
Beroul,
Tristan, éd. E. Muret, 3804 ds T.-L.) − 1611 (
Cotgr.,
aube);
2. 1283
aube « planche fixée à la circonférence d'une roue de moulin à eau » (
Ph. de Beaumanoir,
Coutumes de Beauvaisis, XXXVIII, 16 ds
Gdf. Compl. : Cil qui le tient a louage le moulin, doit livrer quevilles, fusiax,
aubes et teles cozes menues).
Prob. empr. au lat. pop.
alapa « gifle » (dep.
iers.,
Phèdre,
Fabulae Aesopiae, 5, 3, 2 ds
TLL s.v., 1479, 60-63) qui dut avoir primitivement le sens de « paume de la main », d'où le sens « palette » qu'on trouve dans les lang. romanes (Schuchardt ds
Z. rom. Philol., t. 31, pp. 721-725;
cf. à l'appui de cette évolution sém. le lat. médiév.
ixes.
alapa « couverture de livre » :
Agnellus,
Liber pontificalis ecclesiae Ravennatis, 27 ds
Mittellat. W. s.v., 422, 4, 5).
Alapa est d'orig. obsc. (
Ern.-Meillet, Walde.-Hofm.). À l'hyp. d'un déverbal de
alapare « lever la main » (
REW3s.v. alapa, EWFS2) s'oppose le fait que, tandis qu'
alapa est bien attesté,
alapare l'est seulement dans les gloses tardives (
Du Cange, t. 1, p. 158 c) et le déponent
alapari l'est une seule fois dans Plaute, très rarement en b. lat. (
TLL s.v.);
alapari (alapare) est plus vraisemblablement dér. de
alapa. L'hyp. d'une orig. étrusque (Schuchardt,
loc. cit.) n'est ratifiée ni par
Walde.-Hofm., ni par
Ern.-Meillet. Bien qu'
alapa n'explique pas la forme de l'esp.
álabe, on ne peut voir à l'orig. des mots romans le lat.
alipes « ailé », qui par une sorte de méton. aurait pris le sens d'« aile » (
Cor. t. 1,
s.v. álabe), car c'est un mot poétique très rare. Quant à l'étymon lat.
adeps « graisse » auquel remonteraient les formes romanes par l'intermédiaire du lat. vulg.
aleps, -ipis attesté dans l'
Appendix Probi (H. Sperber ds
Z. rom. Philol., t. 38, pp. 537-543), il présente des difficultés sém. insurmontables.