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ALLUCHON, ALICHON, ALOCHON, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1. a) 2emoitié xiiies. halichon « pièce de bois », prob. « petite planche » (Dit des Taboureurs ds Jongleurs et Trouvères, textes des xiiieet xives. publ. par A. Jubinal ds T.-L., s.v. aluchon : C'il truevent chiés lor pere ne halichon ne pel Et il pueent trouver le cercle d'un boissel, Entr'aus font un tabour a sarpe ou a coutel), le cont. ne permet pas de préciser le sens; b) 1676 alichon « aube de la roue d'un moulin à eau » (A. Félibien, Des Principes de l'archit., s.v. aileron : On dit les ailerons d'une rouë de moulin à eau, qui sont les planches de bois sur lesquelles l'eau tombant fait tourner la rouë. Ils s'appellent aussi alichons ou volets); 2. a) 1425 alleuchon « pièce de bois dans un moulin », prob. « dent de la roue qui s'engrène sur la lanterne » (A. N. JJ 173, pièce 310 ds Gdf. Compl. : Icelui Rebin dist qu'il venoit dudit moulin de faire des alleuchons), cité ds T.-L. au sens 1 b « aube » et ds Gdf. Compl. et Du Cange comme « dent d'une roue d'engrenage », attest. isolée; b) 1611 allochons « dents d'une roue d'engrenage » (Cotgr. : Allochons d'un rouët. The teeth, or toothing of a wheele, in a clock, etc.); 1676 alichon « id. » (A. Félibien, op. cit., s.v. herisson : chevilles de bois ou Alichons [...] remettre des Alichons, ou des dents aux Rouëts); 1690 alluchon (Fur.). Dér. du lat. ala « aile »; suff. -ichon*; aile* et aileron*. L'évolution sém. qui fait passer du sens de « palette, planchette » donc « objet plat » (cf. aube* de alapa prob. « paume de la main » puis « soufflet ») au sens de « dent » donc « objet en saillie » s'explique si l'on considère que la planchette soumise à la force de l'eau peut être disposée en saillie sur la circonférence de la roue comme une dent d'engrenage et que l'influence de aileron*, qui désigne des parties en saillie d'un ensemble plus grand, a pu jouer (cf. a. fr. aleron ou alleron « partie saillante sur une selle » et terme d'archit. ds Gay t. 1 1887, s.v.); alichon aurait alors désigné toute pièce de bois en saillie assemblée sur la roue, que ce soit dans le plan du rayon (« aube ») ou sur le côté de la roue (« dent qui s'engrène dans la lanterne »). Les formes alluchon, alleuchon, allochon semblent faire difficulté; on peut supposer qu'un l vélaire (d'ailleurs gén. donné sous la graphie ll) a pu modifier la voyelle i, la forme aleuba pour aube en lat. médiév. (ds Du Cange s.v.) et des mots comme affubler* (var. affeubler ds Gdf.) d'un lat. *affibulare confirmant cette évolution phonét.; on peut également faire le rapprochement avec des formes comme alloissier pour alisier* dont le bois servait à faire des dents d'engrenages (cf. Gay t. 1 1887, s.v. alloissier). Noter aussi l'hyp. d'une orig. partic. pour alluchon d'apr. *alapione, *alipione formes dér. du lat. alapa (H. Schuchardt ds Z. rom. Philol., t. 31, pp. 721-725, EWFS2). Le rattachement de alluchon à l'a. fr. allochier « ébranler » (Gamillscheg, ibid., t. 43, p. 521, hyp. non reprise par EWFS2) fait difficulté du point de vue sém. Le rattachement de allochon, alluchon à loquet (DG) n'est satisfaisant ni sémantiquement, ni phonétiquement.