AFFECTER3, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. 1327 « prendre une manière d'agir, seulement en apparence, feindre » (
J. de Vignay,
Mir. hist., 20, 85, éd. 1531 ds
Quem. t. 1 1959 : Lesquelles [vertus] s'aucun veult assemblement
affecter, il n'en peult nulle entierement consuyvre);
2. a) 1393 « rechercher, désirer » (
Le Menagier de Paris, éd. La Société des Bibliophiles françois, I, 225 ds T.-L. : Il est signe de gentil cuer, quant il
affecte et desire bon nom et bonne fame);
b) 1470 « avoir une prédilection pour » (
Le Livre de la discipline d'amour divine, f 69 b, éd. 1537 ds
Vaganay,
R. Ét. Rab., IX, 299 : Elle
est... aux biens temporelz trop
affectee); d'où « (d'un inanimé) avoir disposition à » (
B. de St Pierre,
Ét. de la nat., 1 ds
DG : Des arbres dans les climats de l'Inde
affectent le port des herbes;
3. xves. « toucher par une impression physique ou morale » (
Chastellain,
Chronique, I, 64 ds
Quem. : Pour plus les
affecter en son fait, se bailla spectacle a leurs yeux, et leur fit remonstrer la douloureuse et confuse mort de leur feu noble seigneur et prince son père), d'où p. anal.,
Ac. 1694 : On dit en termes de Medecine, La partie
affectée, pour dire, La partie attaquée de quelque mal;
4. 1551 « imputer, réserver » (
Lettres d'A. de Bourbon, p. 32, SHF ds
Fr. mod., IV, p. 335 : De l'argent qui viendra de l'antree des dites terres... Je vous prie les mestre en vos coffres, car je les
ay affectés pour mon parcq).
Empr. au lat.
affectare « chercher à atteindre (qqc.) » attesté dep.
Plaute,
Aul., 575 ds
TLL, 1181, 8, d'où 2; 1 dep.
Sénèque,
Suas., 3, 4,
ibid., 1184, 6; 3 par influence de
affection*, ou du lat.
affectus « sentiment »; 4 peut-être réfection d'apr. le lat.
affectare, de l'a. fr.
affaitier « préparer, dresser, disposer », voir
affaiter*, mais plus prob. empr. au lat. médiev.
affectare « assigner » (1156,
Constitutiones imperatorum, I, 159, 5 ds
Mittellat. W. s.v., 350, 8 et ds
Nierm. t. 1 1954-58 : libertatem habeant... ducatum affectandi cuicumque voluerint).