ADRESSE3, subst. fém.
Étymol. ET HIST.
I.− 1177-1179 « chemin de traverse [chemin droit] » (
Chrét. de Troyes,
Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 1501 : Une forest aprés le plaing truevent et vont par une
adresce) [
cf. fin
xiies. : nule sente ne quierent ne nule
adrece (nulla viae compendia captet), St Bernard, éd. Förster, 157, 33 ds T.-L.]. −
Cotgr. 1611, d'où :
1. ca 1280 « bon chemin » emploi fig. (
Escanor, éd. Michelant 3244 ds T.-L. : Il en fust si bien en l'
adrece C'aillours aler n'en covenist) et p. ext. : 1370-71 « conseil, renseignement, information » (
Froissart,
Chron., I, 227, ms. Amiens, fol. 3 ds
Gdf. : En yaux vous trouveres toutte
adrece de bon conseil); 1630, fondation par Théophraste Renaudot du
Bureau d'adresse et de rencontre qui publie en 1633 la
Feuille... du Bureau d'adresse (d'apr.
Hatin,
Bibl. hist. de la presse périodique fr., 1866, pp. 17-18);
2. 2
emoitié
xves. « action de s'adresser à, d'avoir recours à qqn » (
Olivier de La Marche,
Mém., I, 460 ds
Lacurne : le Seigneur de Crouy et les siens faisoient plus grande
adrèce à Monsieur le Dauphin qu'il ne sembloit bon) empr. par l'angl.
adress, voir
infra II, et spécialisé comme terme de chancellerie 1690 « action d'adresser un acte diplomatique à un destinataire » (
Fur. s.v. : l'
adresse des Édits et des Déclarations est toujours aux Cours Souveraines), sens qualifié de
vieilli par
DG; 3. 1559 « habileté » [= art d'aller droit au but] (
Amyot,
Fab., 15 ds
Littré : Quand ce vint à combattre à coups d'espée, où il n'est moins besoing d'
adresse et d'art que de force);
4. 1690 « indications sur le lieu où se trouve un destinataire » (
Fur. :
Adresse, se dit aussi de la suscription des lettres ordinaires, qui marque le lieu, ou la personne, où on les veut faire tenir. Il a fait tenir ce paquet à son adresse).
II.− 1. 1656 pol. « requête, vœu présenté au roi d'Angleterre (en réf. au cont. pol. angl.) » (
Du Gard,
Nouv. ord. de Londres, 1196 ds
Mack. t. 1 1939, p. 75); 1687 «
id. » (
Miège ds Barbier ds
Modern Language Notes, XVI, 139 : On appelle aussi
addresse [en terme anglois] les requêtes par écrit que le parlement lorsqu'il est assemblé présente de tems en tems au roi et en general toutes ces soumissions formelles qu'une société fait au roi par des deputez en des occasions extraordinaires. Du tems des derniers parlemens, on appeloit
addresses les instructions que les électeurs donnoient par ecrit aux membres qu'ils avoient eleus);
2. 1789 pol. « déclaration, généralement exprimée par écrit, présentée au roi (cont. révolutionnaire) » (
Mirabeau,
Discours et opinions, 1, p. 170, 10 mai ds
Mack. t. 1 1939, p. 113 et
M. Frey,
Les Transformations du vocab. fr. à l'époque de la Révolution, 1925, p. 65 : Je demande qu'il soit fait à S. M. une très humble
adresse pour lui exprimer l'attachement inviolable de ses fidèles); 1789 « pétition présentée au roi ou à un corps constitué (même cont.) » (
Duvergier,
Lois..., t. 1
er, 2
eéd., p. 67 : Les citoyens actifs ont le droit de se réunir... pour rédiger des
adresses et pétitions, soit au corps municipal, soit aux administrations de département et de district, soit au corps législatif, soit au Roi...).
I déverbal de
adresser*; 3 a été, par étymol. seconde, rapproché de
adroit* « habile ». II empr. à l'angl.
address, attesté comme terme pol. au sens de « a discourse specially directed to anyone, a formal speech of congratulation, respect, thanks, petition... » (dans le cont. de la vie parlementaire angl.) seulement dep. 1751 (
Chambers,
Cyclopaedia ds
NED : a discourse presented to the King in the name of a considerable body of his people); constitue une spécial. du sens « the act of addressing or betaking oneself to anyone » dep. 1611 (
Cotgr. :
acheminement, an addresse, introduction, entrie, ingression) empr. au fr.
adresse « action d'avoir recours à qqn » dep.
xves. (voir
supra). 1 en référence au cont. pol. angl., 2 transposition au cont. pol. fr. −
Brunot t. 9, p. 783;
Nyrop, p. 340;
Boulan 1934, p. 98;
Bonn. 1920, p. 1.