ACTION2, subst. fém.
Étymol. ET HIST.
I.− A.− Mil.
xiies. relig.
acciun de grace « remerciement, témoignage de reconnaissance adressé à Dieu », trad. (
Psautier de Cambridge, éd. Michel, p. 174 : Purpernums le vult de lui en
acciun de graces, en chançuns, chantums a lui [Praeoccupemus vultum ejus in
gratiarum actione, in canticis jubilemus ei]).
B.− 1. 1223 (d'une pers.) « fait d'agir de telle ou telle manière » (
Gautier de Coincy,
Mir. de la Ste Vierge, 379, 190, éd. Poquet ds T.-L. : Vostre vie, vostre
actions Est moult mauvese et moult amere);
2. fin
xiiie-début
xives. « fait de commettre tel acte » (
Macé,
Bible, B. N. 401, f
o140
bds
Gdf. Compl. : Fors par l'
aucion De sole fornicacion);
3. xives. « manière de procéder » (
Froissart,
Poésies, I, 269, 1694,
ibid. : Ains sera d'autre mixtion Et fete par tele
action Que ...).
II.− 1260 dr. « poursuite judiciaire » (
Livre de Jost. et de Plet, III,
iii, § 8,
ibid. : Se aucun a
aucion contre moi de mes aferes qu'il a fez); 1283 «
id. » (
Ph. de Beaumanoir,
Coutumes de Beauvoisis, 4, 22, éd. Beugnot ds T.-L.
s.v. : c'est bien resons que li sires ait
action contre son procureur en tel cas).
III.− 1669 fin. « titre cessible et négociable représentant une fraction du capital » (
Colbert,
Édit juin 1669 ds Pierre
Clement,
Lettres, instructions et mémoires de Colbert, Paris, 1883, t. II, 2
epartie, p. 802 : Les intéressés de ladite compagnie pourront vendre, céder et transporter toutes les
actions qu'ils auront en icelle, à qui et ainsy que bon leur semblera).
I empr. au lat.
actio dep.
Rhet. Her., 4, 53, 66 ds
TLL s.v., 438, 18 au sens gén. de « vis agendi »;
cf avec I B 1,
Cicéron,
Off, 1, 17,
ibid., 438, 33 : quibus action vitae continetur; de même en lat. médiév., 821,
Theodulf,
Carm. 41, 2, 45 ds
Mittellat. W. : opus, quod condidit actio nostra; I A
actio gratiarum déjà ds
Cicéron,
Epist., 12, 26, 1 ds
TLL 439, 78, emploi relig. en lat. chrét. :
Vulgate, II,
Esdra, 12, 27,
ibid., 440, 10 : facerent dedicationem et laetitiam in actione gratiarum; B 2 dep.
Cicéron,
Fin. 3, 44,
ibid., 439, 1 : quae et honesta actio sit et sine dolore. II empr. au lat. jur.
actio dep.
Rhet. Her., 1, 12, 22,
ibid., 441, 49; de même en 1120,
Honorius Augustodumensis,
Gemm., 1, 80 ds
Mittellat. W. : actio autem est causa, quae in publico conventu coram judicibus agitur. III prob. par évolution sém. à partir de II, terme de dr., dans le cont. suiv. : dans une association, un associé muni d'une
police ou
billet, constituant une preuve de son droit sur le patrimoine commun, est capable d'intenter une
action en justice sur les fonds de l'association; le terme
action a été finalement retenu de préférence à
billet ou
police (d'apr.
Romeuf t. 1 1956, 19 b).
− L'hyp. d'un empr. de sens au néerl.
Aktie, terme de fin., très vraisemblable du point de vue hist., fait difficulté sur le plan chronol., ce néerl. n'étant pas attesté comme terme de fin. av. 1733 (
Valkh. 1931, p. 42).
− L'hyp. d'une évolution sém. de
action sous l'influence de
actif* subst., fin., fait de même difficulté sur le plan chronol.,
actif subst. n'étant attesté en ce sens qu'en 1762.