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ABAISSER, verbe trans.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : a.prov. abaissar; n.prov. abeissa; ital. abbassare; esp. abajar; port., cat. abaixar. I.− Intrans. − Suj. inanimé 1120-1150 « descendre » (Li ver del Juïse, éd. von Feilitzen, 351 ds T.-L. : Li ciez abaisserat a la terre parfunt); 1155 « baisser (en parlant du ton) » terme mus. (Wace, Brut, éd. Arnold, 10 423 : Mult oïssiez orgues suner E clers chanter e orgoner, Voiz abaissier e voiz lever, Chanz avaler e chanz munter). II.− Trans. − 1. Obj. inanimé 1148 « apaiser, calmer », emploi fig. (Prise d'Orange, 1522 ds Guill. d'Orange, éd. Jonckbloet, I, 113 sq. ds T.-L. : Ne devez mie folie commencier; Tiex la commence, ne la puet abessier); mil. xiies. « rabattre (une somme) sur un prix », emploi fig. (Chrétien de Troyes, Guill. d'Angleterre, éd. Wilmotte, 3210 : Ja n'en quier denier abaissier); 1160-1170 « pencher, incliner vers le bas » (Béroul, Tristan, éd. Muret, 611 ds T.-L. : Son chief abesse vers la terre); 2. obj. animé 1155 « humilier », emploi fig. (Wace, Brut, éd. Arnold, 3485 ds Keller, Vocab. Wace, 126b : Les nobles homes abaisça E les non nobles aleva). III.− Réfl. − 1. Suj. animé 1remoitié xiies. « se pencher », sens propre (Voy. de Charl. à Jérusalem, éd. Koschwitz, 615 : ... Et reprendrai l'espiet, ainz qu'a terre s'abaisset); apr. 1160 « s'humilier », emploi fig. (Wace, Rou, éd. Andresen, III, 2609 ds Keller, loc. cit. : Alain ne se deigne abeissier); 2. suj. inanimé 1210-1230 « tomber, se calmer (du vent) » (G. Le Clerc, Marie-Madeleine, éd. Schmidt, 268 ds T.-L. : ... li venz ne s'abaisse pas En ses esforz). Dér. de l'a. fr. baissier; préf. a-1*. HISTORIQUE I.− Disparition av. 1789. − A.− Emploi intrans. (dans le sens de « baisser, descendre »). − Attesté dès le xiies. (cf. étymol. I); subsiste jusqu'au xviies. : La riviere abbaisse. Nicot 1606. B.− Emploi trans. 1. « Apaiser, éteindre », au propre et au fig., 1reattest. au xiies. (cf. étymol. II 1); se maintient jusqu'au xives. : Maintien les bonnes coustumes de son royaume, et les mauvaises abesse. Joinville, 743, Wailly, (Gdf.). 2. « Rabattre (une somme) sur un prix » (cf. étymol. II 1). L'existence de ce sens n'est attestée que par cet ex. unique. 3. « Soumettre » : Et il l'avoit si abaissie (sa terre) Ke nus ne li faisoit enchaus. L'Escoufle, [xiie-xiiies.], 58, (T.-L.). 4. Avec de, « faire revenir sur, obliger à se modérer dans »; unique attest. au xiiies. : Le supplioit qu'il lui fist faire droit a son oncle et l'abaissast des outrages et des forfais qu'il lui faisoit. Chroniques de Saint-Denis I, fo246 ds Ste Pal., (Gdf.). 5. « Amaigrir », unique attest. au xives. : Un cuer de chievre ou de bouc abaisse, id est amaigrit (l'ostour). Le Ménagier de Paris, [xives.], II, 322, (T.-L.). 6. Abaisser honneur de « manquer de respect à », ex. unique au xives. Icelle femme desmenti pluseurs foiz le suppliant en abaissant honneur de sa personne et de son office. Arch., JJ 148, pièce 122, [1395], (Gdf.). 7. Abaisser la main « se modérer » (cf. C 1) ex. unique au xives. : En outre lui dist que s'il n'abaissoit sa main, qui estoit a dire s'il ne faignoit d'ouvrer, tellement qu'il n'ouvrast pas tant, ne si bien, il lui acoursiroit la vie. Arch., JJ 109, pièce 6, [1376], (Gdf.). 8. Inf. substantivé, « moment où l'on abaisse (une chose) » : A l'abaissier des lanches an chaïrent. III. mile. Gui de Bourgogne, [xiiies], (Gdf. Compl.). C.− Emploi pronom. 1. « Se modérer dans » (cf. ci-dessus B 7), unique attest. au xiies. : ... Dame taisiés; De vostre duel vos abaissiés. Perceval, Ms. Mons, p. 8a, Potvin, (Gdf.). 2. « Baisser, s'affaiblir » (en parlant d'un animé; méd.) : Sur les unze heures ... arriva un laquais, luy rapportant nouvelles que Cyrus s'abaissoit fort, et qu'il estoit besoin s'il le desiroit voir encore en vie ... qu'il s'en retournast promptement. Du Vair, Clodius contre Milon, (Hug.). 3. « Tomber, se calmer (en parlant du vent) », 1reattest. 1210-1230, cf. étymol. III 2; xviiies. : Le vent s'est abaissé. Trév. 1704. Selon Trév. 1771 cet emploi est contraire au bon usage qui demande : ,,le vent diminue``. 4. « S'exprimer avec beaucoup de simplicité ou avec trop de simplicité » 1reattest. au xviies. : Varier son style suivant les sujets, s'élever ou s'abaisser à propos. Fénelon, (Besch.). Cette accept. ne semble pas avoir survécu au xviiies., bien qu'elle soit attestée ds qq. dict. du xixeet du xxes. (La Châtre 1865, Quillet), où elle ne se trouve illustrée que par l'ex. ci-dessus. − Rem. C'est Ac. 1835 qui présente la 1rerecension lexicogr. de cette accept. dans un ex. illustrant le sens moral « s'avilir, se dégrader » : Il descend au style naïf sans jamais s'abaisser. II.− Sens et emplois attestés apr. 1789. − A.− Au sens propre (cf. sém. I). 1. Emploi trans. : « faire descendre (une chose) à un niveau inférieur ». a) Accept. gén. − 1reattest. au xiies. (cf. étymol. II 1); xviies. : abaisser un pont-levis; abaisser une muraille de deux piez. Rich. 1680. b) Accept. techn. et domaines d'application partic. − La naissance des nombreuses loc. relevant de domaines d'application partic. a lieu à des dates variées; ces loc. continuent à figurer ds les dict. du xxes., à l'exception de celle qui a trait au jard., dont on ne trouve plus d'attest. lexicogr. au delà du xixes. Est donnée ci-apr. la 1rerecension ds les dict. de quelques-unes de ces loc., suivie de la signif. corresp. : Mar. Abaisser les voiles, etc. xiies., d'apr. Jal, d'où est extrait l'ex. suiv. du xviies. : Les antennes sont attacheez au mast, en sorte qu'on les peut elever, ce qu'on appelle isser, ou les abaisser ou amener. Fauconn. Abaisser l'oiseau, « lors qu'étant trop en bon point on luy ôte quelque chose de son pât ordinaire pour le mettre en état de bien voler » (Fur. 1690). Jard. Abaisser une branche « couper une branche près du tronc » (Fur. 1690). Math. Abaisser une équation [algèbre], « la réduire au moindre degré dont elle soit susceptible » (cf. abaissement, hist. I B); à partir d'un point abaisser une perpendiculaire (sur une droite ou un plan) [géom.] (Encyclop. t. 1 1751); plus tardivement abaisser un chiffre [arithm.] : « au cours de l'opération de division (autant de fois que nécessaire) faire descendre du dividende initial le 1erchiffre non encore employé et le noter à droite du reste partiel précédemment obtenu de manière à pouvoir continuer l'opération ». Pâtiss. Abaisser (de) la pâte « aplatir la pâte avec un rouleau de bois, et la rendre aussi mince que l'on veut » (Encyclop. t. 1 1751) (cf. abaisse, hist.) d'où semble procéder la loc. verbale. Encore en usage dans les manuels mod. de cuis. Chir. Abaisser la cataracte « faire descendre le cristallin devenu opaque au fond de l'œil, afin de rendre la vue à un malade affecté de la cataracte » (Ac. 1835). Déjà ds Trév. 1752. Cf. aussi abattre, hist. II B 5 et récliner. 2. Emploi réfl. : « descendre à un niveau inférieur » (suj. animé ou inanimé).− 1reattest. au xiies. (cf. étymol. III 1); xviies. : Je passe comme l'ombre qui s'abaisse vers le soir. Rich. 1680. − Rem. Pour certains cont. attestés dans l'anc. lang. et exclus de la lang. mod., I C 2 et 3. B.− Au sens fig., dans le domaine moral (cf. sém. II). 1. Emploi trans. : « diminuer l'élévation morale d'une pers. ou d'une chose ». − 1reattest. au xiies. (cf. étymol. II 2); xviie-xviiies. : Les Romains se vantoient d'abaisser l'orgueil des superbes et de pardonner aux humbles. Fur. 1690. − Rem. L'emploi absolu, encore en usage de nos jours, apparaît au xviies. : Il y a dans le monde une puissance supérieure à celle des hommes qui élève et qui abaisse. Bourdaloue (Besch.). 2. Emploi réfl. : « perdre de son élévation morale » (en bonne et en mauvaise part). − 1reattest. au xiies. (cf. étymol. III 1); xviie-xviiies. : L'humilité n'est souvent qu'un artifice de l'orgueil qui (ne) s'abaisse (que) pour s'élever. Rich. 1680 et Trév. 1771.