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VIE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. « Fait d'être en vie » 1. a) fin xes. vida perdoner « accorder la vie sauve » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 223: Vida perdonent al ladrun; 225: Barrabant perdonent la vide); b) ca 1100 perdre sa vie (Roland, éd. J. Bédier, 1408); c) 1176-81 (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrete, éd. M. Roques, 6292: se Lancelot n'est an vie); d) fin xives. aler de vie à trespas (Froissart, Chron., éd. A. Mirot, t. 14, p. 150); e) 1548 par ma vie (N. Du Fail, Baliverneries, éd. G. Milin, p. 62); f) 1580 à peine de la vie (R. Garnier, Antigone, Argument, éd. W. Foerster, t. 3 p. 4); 2. vie + déterm., avec notion de « principe vital » ou « vitalité » a) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 69: la vithe est fraisle); b) 1370 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 142: une de celles puissances ou vertus [de l'ame irraisonable] est semblable a la vie des plantes et est commune a toutes choses qui ont vie en euls; p. 154: car delectacion est commune a toutes choses qui ont ame ou vie sensible; p. 273: le cuer est le siege et la fontaine de la vie); c) 1375 (Id., Ciel et Monde, éd. A. D. Menut et J. Denomy, p. 314: Il samble que l'opinion d'Averroïz, et d'Aristote selon Averroïz, estoit que, ausi comme les plantes ont vie et ame vegetative et les bestes vegetative et sensitive et les honmes vegetative et sensitive et intellective); d) 1442 (A. de La Sale, Salade, éd. F. Desonay, p. 31: les Persans adoroient le soleil; car ilz tenoient que du soleil venoit vie et tous biens); e) 1480 (G. Coquillart, Droitz nouveaulx ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 152: Que sa femme est seiche et tarie, Et n'a pas de vie plein poing); f) 1610 (H. d'Urfé, L'Astrée, éd. H. Vaganay, t. 2, p. 378: la maladie est signe de vie); g) 1619 être plein de vie (Id., ibid., t. 3, p. 245); h) 1645 (Tristan L'Hermite, Folie du Sage, éd. J. Madeleine, p. 70: l'origine d'où sort le soufle de la vie et celuy de la mort); i) 1681 (J.-F. Regnard, Voyage de Laponie, éd. M. Garnier, t. 1, p. 99: il se trouve un principe de vie caché dans l'un et l'autre sexe); j) 1684 (F. Bernier, Philos. de Gassendi, t. 5, p. 663: jamais l'on n'explique bien la notion de la Vie, qui d'ailleurs est claire et evidente); k) 1751 (Encyclop. t. 1, p. 474b, s.v. animal: Les animaux prennent de l'accroissement, ont de la vie et sont doués de sentiment: par cette définition M. Linnœus les distingue des végétaux qui croissent et vivent sans avoir de sentiment, et des minéraux qui croissent sans vie ni sentiment); 3. vie empl. à propos d'inanimés a) 1370 (Oresme, Ethiques, p. 439: un instrument est un serf senz vie et senz ame); b) 1375 (Id., Ciel et Monde, p. 314: choses qui n'ont vie fors par similitude ou en relacion); c) av. 1615 (E. Pasquier, Recherches de la France, p. 814: l'Imprimerie qui baille vie aux bonnes lettres); d) 1630 (A. d'Aubigné, Printemps, Hécatombe à Diane, XXII ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 3, p. 26: le peinctre qui voudroit animer un tableau [...] Qu'il voye prendre vie à ce qu'il aura peint); e) 1646 (J. Du Lorens, Satires, éd. D. Jonaust, p. 182: ces travaux qui [...] à coups de ciseau donnent la vie au marbre); 4. 1561 terme d'affection (J. GrÉvin, Esbahis ds Comédies, éd. E. Lapeyre, p. 97: Et bien, Marion, ma succrée, Mon bien, ma vie et mieux aimée, Mon tout). B. « En référence aux croyances religieuses en une autre vie après la mort, à la vie de l'âme » 1. a) ca 1050 (Alexis, 63: la mortel vithe li prist mult a blasmer, De la celeste li mostret veritét); b) ca 1145 pardurable vie « vie éternelle » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1501), trad. de vitam aeternam dans les Bibles du xiiies.(v. Trénel, p. 427), cf. vitam eterne (1174-78, Etienne de Fougères, Livre des Manières, éd. R. Anthony Lodge, 188); c) 1416-18 vie eternele (Christine de Pisan, Prison de vie humaine, éd. A. J. Kennedy, 1175); 2. a) ca 1220 pain de vie (Gautier de Coinci, Mir., éd. V. F. Koenig, II Mir 17, 239); b) 1353 fruit de vie « Jésus Christ » (Mir. enfant ressuscité, éd. G. A. Runnalls, 101); c) 1385-1403 vie de l'ame (Eustache Deschamps, Miroir de Mariage, 9980, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 321). C. « Existence humaine, considérée du point de vue de l'ensemble des activités, événements qui la remplissent » 1. a) α) ca 1050 vie + adj. qualifiant la manière de mener sa vie (Alexis, 619: dreite vide); β) ca 1150 (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 208: Sa vie en grant dolur usont); γ) ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 3387: Trop ai menee ceste vie); δ) ca 1170 (Marie de France, Lais, Milun, éd. J. Lods, 279: Vint anz menerent cele vie Milun entre lui e s'amie); ε) fin xiies. (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, 23, 25: dous vies sunt ke li saint proicheor unt, c'est li active et li contemplatiue); ζ) ca 1130 (Guillaume de Digulleville, Pelerinage de vie humaine [titre], éd J. Stürzinger); η) ca 1370 (Oresme, Ethiques, p. 110: vie civile; p. 471: vie politique); b) ca 1432-65 à propos d'une collectivité (J. Régnier, Fortunes et Adversitez, éd. E. Droz, p. 178, 6: ce monde, son estat, sa vie); c) 1601 (Charron, De la Sagesse, éd. B. de Negroni, p. 44: le mediter et entretenir ses pensées est [...] la posture, l'entretien et la vie de l'esprit); d) 1601 (Id., ibid., p. 372: le choix du genre de vie propre et commode au naturel d'un chascun); 2. 1130-40 spéc. « récit de la vie d'une personne » (Wace, Sainte Marguerite, éd. E. A. Francis, p. 1: A l'onor Deu et a s'aïe Dirai d'une virge la vie); 3. en réf. à une période, une durée a) ca 1100 (Roland, 212: a tute vostre vie; 595: en tute vostre vie); b) α) 1288 a vie « pour la durée de la vie de quelqu'un » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 348); β) 1417-20 rente à vie (Clément de Fauquemberge, Journal, éd. A. Tuetey, t. 1, p. 24); 4. a) 1561 (J. Grévin, Brief discours pour l'intelligence de ce théatre ds Théâtre, éd. L. Pinvert, p. 9: Car comme disoit Andronique, la Comédie est le mirouer de la vie journalière); b) 1648 (Voiture, Lettres, A. Courbé, 1654, p. 685: Voiez, s'il vous plaist, quelle vie doit estre la mienne et ce que j'en dois attendre). D. « Existence considérée du point de vue des moyens de subsistance » 1. a) 1395 avoir sa vie « avoir le vivre et le couvert » (Griseldis, éd. M. Roques, 1588: des or en nostre maison Arez, s'il vous plaist, vostre vie); b) 1507-08 (D'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p. 846: l'autre avoit sa vie des buees qu'elle lavoit); c) 1498-1515 chercher sa vie, gagner sa vie (Gringore, Vie Ms. S. Loys ds Œuvres, éd. Ch. d'Hericault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 114, p. 113: Hélas, mon povre ours, tu es mort; [...] Ne sçay de quoy je gaigneray Ma vie doresnavant); 2. a) 1640 (Oudin Curiositez: homme de grande ou petite Vie, qui mange beaucoup ou peu); b) 1676 (Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 300: c'est la mode du pays, où d'ailleurs la vie ne coûte rien); c) 1784 (Genlis, Veill. du chât., t. 1, p. 111 ds Littré: La vie est à bon marché à Saint Germain). Du lat. vita (dér. de vivere « vivre, être en vie »), « vie (p. oppos. à mors « mort », ce qui anime, principe de vie », « moyen ou façon de vivre », et, à l'imitation du gr. « vie humaine, humanité » (en poésie et prose de l'époque impériale) v. Ern.-Meillet, empl. également à l'égard d'une pers. comme terme hypocoristique).