SEC, SÈCHE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 980 « qui a perdu son humidité naturelle (d'une plante) » (
Jonas, éd. G. de Poerck, p. 43); 1273
ognons sais « dont on a fait évaporer les éléments humides en vue de la conservation » (
C'est Henris de Gant, Chirog., A. Tournai ds
Gdf. Compl.); 1690
fruits secs (
Fur.);
b) déb.
xiies. « qui ne renferme pas d'eau ou d'éléments liquides » (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1578); 1690
sec comme une allumette (
Fur.);
c) ca 1150 « qui est dépourvu d'humidité atmosphérique » (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2233); fin
xives.
saisson seche (
Froissart, Chroniques, éd. G. Raynaud, t. 11, p. 127);
d) 1160-70 « qui n'est pas ou plus mouillé » (
Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 4342); 1616
ancre seche « dont le solvant s'est évaporé » (
d'Aubigné,
Hist. univ., II, 252 ds
Littré);
e) 1389
bouche seche « qui n'est pas hydratée » (
L'Orloge de sapience, Maz 923, I, VI ds
Gdf. Compl.); 1670 fig.
avoir des yeux secs « ne pas être ému » (
Racine, Berenice, IV, 5);
f) 1535-74
avoir le gosier sec (
Mellin de St Gelays,
Œuvres, éd. P. Blanchemain, I, 71); 1918
l'avoir sec (le gosier) (
Dauzat, Arg. guerre); 1936
id. « éprouver une vive contrariété » (
Céline, Mort à crédit, p. 462);
2. a) 1150-70
piere secche « employée sans mortier » (
Jeu Adam, éd. W. Noomen, 850);
b) ca 1210
touz seche « sans expectoration » (
Guiot de Provins, Bible, 2569 ds T.-L.); 1871
orage sec « sans pluie » (
Littré);
c) fin
xiiies. [date du ms.]
pain tot sec « pain sans autre aliment » (
Li Purgatoires saint Patrice, B. N. 423, f
o35b ds
Gdf. Compl.); 1342 p
ain sec (J.
Bruyant, Pauvreté et richesse, 38a ds T.-L.);
d) 1260
argent sec « argent comptant » (E.
Boileau, Métiers, éd. G.B. Depping, 351);
e) 1904
partie sèche « aux cartes, partie non suivie d'une revanche et d'une belle » (
Nouv. Lar. ill.); 1931
avoir le manillon sec « sans autre carte de la couleur » (
Pagnol, Marius, III, 4, p. 162);
3. a) ca 1160 « se dit d'une personne maigre » (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2572);
b) 1690
sec comme un pendu (
Fur.); 1845
sec comme un hareng (
Besch.);
c) 1835 subst.
un grand sec (
Ac.);
4. a) 1200
vin sec (
Jean Bodel, Jeu St Nicolas, éd. A. Henry, p. 100);
b) 1636
tissu sec (
Monet);
c) 1676 « dans le domaine artistique, exécution dure où les traits sont trop marqués » (
Félibien, p. 734);
d) 1703
coup sec (
Trév.).
B. 1. a) Ca 1225
cuers... ses « qui manque de sensibilité, de tendresse » (
Reclus de Molliens, Miserere, CCLXI, 11 ds T.-L.);
b) 1588
parler sec « rude, brusque » (
Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 253);
2. ca 1265 « qui n'offre aucun agrément pour l'esprit, dénué de grâce, de fantaisie » (
Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 327); 1636 « se dit d'un auteur stérile ou aride » (
Monet); 1866 arg. scol. « incapable de répondre à une question » (ds
Esn.).
C. Subst.
1. a) 1269-78 « état de ce qui est sans eau » (
Jean de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 16931);
b) 1342
seck « fourrage sec » (
Cartul. de Cambron, p. 256 ds
Gdf. Compl.);
c) ca 1450
avoir le sec et le vert (
Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35341); 1611
employer le verd et le sec (
Cotgr.);
2. a) 1155
a sec « hors de l'eau » (
Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2476); 1283
metre a sec (un vivier) (
Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. M. Salmon, t. 2, p. 92);
b) 1611
naviger a sec « sans voiles » (
Cotgr.); 1859
à sec de voiles (
Bonn.-
Paris); 1904
à sec de toile (
Nouv. Lar. ill.);
c) 1536
mettre qqn à sec « le démunir d'argent » (
Roger de Collerye,
Œuvres, éd. Ch. d'Hericault, p. 248);
d) 1567
être à sec « n'avoir plus rien à dire » (
Amyot, Vies, Lucullus, 2 ds
Gdf. Compl.); 1678
mettre qqn à sec « le réduire au silence » (
Bussy-
Rabutin, Lettre ds M
mede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, p. 603).
D. Adv.
1. 1283
paier tout sec (
Philippe de Beaumanoir, op. cit., p. 37);
2. ca 1500
parler sec « d'une façon vive, nette » (
Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 316);
3. 1640
boire sec « bien boire » (
Oudin Curiositez, p. 501);
4. 1904
aussi sec! (ds
Esn.). Du lat.
siccus « sec, sans humidité », fig. en parlant du style « froid, indifférent ».