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VIVACE1, adj.
A. − [En parlant d'un être vivant]
1. Qui est doté d'une forte vitalité, qui est bâti pour vivre longtemps. Un des plus farouches [des combattants], Chante-en-hiver, avait été affreusement mutilé. C'était un Breton trapu et crépu, de l'espèce petite et vivace (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 158).
2. Qui fait preuve de vie, de dynamisme, d'enthousiasme. Au peuple le plus fort, le plus vivace, à celui qui par le travail, le génie, l'organisation du pouvoir, la pratique du droit possède à un degré supérieur la capacité politique, à celui-là le commandement (Proudhon, Guerre et paix, 1861, p. 222).[L'infirmière] ne réagit pas: elle était moins vivace que d'ordinaire (Sartre, Sursis, 1945, p. 30).
P. métaph. Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre Ce lac dur oublié que hante sous le givre Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui (Mallarmé, Poés., 1898, p. 67).
3. En partic. [En parlant d'un végét.] Plante vivace. Plante qui vit plus de deux ans en fleurissant et produisant à plusieurs reprises. De l'autre côté, un petit parc romantique, où d'étroites allées tournent autour de plates-bandes gazonnées, ornées de plantes vivaces, dont Gide connaît, surveille, protège, chaque pied (Martin du G., Notes Gide, 1951, p. 1384).
B. − [En parlant d'une chose]
1. [En parlant d'une teinte, d'une couleur, d'un coloris] Vigoureux, affirmé, éclatant. Le vert des arbres était si vivace, les nuances des fleurs si éclatantes, l'air et la lumière baignaient si joyeusement la vaste enceinte de souffles et de rayons (...) qu'on se sentait le désir de s'arrêter là et d'y planter sa tente (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 242).
2. Qui appelle la vie, qui fortifie. Oui, tu l'as dit, c'est le soleil de Naples, son air vivace avec lequel on boit la vie (Dumas père, Teresa, 1832, I, 4, p. 148).
3. [En parlant d'une activité hum.] Qui est toujours et pour longtemps vivant, en bonne santé. La guerre, toujours vivace entre les nations, éclate rarement dans sa forme sanglante, entre les particuliers (Proudhon, op. cit., p. 56).
4. [En parlant d'une opinion, d'un sentiment, d'un souvenir] Dont il est difficile de se défaire, qui persiste longtemps et avec force. Haine, préjugé vivace. Il donnait une voix et une arme à son impatience de l'inégalité des individus devant l'intelligence et le renom, à sa rancune latente, honteuse, mais profonde et vivace des priviléges de la pensée (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 24).Cette scène, qui devait laisser dans l'esprit de Laurent un souvenir vivace et poignant, fut suivie de plusieurs autres scènes d'importance fort inégale (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 209).
REM.
Vivacement, adv.D'une manière vivace, en faisant preuve d'une forte vitalité. Ah! comme je suis fier de cette belle intelligence, si sainte, si pieuse, si aimante et si vivacement riche! (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 239).P. iron. Avec promptitude, brusquerie. Dieu m'accorde de défunter vivacement de cette manière! (Arnoux, Rhône, 1944, p. 204).
Prononc. et Orth.: [vivas]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1496 [éd. 1531] « (d'une abstraction) qui dure, se maintient longtemps » (Jean de Vignay, Mir. histor., XXV, 64 ds Gdf. Compl.: homme de vivace ancienneté); b) ca 1590 « (d'une affection) id. » (Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1042: La cholique est souvent non moins vivace que nous); 2. a) 1546 « (d'une personne) doué d'une grande vitalité » (Rabelais, Tiers Livre, II, 87, éd. M. A. Screech, p. 32: elle [la jeunesse] est vivace, alaigre, brusque, movente); 1611 « (id.) constitué pour vivre longtemps » (Cotgr.); b) 1718 « (d'un animal, d'une plante) id. » (Ac.). Empr. au lat.vivax, -acis, « qui vit longtemps (d'une personne, d'une plante); animé, vif, bouillant ». Bbg. Darm. 1877, p. 124 (s.v. vivacement).