Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
VIEILLESSE, subst. fém.
I. − [Chez les êtres vivants]
A. −
1. Période de la vie succédant à l'âge mûr que l'on situe actuellement chez l'homme à partir de l'âge de soixante-cinq, soixante-dix ans. Anton. jeunesse.J'atteins aujourd'hui l'âge de cinquante ans. J'entre dans la vieillesse, et je conserve encore beaucoup de goûts et de dispositions du jeune âge (Maine de Biran, Journal, 1816, p. 242).Que l'enfant devienne adolescent, puis homme mûr, enfin vieillard, cela se comprend quand on considère que l'évolution vitale est ici la réalité même. Enfance, adolescence, maturité, vieillesse sont de simples vues de l'esprit, des arrêts possibles imaginés pour nous, du dehors, le long de la continuité d'un progrès (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 311).
SYNT. Avoir une longue vieillesse; années de vieillesse; aux approches de la vieillesse; portes, seuil, venue de la vieillesse; vieillesse prochaine; dans ma (ta, sa, leur) vieillesse; pendant la vieillesse; la vieillesse arrive, commence; arriver, aspirer, parvenir, se préparer, penser, songer à la/sa vieillesse; atteindre, attendre, commencer la/sa vieillesse.
Première, dernière vieillesse. Chacune des étapes du vieillissement. Les hommes ne changent point (...), depuis leurs vingt ans jusqu'à la dernière vieillesse, ils pensent toujours la même chose, s'ils pensent (Alain, Propos, 1911, p. 104).Son goût unit à la fadeur de l'enfance la sentimentalité de la première vieillesse (Du Bos, Journal, 1921, p. 19).
La vieillesse de + nom propre.Dernière étape de la vie d'une personne. Du principe de l'art et de sa destination sociale... œuvre de l'extrême vieillesse de Proudhon, interrompue par la mort (Barrès,Cahiers, t. 9,1911,p. 191).
2. Période ultime de la vie plus ou moins bien vécue par une personne en fonction de son état physique ou mental.
a) [Aspects positifs] (Avoir) une aimable, heureuse, paisible, sage vieillesse; (avoir) une vieillesse épanouie; bonheur, plaisirs de la vieillesse. Une belle vieillesse est, pour tous les hommes qui la voient, une belle promesse, car chacun peut en concevoir l'espérance pour soi ou pour les siens (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 221).Leurs visages, leurs yeux calmes marquaient le repos d'une vieillesse confortable après les luttes de la vie (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 167).
Bâton* de vieillesse.
b) [Aspects négatifs] (Avoir) une vieillesse amère, douloureuse, lugubre, malheureuse, misérable, solitaire, triste; aridité, appréhension, chagrins, fardeau, hantise, horreur, peur, poids de la vieillesse. Éprouvant déjà les premières atteintes de l'âge, je voyais arriver avec épouvante la vieillesse, la solitaire vieillesse, avec son cortège de tristesses, de dégoûts et de regrets (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 15).
Vieillesse précoce, prématurée, anticipée. Ensemble des signes cliniques du vieillissement apparaissant avant l'âge habituellement admis. L'abus des narcotiques (...) contribue beaucoup à hâter cette vieillesse précoce, si commune dans les pays chauds (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 70).
3. INSTIT. SOC.
a) Assurance (pour la) vieillesse. Assurance contractée par un salarié lui permettant de percevoir des indemnités après toute cessation d'activité. La Caisse nationale d'assurance vieillesse est chargée de la gestion de l'assurance vieillesse des travailleurs salariés et de l'action sanitaire et sociale en leur faveur (Réforme Sécur. Soc., 1968, p. 24).
b) Allocation, pension, retraite de (pour la) vieillesse. Somme perçue par les personnes âgées répondant aux critères définis par les lois sociales en vigueur. On comprend très bien que les corporations les mieux organisées, les plus conscientes, sous l'action d'une propagande étendue et précise, arrivent à se passionner pour la journée de huit heures, pour les retraites de vieillesse (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 100).La retraite de vieillesse est constituée par des versements obligatoires et facultatifs des assurés, par des contributions des employeurs et par des allocations viagères de l'État (Loi sur retraites ouvr. et pays., 1910, p. 29-98).
c) Minimum(-)vieillesse. Somme minimale versée à toute personne âgée dépourvue de ressources. Deux millions de personnes vivent encore avec le minimum-vieillesse, soit 9 000 f par an (Le Point, 13 juin 1977, p. 111, col. 2).
B. − Fait d'être âgé, d'avoir atteint un âge avancé.
1. [Chez l'Homme]
a) État où se trouve une personne âgée, se traduisant généralement par un affaiblissement de l'organisme, une diminution des forces physiques et des capacités mentales. Synon. décrépitude, sénescence, sénilité.Les cheveux qui blanchissent, les mouvements qui se ralentissent, les rides même ne sont que des signes fort incertains de la vieillesse (Delécluze, Journal, 1825, p. 280).Non, décidément, je ne m'habitue pas à la vieillesse, pas plus à la mienne qu'à celle des autres (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 203).
SYNT. Vieillesse de l'homme, de la femme, de l'individu; atteintes, effets, ennuis, faiblesse, inconvénients, infirmités, infortunes, lassitudes, maladies, marques, mécanismes, misères, phénomène, psychologie, rides, signes de la vieillesse; être accablé, affaibli, atteint, cassé, creusé, défiguré, déformé, ravagé, vaincu par la vieillesse; s'habituer, se résigner à la vieillesse; redouter, sentir la vieillesse.
Mourir de vieillesse. Synon. mourir de sa belle mort (v. mort1).La digne sœur et lui se chérissaient, et pour Se réunir encor dans la main où l'on tremble Et ne pas se quitter, ils moururent ensemble De vieillesse (Banville, Cariat., 1842, p. 54).
P. exagér., fam. Séjourner longtemps quelque part. Loiseau éclata: « Nous n'allons pourtant pas mourir de vieillesse ici (...) » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Boule de Suif, 1880, p. 142).
Verte vieillesse. État d'un homme qui a conservé, malgré son âge, la vigueur et la virilité de ses jeunes années. Je ne me souviens pas d'avoir observé une vieillesse plus verte et plus robuste que celle d'Hadgi-Stavros (About, Roi mont., 1857, p. 82).
Proverbe. Il faut que jeunesse se passe et que vieillesse se casse. Il faut que jeunesse se passe et que vieillesse se casse. J'ai été jeune, tu seras vieux (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 254).
En partic. Ensemble des traits physiques et moraux qui caractérisent les personnes âgées. Elle leva sa triste face, ravagée de larmes. Un grand calme s'y était fait pourtant, et l'on n'y voyait plus que la morne vieillesse, dans sa résignation (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 174).
b) Subst. + de vieillesse.[En parlant d'un signe particulier dû au grand âge, au vieillissement de l'organisme] Chevrotement, ride de vieillesse. De chaque côté de la bouche, un sillon creux (...), qui se rejoint sous le menton, qu'il coupe d'un grand pli de vieillesse (Goncourt, Journal, 1867, p. 348).Regardez: sur le dos des mains. Oh! ce n'est pas une maladie. Ce sont des taches... comment dire? des taches de vieillesse (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 88).
P. anal. [En parlant d'une chose] Le vent (...) ébranle la langueur des anciennes maisons Dont le front se lézarde en rides de vieillesse (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 75).
c) Vieillesse de + subst.État de dégradation, de vieillissement affectant plus particulièrement une personne ou une partie du corps. Vieillesse du corps, de la figure. La vieillesse d'une duègne ne rassure pas tant un amant jaloux que la vieillesse du visage de celle qu'il aime (Proust, Prisonn., 1922, p. 193).
2. P. anal.
a) État dans lequel se trouve un animal ayant subi les atteintes de l'âge et qui varie en fonction des espèces. Les animaux qui meurent de vieillesse meurent comme ils sont nés, sans s'en apercevoir (Bern. de St.-P., Harm. nat., 1814, p. 377).[La lésion du cristallin] frappe seulement le cheval et le chien. Chez celui-ci, elle est le plus souvent due à la vieillesse (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 43).
b) Dernière étape de la vie d'une plante, d'un végétal précédant le dessèchement et la mort. Mourir de vieillesse. Presque tous les pommiers tombent de vieillesse (...). Les squelettes d'arbres morts abondent dans ce verger (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 373).Aux fleurs de trois jours, une sorte de vieillesse végétale s'introduisait dans l'arôme (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 61).
3. Caractère habituellement prêté aux vieilles personnes (expérience, sagesse, esprit de résignation, mais aussi manque de dynanisme, esprit rétrograde, etc.) et pouvant être aussi le fait d'une personne jeune. Vieillesse de cœur. Ces gens (...) sont des gueux (...) fiers (...) et rusés. Jeunesse de cœur et vieillesse d'esprit, voilà la caractéristique générale (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 839).C'est encore une phénoménologie implicite qui permet de privilégier à certains égards d'autres âges que la maturité: ainsi les anciens honoraient dans la vieillesse une prudence et un conseil où ils voyaient un bien de l'homme qui ne peut être approché qu'au déclin de la vie (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 404).
C. − Empl. sing. coll.
1. Ensemble des personnes âgées, les vieilles gens. Respecter, soigner, soulager la vieillesse; hospice pour la vieillesse; médecine de la vieillesse. Ce qui déplaît à mon père, (...), c'est que Valentine se marie (...). La vieillesse est égoïste, monsieur (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 218).
Proverbes et expr.
Ce que jeunesse désire, vieillesse l'a en abondance. « Ce que jeunesse désire, vieillesse l'a en abondance. » C'est Gœthe qui cite ce proverbe au commencement de ses mémoires (Alain, Propos, 1923, p. 541).
Si jeunesse* savait, si vieillesse pouvait.
La vieillesse aime le peu, et la jeunesse le trop. Voir vie II A 1 G ex. de Joubert.
2. Par personnification. Par ces temps d'examens, vieillesse est assise d'un côté de la table, et jeunesse de l'autre (Alain, Propos, 1927, p. 728).
II. − [À propos de choses]
A. −
1. Âge, ancienneté d'une chose à partir de laquelle elle est considérée comme vieille. Cent ans, c'est la jeunesse d'une église et la vieillesse d'une maison (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 518).
2. État de vétusté, de délabrement, mauvais fonctionnement dû à l'ancienneté. Courroie de ventilateur cassée ou détendue. Panne due à l'usure vieillesse ou au mauvais alignement des poulies (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 343).
De vieillesse.Sous l'effet de l'ancienneté et de l'usure. Une serge noire, râpée et lustrée de vieillesse (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 30).
3. ŒNOL. Vieillesse d'un vin. Caractère d'un vin qui a subi le processus du vieillissement. C'était un vin du Rhin dont la robe vermeille jaunissait de vieillesse (Gautier, Albertus, 1833, p. 168).
B. − Caractère de ce qui est vieux, ancien, qui a été créé, qui s'est formé. Vieillesse de la race, des institutions. MmeCaroline était gaie malgré tout avec son visage toujours jeune, sous sa couronne de cheveux blancs, comme si elle se fût rajeunie à chaque avril, dans la vieillesse de la terre (Zola, Argent, 1891, p. 428).Rien ne change et la vieillesse du monde grandit sur moi (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 109).
Poét. Quand des prés l'herbe est fanée, Quand les bois n'ont plus d'abris, La vieillesse de l'année Plaît encor dans ses débris (Fontanes, Œuvres, t. 1, Odes et poèmes, 1821, p. 130).
C. − [En relation avec vieux] Temps écoulé depuis une date précise. Celle que j'ai reçue [la lettre] ce matin était datée de mardi. C'est deux bons jours de vieillesse qu'elle avait sur le dos (Flaub., Corresp., 1843, p. 138).
Prononc. et Orth.: [vjεjεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1145 veillece « âge avancé (de personnes) » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 343); b) ca 1160 (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2405: triste viellece); 2. a) ca 1393 en parlant de légumes (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 201); b) 1547 (J. Martin, Archit. Vitruve, 25 vo: quand ilz [l'orme et le fresne] sont dessechez par vieillesse); 3. a) ca 1485 (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 335: Jeunesse vieillesse desprise); b) 1579 « l'ensemble des vieilles gens » (H. Estienne, Precellence, éd. E. Huguet, p. 234: Si jeunesse scavoit, si vieillesse pouvoit). Dér. de vieil, v. vieux; suff. -esse*. Fréq. abs. littér.: 1 856. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 717, b) 2 278; xxes.: a) 2 332, b) 2 097. Bbg. Domenach (J.-M.). Vieillesse et vieillissement. Esprit. 1963, t. 31, no317, pp. 721-723.