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VAUTRER, verbe
A. − Empl. trans., rare. Coucher et rouler par plaisir son corps ou une partie de son corps dans ou sur quelque chose de mou et dans une position abandonnée. Le cochon, gras à ne pas bouger, grognait, attendait que les ornements sacrés ne fussent plus qu'une poignée de cendre chaude, pour y vautrer son ventre (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1488).
P. métaph. On se gronde de ne s'être pas creusé, même au prix de ses haines les plus chères, un trou heureux, pour vautrer ses lâchetés d'âme et de corps (Zola, E. Rougon, 1876, p. 272).
B. − Empl. pronom.
1. Se coucher, se rouler complaisamment dans ou sur quelque chose. Se vautrer par terre, dans la boue.
a) [Le suj. désigne un animal] La seconde habitude du sanglier est, à son retour du gagnage, de se vautrer dans les souilles, puis de se frotter le plus consciencieusement du monde contre les arbres avoisinants (Vidron, Chasse, 1945, p. 93).
b) [Le suj. désigne une pers.] J'aurais voulu (...) me vautrer dans la neige étincelante, me mêler à toute cette nature, et me fondre comme un atome dans cette immensité (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 68).
Empl. abs. Des bandes d'enfants emplissaient la route du tapage de leurs gros souliers, se poussant, se roulant, se vautrant (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1272).
2. Péj. S'étendre, s'étaler complaisamment dans une pose abandonnée. Des cigarettes fumées sans trêve, soit vautré sur un lit défait, soit en pérorant dans une brasserie ou dans un café (Gyp, Raté, 1891, p. 126).
Se vautrer sur qqn, avec qqn, dans les bras de qqn. J'ai dormi comme une bête en me vautrant dans les bras des filles (Arland, Ordre, 1929, p. 259).Isadora riait, se vautrait sur Francis (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p. 104).
3. Au fig., péj.
a) [Le compl. désigne une mauvaise habitude, un vice] Ce grand corps puissant ne demandait qu'à ne rien faire, qu'à se vautrer dans une oisiveté et un assouvissement de toutes les heures (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 28).
b) [Le compl. désigne un sentiment violent, une passion] Lui si vigilant autrefois, il ne brosse plus ses vêtements. Il semble se vautrer dans la frénésie sentimentale (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 63).
Prononc. et Orth.: [votʀe] (il se) vautre [vo:tʀ ̭]. Homon. de formes conjuguées: vautrait, vautre, vôtre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Verbe pronom. 1. ca 1180 se vultrer (Marie de France, Fables, 65, 7, éd. K. Warnke, p. 209); fin xiies. se viutrer (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 3407); ca 1195-1200 se voutrer (Renart, br. VII, éd. M. Roques, 5561); 1534 se vaultrer (Rabelais, Gargantua, X, éd. R. Calder, p. 79); 2. fig. ca 1300 en pechie se voutrer (Dit de Guersai, éd. Omont, p. 476). B. Verbe trans. xves. voutrer (Catholicon, ms. Lille, 369, Scheler ds Gdf.); 1550 veautrer son corps (Du Bellay, La Musagnoemachie, 70, éd. H. Chamard, t. 4, p. 6); 1636 vautrer (Monet). Du lat. pop. *volutulare « rouler », dér. du lat. class. volutum, supin de volvere « rouler, faire rouler ». Fréq. abs. littér.: 371. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 183, b) 919; xxes.: a) 791, b) 450.
DÉR.
Vautrement, subst. masc.,rare, péj. Fait de se vautrer; posture d'une personne vautrée. Des agenouillements de femmes, (...) des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises, ne montrant que leurs yeux sauvages où flambait la réverbération des cierges (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 137). [votʀ əmɑ ̃]. 1resattest. 1538 veautrement (Est.), 1675 (Widerhold, Nouveau dict. fr.-allemand, d'apr. FEW t. 14, p. 619a), repris au xixes. 1869 vautrement (Goncourt, loc. cit.); de vautrer, suff. -ment1*.