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VAINCU, -UE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de vaincre*.
II. − Adjectif
A. −
1. Qui a subi une défaite militaire, qui a été battu par un ennemi. Synon. anéanti, défait, écrasé, terrassé; anton. vainqueur, victorieux.Son orgueil satisfait écrivit quelques mots à Alexandre (...), comme autrefois Alexandre vaincu lui écrivait un billet du champ d'Austerlitz (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 438).Envoie la Justice qu'elle combatte avec nous! Reprends sur eux encore une fois la même prise, Si, vaincu, tu veux être vainqueur à ton tour (Claudel, Choéphores, 1920, p. 929).
SYNT. Capitaine, général, héros, homme, titan vaincu; ville vaincue; nation(s) vaincue(s); ennemi(s) vaincu(s); généraux, peuples, rois, soldats vaincus; être à demi, tout à fait, à la fin, une fois, tant de fois vaincu; faible, combattu, honteux, humilié et vaincu; tantôt vainqueur tantôt vaincu; tomber vaincu.
Empl. subst. masc. Celui qui a été battu à la guerre, dans un combat. Les grands vaincus (de la guerre); vainqueurs et vaincus; les vaincus de Bouvines, de Sedan, de l'histoire, d'hier, d'aujourd'hui, de la veille; fille(s) du vaincu; corps, dépouille(s), langue, sang des vaincus; se ranger, se trouver du côté des vaincus. Sentir enfin à 4 000 mètres, tapis dans le verdoyant horizon, les vaincus d'Iéna (Goncourt, Journal, 1870, p. 635).Les vaincus de 40, les soldats de la défaite, c'est à cause d'eux que nous sommes dans les chaînes (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 68).
Expr. Malheur aux vaincus! V. malheur A 2 b.P. anal., rare. Bonaparte (...) tourna toutes les belles choses en ridicule, excepté la force; et la maxime proclamée sous son règne était: Honte aux vaincus! (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 31).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de coll. Peuple vaincu, pays vaincu. Nos pères admettaient volontiers que Dieu tranchait le différend, au cours des batailles, en faveur de celui qui avait raison; le vaincu devait être traité comme le serait un mauvais plaideur: il devait payer les frais de la guerre et donner des garanties au vainqueur pour que celui-ci pût jouir en paix de ses droits restaurés (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 28).
2. P. anal.
a) Qui a subi l'emprise de quelqu'un. Synon. dominé, dompté, maté.Empl. subst. Un vaincufût-il un vaincu momentané qui se rapproche de l'éternelle vaincue: la femme (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1491).
b) Qui s'est laissé fléchir, émouvoir, convaincre par quelqu'un. Synon. attendri, ému, touché.Je suis vaincu, ça y est, c'est fini (Montherl., Jeunes filles, 1936, p. 950).
c) Qui a été séduit par quelqu'un, dont quelqu'un a fait la conquête amoureuse. Synon. charmé, conquis, envoûté, séduit.Celle qui sans pitié se jouait d'un amour (...), Souffre aujourd'hui les maux qu'elle causait hier: Elle faisait aimer, et maintenant elle aime! L'oiseleur à la fin s'est englué lui-même; Il est vaincu ce cœur si fier! (Gautier, Albertus, 1833, p. 146).
B. − P. ext.
1. Qui a subi une défaite face à un adversaire, un concurrent dans une lutte pacifique, dans une compétition. Synon. battu, éclipsé, écrasé, enfoncé, perdant; anton. gagnant, vainqueur, victorieux.Lutteur, parti vaincu; tantôt vainqueur tantôt vaincu; s'avouer, se déclarer, se dire, se reconnaître, se sentir vaincu. Elle était vaincue, désemparée devant les aspérités d'une argumentation inconcevable, et, pour se dégager de cette injuste puissance, elle cria:Laisse-moi tranquille! (Chardonne, Épithal., 1929, p. 211).
Empl. subst. Le vaincu dans une lutte; parti des vaincus; tendre la main au vaincu. Des paysans en sabots et en braies, hommes d'une France qui n'est plus, regardaient ces jeux d'une France qui n'était plus. Il y avait prix pour le vainqueur, amende pour le vaincu. La Quintaine conservait la tradition des tournois (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 70).P. métaph. Le terroriste est souvent le vaincu d'une enfance malheureuse, défiante et paranoïaque (Robespierre) (Mounier, Traité caract., 1946, p. 561).
2. Qui se retire de la compétition, qui d'entrée de jeu renonce et se déclare battu. Vaincu d'avance. M. Aimé Clariond, le nouveau Misanthrope de la Comédie-Française, avait donc le droit de mettre l'accent sur ce qui, dans le caractère d'Alceste, a toujours été dissimulé: un homme faible et vaincu d'avance en dépit de ses grands éclats (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 170).
Empl. subst. Attitude, regard de vaincu; traiter qqn en vaincu. Il se sent seul: un sourire résigné de vaincu (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 347).
C. −
1.
a) Qui est dominé, qui est maîtrisé par une force contraire.
[En parlant de qqn] Aussi loin que leur force avait pu les porter, ils n'avaient rien vu, rien que les vagues amères et les glaçons sinistres. Voilà pourquoi ils revenaient, vaincus, vers leur point de départ (Mille, Barnavaux, 1908, p. 280).[En parlant de qqc.] Le conflit. 1ermoment. La volonté contredite et vaincue: (apparent avortement de l'action voulue) (Blondel, Action, 1893, p. 325).
− Dans le domaine phys. ou mor.Amour vaincu; chair, douleur, hésitation, nature, timidité vaincue. Empl. subst. [À propos de qqn] Comme à travers la nuit geignent les vents d'automne, Sans cesse monte au ciel la plainte monotone De ces vaincus amers, pleurants, ou courroucés (Sully Prudh., Justice, 1878, p. 102).
b) Dont une réalité puissante a triomphé. Mal vaincu; mort vaincue. Le calendrier plaît à l'entendement par cette suite de jours qu'il annonce. Par les lunes qui toujours arrivent à point, par la remontée du soleil, par la nuit vaincue (Alain, Propos, 1933, p. 1139).
2. ALPIN., lang. usuelle. [En parlant d'une montagne] Dont le sommet a été gravi pour la première fois par un alpiniste. Le Matterhorn était vaincu, « fait » sur ses quatre arêtes et ses quatre parois. Jos-Mari arrivait trop tard pour attacher son nom à aucune conquête (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 36).
Prononc. et Orth.: [vε ̃ky]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. part. passé (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 375: [Jesus] per soa mort si l'a vencut [Satan]); 2. a) xiies. part. passé subst. (Everart de Kirkham, Distiques de Caton, 377, éd. E. Stengel, p. 127: Kar nus avuns veu Suvent le vencu Reveintre son vencur); b) 1690 expr. (Fur.: malheur et desespoir aux vaincus); 1694 (Ac.: malheur aux vaincus); 3. a) ca 1215 part. passé adj. (Raoul de Houdenc, Songe d'Enfer, éd. M. Timmel Mihm, 451: champions vaincuz a l'aillie); b) ca 1485 expr. (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 30033: ne me tiens vaincu); 1538 (Est., s.v. porrigo: se confesser estre vaincu); ca 1590 (Montaigne, Essais, I, 14, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 59: advouer estre vaincus); 1612 (Urfé, Astrée, éd. H. Vaganay, t. 1, p. 250: s'advouer vaincue). Part. passé de vaincre*, issu d'une forme pop. *vincūtu qui s'est substituée à la forme class. du part. passé victus de vincere « vaincre » (cf. Fouché Morphol., p. 365). Fréq. abs. littér.: 3 383. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 629, b) 5 287; xxes.: a) 5 612, b) 4 228.