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* Dans l'article "VAGABONDER,, verbe intrans."
VAGABONDER, verbe intrans.
A. −
1. Aller, voyager au hasard, à l'aventure. Synon. bourlinguer (fam.), vadrouiller (fam.).Vagabonder au Brésil, à Paris; vagabonder sur les grands chemins, dans la campagne. Dans ces bois [des Cévennes] où il allait vagabonder tout le jour, il avait des rêveries de petit solitaire, des contemplations de petit berger (Loti, Spahi, 1881, p. 29).Il avait vingt ans à l'époque de la grande crise et il avait vagabondé à travers l'Amérique, caché dans des fourgons de marchandises, tour à tour colporteur, plongeur, serveur, masseur, terrassier, maçon, vendeur et au besoin cambrioleur (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 304).
P. anal. Marcher çà et là, sans but. Synon. déambuler, errer, rôder (péj.).Vagabonder dans la rue. Il se posta dans la rue, vagabonda sur le trottoir, descendit jusqu'au bal des Mille-Colonnes, regarda chez le pharmacien (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 321).
2. Faire le vagabond, être vagabond, vivre sans gîte, ni profession. Mes camarades étaient de ces bandits, de ces forbans qui, après avoir maraudé et vagabondé dans tous les pays possibles, finissent par prendre du service dans une légion étrangère quelconque (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Mohammed-Frip., 1884, p. 270).
DR. Commettre le délit de vagabondage. Je demandai de quel crime elle était coupable (...) « Ça n'a commis aucun crime, répondit le sergent de ville, mais ça vagabonde (...) » (Dumas père, G. Lambert, 1844, II, 8, p. 242).
3. [Le suj. désigne un animal] Errer, divaguer en quête de nourriture; p. ext., aller, se déplacer sans but apparent. Étendus sur le bord d'une chaloupe, ils regardaient les poissons vagabonder dans l'eau, claire comme le ciel (Flaub., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 108).[La chatte] vagabonde dans les petites branches, toute blanche dans la nuit, et parle aux oiseaux endormis, avec simplicité, dans l'espoir qu'ils vont venir se faire manger complaisamment (Colette, Cl. école, 1900, p. 178).
4. P. anal., littér. [Le suj. désigne une route, un cours d'eau] Dessiner un tracé sinueux, capricieux. Partout des sentiers vagabondent sur ces croupes ombragées (Amiel, Journal, 1866, p. 361).Ce n'était jadis qu'un dédale de marais et de lagunes, entre lesquels vagabondaient des rivières à fortes crues (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 59).
B. − Au fig. Passer d'un sujet à un autre, d'un objet à un autre. Pensées, rêveries qui vagabondent; laisser la causerie, la conversation vagabonder. Cette certitude intérieure laissait à son imagination toute liberté de vagabonder un instant autour de ce projet fantaisiste (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 773).
[P. méton.] Laisser aller son imagination, ses pensées. On raisonne, c'est-à-dire on vagabonde, chaque fois qu'on n'a pas la force de s'astreindre à faire passer une impression par tous les états successifs qui aboutiront à sa fixation (Proust, Temps retr., 1922, p. 882).Bien qu'assis à ses côtés, l'enfant vagabondait loin de lui (Mauriac, Chemins mer, 1939, p. 137).
REM. 1.
Vagabondance, subst. fém.Fait de vagabonder, errance; au fig., fait de passer d'un objet à un autre sans s'arrêter, sans se fixer. Constante vagabondance du désirune des principales causes du détériorement de la personnalité (Gide, Journal, 1912, p. 358).
2.
Vagabondant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui vagabonde, mène une vie errante. La bohémienne (...) était restée une fille de ces primitives populations vagabondantes de l'Himalaya (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 33).
3.
Vagabonderie, subst. fém.Fait de vagabonder, d'aller au hasard, à l'aventure. Il me semble que, Montmartre et moi, ayons été faits l'un pour l'autre, de 1865 (...) à 1871, époque où la vie de famille fit place pour moi à la vie de collège et la vagabonderie turbulente de la rue aux tristesses provinciales (Courteline, Les Linottes, av.-pr., s.d. [1929], p. 2).
Prononc. et Orth.: [vagabɔ ̃de], (il) vagabonde [-bɔ ̃:d]. Ac. 1762: vagabonner; 1835: vagabonder ou vagabonner (id. ds Littré: vagabonder ,,on dit aussi vagabonner``); dep. 1878: vagabonder. Étymol. et Hist. 1. 1364-73 [date du ms.] « mener une vie errante », ici part. prés. adj. vagabondant parmi les champs (Bersuire, Tit. Liv., ms. Ste-Gen., fo188a ds Gdf. Compl.); 1497 vagabunder (P. Rivière, La Nef des folz du monde, éd. E. Dubruck, chap. 59, p. 377); 1836 en partic. « commettre le délit de vagabondage » (Balzac, Lettres Étr., t. 1, p. 343: un neveu qui vagabondait dans Paris [...] sans pain, sans souliers, sans vêtements); 2. 1588 [éd.] fig. « passer sans cesse d'un objet à un autre, sans s'y attacher » (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 994: Mon stile et mon esprit vont vagabondant de mesme); 3. 1838 « errer çà et là, sans but à l'aventure » (Barb. d'Aurev., Memor. 2, p. 259); 4. 1857 « (d'un animal domestique) mener une vie errante » (Flaub., MmeBovary, t. 1, p. 49: sa pensée, sans but d'abord, vagabondait au hasard, comme sa levrette, qui faisait des cercles dans la campagne). Dér. de vagabond*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 160. Bbg. François (A.). La Désinence « ance » dans le vocab. français... Genève; Lille, 1950, p. 76 (s.v. vagabondance). − Quem. DDL t. 25 (s.v. vagabonderie).