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USURE2, subst. fém.
A. −
1. Altération, détérioration d'une chose matérielle, résultant d'un usage prolongé ou d'actions mécaniques ou chimiques. Synon. abrasion, corrosion, érosion.Usure de pièces mécaniques due au frottement; matériaux qui résistent à l'usure; vêtement qui donne des signes d'usure. Une banquette en velours amarante, tournant au lie de vin par suite de l'usure opérée par le frottement continu des râbles (Huysmans, Art mod., 1883, p. 114).Premièrement une matière fragile ne se prête pas au travail du sculpteur, et deuxièmement un mauvais bois ou un métal mince et creux ne résistent pas au choc et à l'usure (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 189).
2. État d'une chose matérielle qui est altérée, détériorée par un usage prolongé ou sous l'effet d'actions physiques ou chimiques. Usure d'un dallage, des marches d'un escalier, d'une statue; pneus dont l'usure est anormale. L'immuable physionomie de mes meubles depuis trente ans à la même place, l'usure de mes fauteuils que j'avais connus neufs (...) m'ont donné, chaque soir, la nausée des habitudes (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Suicides, 1883, p. 825).Elle m'appelait (...) pour que je vinsse sur la pelouse de neige, dans son camp, dont le soleil en lui donnant les reflets roses, l'usure métallique des brocarts anciens, faisait un camp du drap d'or (Proust, Swann, 1913, p. 399).
3. P. méton. Partie usée d'une chose. Les usures d'un tapis, d'un canapé. [Des barques] remontaient vers Bordeaux (...). Et je ne voyais que la voile brune, chargée d'usures (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 201).Une usure merveilleuse luisait sur la margelle de nos puits, sur la pierre de nos seuils, sur l'épaulement courbe de nos fontaines (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 527).
4. Action de ce qui use, détériore progressivement. [Un tricot bleu] déteint par l'usure des lavages au savon noir (Hamp, Champagne, 1909, p. 83).V. irido-bronze s.v. irid(o)- II ex.
B. − Au fig.
1. Affaiblissement insensible, lente altération des forces vitales, des facultés intellectuelles, des réactions affectives d'une personne. Usure des forces, des sentiments; usure nerveuse. Il s'expliquait (...) l'usure des caractères par les soucis quotidiens du commerce (Zola, Conquête Plassans, 1874, p. 971).Peu à peu, l'étau s'est desserré. Aucun stoïcisme, aucun héroïsme, rien qui ressemble à de la résignation. Usure de la sensibilité plutôt, créant un état de moindre réaction, un commencement d'indifférence, ou plus exactement d'anesthésie (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 912).
2. Diminution progressive de la vigueur, de l'efficacité, de l'autorité ou du crédit d'une collectivité ou d'une institution et, p. ext., d'une chose abstraite. Usure d'un adversaire, d'un gouvernement. La crise morale où le pays se débattait, révélait à tous les yeux l'usure d'un système qui avait abouti à l'impuissance dans la corruption (Vogüé, Morts, 1899, p. 367).Une autre conséquence de la rapidité avec laquelle tout se transforme est l'usure accélérée des connaissances; dans ce domaine aussi tout se dévalue très vite (Berger, Homme mod. et éduc., 1962, p. 118).
3. Action de ce qui affaiblit, altère progressivement. Usure des ans, du temps; usure du pouvoir, d'une existence médiocre. Christophe ne pouvait comprendre comment une jeune fille (...) qui semblait avoir (...) le désir touchant d'échapper à l'usure dégradante de la vie, pouvait se complaire dans cette société (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 747).Elle vit (...) dans l'usure quotidienne d'une activité dépensée sans mesure au service de nos blessés (Bourget, Sens mort, 1915, p. 315).
Loc. fam. (Avoir qqn) à l'usure. (Avoir raison de quelqu'un, venir à bout de sa résistance) à force de patience, par une action persévérante et insidieuse. On va rester cachés ici, on les aura par l'usure (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 156).De temps en temps, ces messieurs jouent du couteau ou du revolver (...). Ceci dit, je les trouve plus moraux que les autres, ceux qui tuent en famille, à l'usure (Camus, Chute, 1956, p. 1477).
Guerre, lutte d'usure. Conflit dans lequel on tente d'user l'adversaire pour l'amener à renoncer par lassitude. Mais pour faciliter le succès de cette offensive générale (...) il fallait en outre continuer de manière ininterrompue la lutte d'usure menée par les puissances les moins éprouvées ou disposant encore de ressources en hommes importantes (Joffre, Mém., 1931, p. 165).Mais, si jamais elle réussissait, qu'en retirerait-elle [Henriette]? Le triste avantage de vous avoir définitivement vaincu (...) se retrouvant auprès de vous comme auprès d'un homme incapable de résister à sa guerre d'usure (Butor, Modif., 1957, p. 68).
Prononc. et Orth.: [yzy:ʀ]. Homon. et homogr. usure1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1530 (Palsgr., p. 288a). Dér. de user*; suff. -ure*.
STAT. − Usure1 et 2. Fréq. abs. littér.: 476. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 508, b) 420; xxes.: a) 798, b) 884.