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TROUBLE2, subst. masc.
I. − [À propos d'un milieu physique]
A. − [À propos d'un liquide]
1. État de non-limpidité, de non-transparence d'un liquide, dû à la présence de particules ou d'impuretés en suspension. Dans des tubes de verre, on introduit 1 cm3d'aniline et 0,1 puis 0,2, etc. cm3d'essence (...). On laisse descendre la température et on note celle correspondant à l'apparition d'un trouble intense dans chaque tube (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 109).
En partic. État de non-limpidité d'une boisson (vin, bière) provoqué par une erreur dans la fabrication (mauvaises conditions de température, d'aération, de fermentation, le plus souvent). Le trouble d'empois peut (...) se manifester dans la bière (...) à la suite de lavages des drêches à l'eau trop chaude qui gélatinisent l'amidon restant dans les bouts durs [d'orge] (Boullanger, Malt., brass., 1934, p. 553).
HYDROL., au plur. Ensemble des matériaux fins (limons, argiles, sables) transportés en suspension dans les eaux (d'apr. Géomorphol. 1979). Notre Rhône (...) avançant son barrage alluvionnaire, enlisant les épaves glaciaires, ou marécageuses, bondissant ou déposant ses troubles (Arnoux, Rhône, 1944, p. 19).
PÉTROL. Point de trouble. ,,Température d'une huile de pétrole refroidie dans des conditions normalisées, à laquelle les cires, paraffines ou autres matières commencent à se solidifier ou à se séparer de la solution`` (GDEL).
2. État d'agitation d'une masse d'eau dont l'équilibre est perturbé par des causes physiques. Mais les mers au fond desquelles elle s'est déposée [la craie blanche] devaient être exemptes de trouble (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 310).
B. − [À propos d'un corps transparent] État de non-transparence provoqué par des salissures. Au café, sur la terrasse du casino (...). Contre le vitrage, à travers la crasse et le trouble des vitres, des femmes en noir et des bourgeois, qui font des ombres chinoises ridicules (Goncourt, Journal, 1866, p. 272).
C. − Rare. État de l'atmosphère qui a perdu sa clarté, sa luminosité, et qui présente un aspect gris et nuageux. La cabane landaise est faite en lauriers verts Et en feuillages secs. On s'y met à couvert. C'est de là qu'on attire, émigrant vers l'Afrique, Les palombes qui fuient le trouble atmosphérique (Jammes, Géorgiques, Chants 2, 1911,p. 46).
MÉTÉOR. Trouble opalescent. ,,Voile bleuâtre qui estompe les objets éloignés quand la visibilité dépasse 20 km`` (GDEL).
II. − [À propos d'un milieu ou d'un état social]
A. − État d'agitation, altération de l'ordre, de l'équilibre qui sévit dans un groupe organisé. Synon. désordre, tumulte.Pays en état de trouble; le trouble s'accentue, règne; il en résulte un grand trouble; apporter, jeter, semer le trouble (dans une assemblée). Une partie du pavé de l'église enfonça avec un grand bruit; les religieuses de Sainte-Marthe crurent que le couvent allait s'abîmer. Le trouble fut extrême, tout le monde criait au tremblement de terre (Stendhal, Abbesse Castro, 1839, p. 234).À présent, les Belges prennent à la guerre une part peu dispendieuse. (...) le trouble national n'atteint pas de grandes profondeurs (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 120).
En partic. Altération des rapports entre personnes d'une même famille. Jeter, mettre le trouble (dans une famille); être un élément, un sujet de trouble. Vous avez vu mon mari: il est sorti pour ne pas rester auprès de vous devant moi. Ah! ne dites rien. Je sais bien qu'il pense à vous, qu'il pense à vous plus qu'à moi. Que venez-vous faire ici? Apporter le trouble dans notre ménage? Allez-vous en! (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 137).
B. − Au plur. Ensemble des faits et des actes violents ou séditieux qui, dans une société, expriment une vive opposition sociale, politique, religieuse. Synon. agitation, désordre, émeute, manifestation, révolte.Troubles sociaux, politiques, religieux; troubles sanglants; réprimer des troubles; période, temps de troubles. La bourgeoisie et le peuple firent la Révolution française, et, après dix ans de troubles, établirent un régime démocratique et égalitaire (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 94).La Résidence générale (...) a justifié par les troubles de ces jours derniers les mesures administratives ainsi prises à l'égard de M. Bourguiba (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 1, col. 4-5).Fauteur* de troubles.
III. − [À propos d'une pers.]
A. − PATHOL., souvent au plur. Dérèglement d'ordre physiologique ou psychique qui entraîne des perturbations dans le fonctionnement normal du corps humain. Troubles aphasiques, cardiaques, circulatoires, intestinaux, moteurs, nerveux, organiques, psychiques, pulmonaires, respiratoires, trophiques, urinaires, viscéraux, visuels; troubles de la mémoire, de la grossesse, de la personnalité, de la parole, de l'équilibre, de la vue, de la voix, du caractère, du comportement, du langage. Les troubles digestifs, surtout la constipation, provoquent souvent des recrudescences non douteuses (Codet, Psychiatrie, 1926, p. 128).Le diabète insipide peut d'ailleurs tenir à un trouble fonctionnel de l'appareil rénal lui-même (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 768).
B. − État d'égarement, de confusion, d'angoisse qui altère le fonctionnement normal des facultés mentales. J'ai peur (...) des spasmes de mon esprit qui s'affole (...). J'ai peur des murs, des meubles, des objets familiers (...). J'ai peur surtout du trouble horrible de ma pensée, de ma raison qui m'échappe brouillée, dispersée par une mystérieuse et invisible angoisse (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Lui? 1883, p. 853).Quelles que soient les causes de l'impuissance mentale, certainement l'idée que l'on s'en fait devient aussitôt le principal de la maladie. Toute maladie est guettée par le malade. (...) rien n'est aussi terrible que le trouble de l'esprit, car il répond toujours à l'attente (Alain, Propos, 1921, p. 242).
C. −
1. État émotif qui altère, perturbe le calme intérieur d'une personne. Trouble confus, durable, extraordinaire, extrême, intense, inexprimable, moral, poignant, singulier; jeter qqn dans le trouble; porter, mettre le trouble dans le cœur, l'âme de qqn; éprouver, ressentir un grand trouble; apaiser, cacher, calmer, chasser, dissiper, dominer, surmonter son trouble. En approchant de la maison, un trouble bizarre me saisit. Je m'arrêtai. On n'entendait rien. Il n'y avait pas dans les feuilles un souffle d'air. « Qu'est-ce que j'ai donc? » pensai-je. Depuis dix ans je rentrais ainsi sans que jamais la moindre inquiétude m'eût effleuré (Maupass., Contes et nouv., Qui sait? 1890, p. 1189).Ce désir frivole le poursuivit et ne lui laissa plus de repos. Dans ses études, dans ses méditations, dans ses prières (...) il en était obsédé. Après quelques jours consumés dans un trouble affreux, il exposa ce cas extraordinaire au général de l'ordre (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 183).
En partic. Émotion diffuse provoquée par un sentiment d'amour ou un désir charnel. Trouble du cœur, de l'amour, des sens; trouble charnel, physique, sensuel. La seule pensée de la revoir m'agitait d'un trouble exquis et profond; le contact de sa main dans ma main était pour moi un tel délice que je n'en avais point imaginé de semblable auparavant, son sourire me versait dans les yeux une allégresse folle (Maupass., Contes et nouv., Tombe, 1884, p. 966).Le trouble sexuel qui faisait pénétrer dans tous ses muscles la vue de l'admirable corps penché vers lui, peu à peu, lui interdisait de raisonner (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 218).
2. État émotif violent qui perturbe une personne et lui fait perdre son assurance, ses moyens. Synon. désarroi.Se remettre de son trouble; profiter du trouble de qqn. Pierre (...) était devenu très rouge. Il avait bien compris, tout de suite. Son étonnement cachait surtout une confusion, un trouble inexprimable, l'angoisse d'un animal traqué qui cherche une issue pour s'enfuir (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 261).
P. méton. Réaction physique qui révèle cet état (rougeur, pâleur, regard affolé). Trouble de la parole, de la physionomie. Madeleine avait les yeux baissés sur sa broderie, qu'elle piquait un peu au hasard de son aiguille. Elle avait complètement changé de visage, d'allure (...). « Comprenez-moi bien, reprit-elle avec un léger trouble dans la voix. Il y a pour tout le monde (...) un moment difficile pendant lequel on doute de soi, quand ce n'est pas des autres (...) » (Fromentin, Dominique, 1863, p. 192).
D. − DR. CIVIL. Atteinte portée par un tiers à l'exercice d'un droit sur une chose (d'apr. Cap. 1936). Troubles de la possession, de la jouissance. Le trouble est dit de droit, lorsque le tiers se présente lui-même comme titulaire d'un droit sur la chose (ex.: réclamation d'un droit de servitude contre l'acquéreur); il est dit de fait dans les autres cas (ex.: usurpation de l'immeuble par un tiers) (Cap.1936).
Troubles (du voisinage). ,,Trouble de jouissance apporté par une industrie ou un particulier`` (Barr. 1974). Si les bruits, les odeurs, les lumières... sont anormaux et entraînent une gêne importante pour les voisins, ceux-ci peuvent les faire constater et demander des dommages et intérêts à l'auteur de ce trouble (Barr.1974).
Prononc. et Orth.: [tʀubl̥]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. 1. 1262 « confusion, désordre » (Jean le Marchand, Miracles N.D. Chartres, éd. P. Kunstmann, p. 185); 1360-70 tourble du tampz « mauvais temps » (Baudoin de Sebourc, X, 566 ds T.-L.); 1468 plur. « soulèvements, désordres civils » (Lettres de Louis XI, III, 198, 199 ds Bartzsch, p. 151); 2. 1283 dr. tourble dessaisine « atteinte à l'exercice d'un droit sur une chose » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, chap. VI,206, p. 103); 3. 1832 « état d'un milieu dont la limpidité est altérée » (Raymond); 1845-46 subst. masc. plur. « ensemble de matériaux fins transportés en suspension dans les eaux et qui en altèrent la transparence » (Besch.); 1959 point de trouble (Duval). B. 1. Fin xiies. torbes « inquiétude, agitation de l'esprit » (Trad. des serm. de S. Bern., éd. W. Foerster, 87, 5 ds Gdf. Compl.); ca 1450-65 « altération des facultés intellectuelles, de la raison » (Villon, Le Lais Villon, éd. J. Rychner et A. Henry, XXXVII, 293); 1567 « état d'agitation, d'égarement » (Amyot, Nicias, 39 ds Littré); 2. 1678 « état, attitude de celui qui manifeste son émotion » (Mmede Lafayette, Princesse de Clèves, éd. Cazes, p. 23); 1761 « émotion tendre, désir amoureux » (Rousseau, La Nouvelle Héloïse, t 2, p. 753). C. 1842 méd. « modification pathologique des activités de l'organisme » (Balzac, A. Savarus, p. 36); 1877 trouble psychique (Dr Dally, De l'état et du délire malicieux, in Annales médico-psychol., II, p. 356 ds Quem. DDL t. 29); 1880 troubles nerveux, trouble trophique (Cadet de Gassicourt, Mal. enf., p. 74 et 84); 1901 trouble mental (Dr Nicoulau, c.r., in Annales médico-psychol., II, p. 324 ds Quem. DDL t. 29). Déverbal de troubler*. Fréq. abs. littér.: 3 974. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 865, b) 4 882; xxes.: a) 6 078, b) 5 628.