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TRIPOT, subst. masc.
A. − Vx. Lieu couvert où se pratiquait le jeu de courte paume. Nourri dans la pleine jovialité des mœurs bourgeoises, élevé, pour ainsi dire, dans le jeu de paume et le tripot de son père, qui aimait fort la table et le plaisir, il [Mathurin Régnier] prit de bonne heure les habitudes de débauche et de moquerie, de licence morale et satirique (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p. 134).V. mazette ex. 1.
B. − Péjoratif
1. Maison de jeu clandestine ayant mauvaise réputation. Tenir un tripot; courir les tripots; jouer dans un tripot; crapuleux, élégant, infâme, magnifique tripot; tapis du tripot; tenancière de tripot. Fréquentant (...) le Bœuf à la Mode et le Rocher de Cancale et passant les nuits dans les tripots, il dévora en quelques années les champs, les prés, les bois et le moulin de sa femme (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 180).La dissolution de la Sûreté générale entraînant celle de la police des Jeux (...) devra être complétée par la fermeture de tous les cercles, tripots, casinos de trente et quarante, de roulette, et de baccara (L. Daudet, Police pol., 1934, p. 320).V. bassette ex. 1.
P. anal. Pièce, local transformé temporairement en salle de jeux clandestine. Andrea était joueur, joueur effréné. Notre maison était devenue un tripot infâme où chaque nuit se ruinait quelque fils de famille de la noblesse milanaise (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 45).La salle à manger devient tripot. Les séances de poker et de baccara durent de deux à six heures du soir (Gide, Journal, 1943, p. 172).
P. métaph. Cette maison de lumière qui nous abrite du reste de l'univers devrait être le lieu des plus shakespeariens de nos rêves. Nous en faisons brusquement le tripot de notre orgueil (Giono, Poids du ciel, 1938, p. 91).
2. Lieu de débauche, endroit mal famé. Synon. bouge.Toute nue, onduleuse et le torse vibrant, La fleur des lupanars, des tripots et des bouges Bouclait nonchalamment ses jarretières rouges Sur de très longs bas noirs d'un tissu transparent (Rollinat, Névroses, 1883, p. 66).Libertin, coureur de tripots et de guilledoux villageois (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 92).
P. métaph. La terre! Ce n'est plus qu'un triste et mauvais lieu, Un tripot dégoûtant où l'or a tué Dieu (Barbier, Ïambes, 1840, p. 99).
En compos. L'enfer? un établissement de bains, un petit peu tripot-bordel, du côté de Montmartre (Le Nouvel Observateur, 15 mars 1971, p. 62, col. 4).
3. Endroit où s'effectuent des opérations louches, notamment des trafics financiers et boursiers. Un tripot de Bourse. [Aristide] aspirait ces souffles encore vagues qui montaient de la grande cité (...) où traînaient déjà des odeurs d'alcôves et de tripots financiers, des chaleurs de jouissances (Zola, Curée, 1872, p. 362).
4. Iron., vieilli. Assemblée, milieu où se nouent des intrigues, des querelles, des tripotages divers. Aussi était-il (...) président honoraire du Cercle artistique de la Marne, espèce de tripot prétentieux qui se tenait au casino (Toulet, Demois. La Mortagne, 1920, p. 47).Les modes du temps, les habitudes du tripot littéraire, les conventions d'école, font l'échafaudage de ses livres [de Rousseau] (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 83).
C. −
1. Vx. Action de tripoter.
a) [Corresp. à tripoter A 1 c] Synon. de pelotage, tripotage. (Dict. xixeet xxes.).
b) [Corresp. à tripoter B 1 a] Cette règle fort indulgente a laissé à la femme ce que demande son instinct naturel, le petit ménage, la petite cuisine, le petit tripot (Michelet, Journal, 1840, p. 342).
2. Action de jouer, de fréquenter les maisons de jeu clandestines. Retz, en jugeant le fond des choses qu'il méprise, n'en haïssait pas le jeu et le tripot. Il s'était fait à cette manière de vivre déréglée et libertine (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 5, 1851, p. 248).
3. Action de faire des opérations louches ou des manœuvres frauduleuses. Synon. magouille, trafic, tripatouillage, tripotage.Soyez persuadé que, pour fortifier la monarchie, il faut l'asseoir sur les lois, éviter l'arbitraire, les commissions fréquentes, les mutations continuelles d'emplois et les tripots ministériels (J. de Maistre, Corresp., 1794, p. 80).
Prononc. et Orth.: [tʀipo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1174-78 tripout « acte amoureux » (Étienne de Fougères, Livre des manières, éd. R. A. Lodge, 1117); b) fin du xiies. « action de tripoter, d'intriguer » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret4, 4346); 2. 1461-62 « lieu entouré de murs, aménagé pour jouer au jeu de paume » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1958); 1670 dans son tripot « dans son domaine, sur un sujet où il excelle » (Mmede Sévigné, Corresp., 3 déc., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 137); 3. 1726 « maison particulière dont les maîtres reçoivent des joueurs à des fins lucratives; maison de jeu, cabaret où l'on joue » (Lesage, Le Diable boiteux ds Romanciers du XVIIIes., éd. Etiemble, t. 1, p. 284); 4. 1757 « assemblée, société, lieu où s'épanouissent les intrigues, les basses querelles, les tripotages » (Voltaire, Lett. d'Argental, 3 mars ds Littré); 5. 1784 « endroit mal famé, mal fréquenté » (Diderot, Jacques le fataliste ds Œuvres romanesques, éd. H. Bénac, p. 614); 6. 1861 « lieu où l'on s'adonne à un trafic plus ou moins illicite, à des spéculations » (Marteau, Satires, p. 129). Dér., à l'aide du suff. -ot*, de l'anc. verbe triper « sauter, danser » (xiiies. ds T.-L.), réfection de treper (v. trépigner) qui s'est faite dans un milieu bilingue après les invasions, d'apr. les verbes germ. corresp. qui avaient un i dans leur rad. (FEW t. 17, p. 368b). Fréq. abs. littér.: 82.