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TRESSER, verbe trans.
A. −
1. Entrecroiser des mèches de cheveux, des crins d'animaux pour en faire une tresse, une natte. Synon. natter.Elle avait tressé ses cheveux bruns d'une main forte, et ils couronnaient durement ce front calme (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 90).Certains [lutins] soignent les chevaux, les pansent et les étrillent. Ils se plaisent à tresser leurs crins, et c'est à ce signe que les charretiers s'aperçoivent au matin de leur visite nocturne (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 92).
Au part. passé. Tressé de.Entremêlé de. Tressé de perles, de fleurs. On fait entrer pour tout cortège un attelage de deux mules qui ont un bouquet de plumes entre les oreilles, la queue tressée de rubans jaunes (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 206).P. anal. Les esclaves noires ou blanches (...) leur tendaient des colliers fleuris tressés de crocus (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 233).
2. P. anal. Assembler, entrecroiser des matériaux pour en faire une natte, une tresse, un objet. Tresser du chanvre, des lianes, des brins d'herbes, de l'osier, de la paille. Luc apportait les digitales des ravins et les jacinthes violettes. Il était tout près de Rachel; maintenant elle tressait les fleurs (Gide, Tentative amour., 1893, p. 73).Les Nambikwara (...) cultivent des jardins, filent le coton, en tissent des bandelettes, tressent les fibres, et modèlent l'argile (Lévi-Strauss, Anthropol. struct., 1958p. 130).
B. − Fabriquer un objet à l'aide de brins, de fils, de fibres entrelacés. Tresser des nasses, des paniers, des cordes; tresser des chapeaux de paille, des sacs, une couronne, une vannerie. Il était allé faire une commande à certain vannier de ce village, qui avait seul dans le pays la bonne manière pour tresser les casiers à prendre les homards (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 92).Elle faisait des paniers. Elle allait au ruisseau. Elle coupait l'osier et elle tressait la corbeille (Giono, Regain, 1930, p. 19).
P. métaph. Heureux le simple et doux poète du foyer Qui respire l'air frais de la nuit à sa porte Et tresse, au bruit que font la vigne et le rosier, Ses strophes, vers à vers, comme un flexible osier, Pour y garder l'amour que son âme en fleur porte (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 174).
Empl. abs. Je lus aussi une adresse imprimée d'un marchand de paille à tresser (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 172).Il s'asseyait au coin de l'âtre et se remettait à tresser sans rien dire, la tête basse, les lèvres serrées (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 22).
Empl. pronom. passif. De rameaux flexibles et qui se tressent bien en couronne. Sans une épine. Bien obéissants, bien conduits sous le doigt (Péguy, Porche Myst., 1911, p. 239).
Au part. passé. Tressé en.Capitaine, si vous croyez qu'il ne faut pas plus de temps au chanvre pour pousser que pour s'user une fois qu'il est tressé en cordages (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 2).Les Pomo de la Californie centrale, de tous les Indiens les plus célèbres par leur vannerie, faisaient des paniers torsadés pour y cuire leurs aliments au moyen de pierres chauffées, ainsi que des objets d'ornements tressés en spirale (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 142).
C. − Au fig.
1. Former, constituer. Allez, Charles, on ne brise pas en un instant les liens que tant d'années ont tressés, on n'oublie jamais un frère! (Balzac, Annette, t. 1, 1824, p. 186).Et la sauvage nature elle-même, elle est à lui [Homère], il la fait paraître; il lui garde un rôle; il en tresse des métaphores et des comparaisons (Alain, Propos, 1935, p. 1259).
Empl. pronom. passif. L'expérience de Françoise lui faisait saisir la collaboration mystérieuse qui se tresse entre le public et l'acteur (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1174).
2. Loc. Tresser des couronnes à qqn. Couvrir de louanges, glorifier quelqu'un. Je suis depuis quatre jours couché sur mon divan à ruminer ma position qui n'est pas gaie, bien qu'on commence à me tresser des couronnes (Flaub., Corresp., 1857, p. 160).Je découvris brutalement que je m'étais bien trompée; loin de m'admirer, on ne m'acceptait pas; au lieu de me tresser des couronnes, on me bannissait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 188).
P. anal. Tes Prétextes n'en seront donc point à ce que je te tresse de nouveaux lauriers (...) Tu es admirable, simplement (Jammes, Corresp.[avec Gide], 1900, p. 159).Si c'était à moi que revenait l'honneur de le recevoir [Montherlant] sous la Coupole, je ne finirais pas de trouver des gentillesses et de lui tresser des guirlandes à ma manière (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 310).
Prononc. et Orth.: [tʀ εse], [tʀe-], (il) tresse [tʀ εs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. « Exécuter à l'aide de brins entrelacés » fin xies. judéo-fr. trecier [un rideau pour servir de mur à une cabane] (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 1021), ex. isolé; 1803-12 tresser son panier (Delille, Imag., VI ds Littré); 2. « arranger, disposer en forme de tresse; entrelacer » a) 1150 part. passé (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 952: Celes vindrent, les chiés enclins, Treciees de fil d'or leur crins); ca 1160 (Eneas, 4010 ds T.-L.: A un fil d'or les ot treciez [chevels]); b) id. (ibid., 4074, ibid.: resnes de fin argent, Bien treciees menüement); ca 1175 (Benoît de Ste-Maure, Troie, 14898, ibid.: chäeines bien entailliees E de fil d'or menu treciees). B. Fig. 1. 1240-80 « entremêler » (Baudouin de Condé, Œuvres, 109, 76, ibid.: le bien ens el mal trechier); 2. 1815-33 tresser des couronnes (Béranger, Pauvre femme ds Œuvres, Paris, Perrotin, t. 4, 1834, p. 82). Dér. de tresse*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 223. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 318, b) 491; xxes.: a) 339, b) 207.
DÉR. 1.
Tressage, subst. masc.Action de tresser; manière dont un objet est tressé. Tressage de la paille; un tressage lâche, serré. Le tressage fort élémentaire des hérons, des cigognes, est dépassé déjà, non de beaucoup, par les vanniers des bois, par le geai, le moqueur, l'étourneau, le bouvreuil (Michelet, Oiseau, 1856, p. 213).L'art fémininlimité au tissage et au tressage sur la côte nord-ouest, incluant en plus le dessin chez les indigènes du sud du Brésil et du Paraguayest un art non représentatif (Lévi-Strauss, Anthropol. struct., 1958, p. 281). [tʀ εsa:ʒ]. 1reattest. 1856 tressage des racines et des bûchettes [dans les nids d'oiseaux] (Michelet, op. cit., p. 211); de tresser, suff. -age*.
2.
Tresseur, -euse, subst.a) Personne qui tresse, qui sait tresser. Tresseur de paniers, de corbeilles; tresseur de rotin, de corde. Le village envoie à la ville (...) les produits très curieux de l'industrie indienne, tels que les étoffes de coton, les tissus de laine, les ouvrages si recherchés des tresseurs de cuir (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 196).Empl. adj. [P. méton.] Hors des manches sortaient le blanc charnu annelé De bagues, de leurs doigts, tresseurs de longues nattes (Régnier, Prem. poèmes, Épis., 1888, p. 203).b) Chauss., maroq. Personne spécialisée dans le façonnage et le montage des tressés. Tresseur sur forme, sur semelle (Mét. 1955). Tresseur fin, tresseur-piqueur (Rama Maroq. 1975). c) Tresseuse de cheveux. ,,Ouvrière qui réalise la partie lourde du postiche`` (Mét. 1955). [tʀ εsœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. 1303 fém. tresseresse (Cah. de la Taille, Arch. mun. de Reims ds Gdf.: Maalos la tresseresse), ex. isolé, 1680 id. tréceuse « celle qui tresse les cheveux » (Rich.), 1690 masc. tresseur « commis d'un perruquier » (Fur.); de tresser, suff. -eur2*.
3.
Tressoir, subst. masc.a) Instrument servant à tresser les cheveux. Tressoir est le nom qu'on donnait à un grand peigne, au peigne à dents écartées, que nous appelons démêloir (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 188).b) Hist. du cost. Galon maintenant un filet enveloppant les cheveux au Moyen-Âge. Aux XIIe-XIIIesiècles, les femmes, afin de maintenir les cheveux sur la nuque, les relevaient par derrière en les prenant dans une coiffe entourée d'une résille (...), laquelle se fixait à la coiffe au moyen d'un galon ou tressoir souvent enrichi d'orfèvrerie et de pierres précieuses (Gayt. 21928).c) Outil de tapissier servant à marquer les distances où doivent être placés les clous d'ornement (d'apr. Jossier 1881). [tʀ εswa:ʀ]. 1resattest. a) Fin xies. judéo-fr. trecedoirs « tresses [de lin non filé] » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 1019), b) ca 1165 trecëor « ornement de tête tressé » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 1243 ds T.-L.), ca 1228 trecëoir (Gerbert de Montreuil, Violette, 5897, ibid.), 1239 trecouer (Compte, Bibl. nat. ds Du Cange, s.v. trica, tressorium), c) 1721 « instrument sur lequel on tresse les cheveux » (Trév.); de tresser, suff. -oir*.
BBG.Gohin 1903, p. 242 (s.v. tresseur).