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TREMBLER, verbe intrans.
A. − [Le suj. désigne un animé, un ensemble d'êtres animés]
1. Être agité d'une série de légers mouvements musculaires convulsifs souvent accompagnés d'une sensibilité thermique et provoqués par la fièvre, le froid, ou par une violente émotion. Synon. frémir, frissonner, grelotter, tressaillir.Trembler continuellement, nerveusement; trembler de tout son corps, de la tête aux pieds; trembler comme une/la feuille, comme un lapin, comme un lièvre; pâlir et trembler; rougir et trembler; gémir et trembler. Le premier soin de Jean Valjean avait été (...) d'entrer dans le hangar avec Cosette (...). Cosette tremblait et se serrait contre lui (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 552).Parvenue à la hauteur de Jos-Mari, Kate tremblait de tous ses membres. Jos-Mari alors la plaçait près de lui à l'abri du vent (...) afin qu'elle pût retrouver, recueillir ses forces (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 165).
a) [Le suj. désigne une partie du corps] Bras, genoux, jambes, lèvres qui tremblent. La voiture a fait une embardée, je suppose que mes mains tremblaient; j'ai ralenti, j'ai essayé de détendre mes doigts et de contrôler ma voix (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 198):
1. Je pris sa main, que je sentis trembler dans la mienne, comme si la pauvre enfant était saisie d'une terreur foudroyante. Elle eut la force de se lever pour s'en aller, mais ses genoux tremblaient aussi, et je n'eus pas de peine à la contraindre de se rasseoir. Bourget, Disciple, 1889, p. 158.
b) [Le verbe est suivi d'un compl. prép. introd. par de désignant une cause physique ou psychique] Nous eûmes la visite d'une bande de turcos qui ne savaient pas un mot de français. Vêtus de toile ils tremblaient de fièvre, ils montraient leurs blessures, mimant des charges à la baïonnette et réclamant assistance (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 269).Rosenthal (...) tremblait de colère en pensant aux quatre mille cinq cents arrestations préventives que le préfet de police avait organisées (Nizan, Conspir., 1938, p. 87).
c) Empl. trans., vieilli. Trembler la fièvre. Tu es resté malade chez un paysan qui t'a recueilli par charité comme tu tremblais la fièvre dans un fossé de la route (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 32).
2. Au fig. [Le verbe est gén. suivi d'un compl. prép. ou d'une sub. déterminant la ou les cause(s) du procès] Éprouver un sentiment intense d'appréhension, de crainte, d'épouvante. Synon. appréhender, avoir peur, craindre, s'alarmer, s'effrayer.Le gouvernement, le pays, le peuple tremble. Cette femme si emportée, qui faisait trembler tout le monde, douce avec moi, ne cherchait qu'à me calmer (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 152).
a) Trembler + compl. prép. introd. par devant, pour, sous + subst.Trembler devant Dieu, devant la loi, devant/sous un tyran, un seigneur, une autorité supérieure; trembler pour l'avenir. Tout tremblait sous le despotisme des prêtres et des rois (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 336).L'ordre des choses qui les contraignait à travailler toute la journée, toute la vie, pour un salaire dérisoire, à trembler devant le chef de rayon, etc., n'était pas le seul ordre possible (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 172):
2. Ce lieu de perdition projetait dans tout l'arrondissement un éclat fantastique (...). Les fermières des alentours en tremblaient pour leurs maris, les bourgeoises le redoutaient pour leurs bonnes, parce que la cuisinière de M. le sous-préfet y avait été surprise... Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 287.
b) Trembler de + inf.Trembler de dire, de faire qqc.; trembler d'être vu, reconnu. Il tremblait de commettre quelque gaucherie en dansant (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 12).Morel, retournant la tête à toute minute, tremblant d'être suivi et épié par M. de Charlus, avait fini, n'ayant remarqué aucun passant suspect, par entrer dans la villa (Proust, Sodome, 1922, p. 1081).
c) Trembler que + complét. au suj.Il regardait sa mère, sa sœur et le docteur alternativement, en tremblant qu'on ne devinât ses pensées (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 396).À mesure que Jeanne devenait une femme, sa mère tremblait davantage qu'elle ne tombât un jour amoureuse de quelqu'un, comme ses deux sœurs, et ne s'en allât (Nizan, Conspir., 1938p. 222).
d) Trembler à l'idée de + inf. ou subst.Dans l'effondrement de sa maison de banque, il bégayait, il tremblait à l'idée de la police (Zola, Nana, 1880, p. 1455).Il tremblait à l'idée d'arriver en retard à son bureau... ou d'entrer dans un bistrot (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 240).
B. − [Le suj. désigne une chose, un ensemble de choses] Être agité d'une succession rapide de petites secousses, de petits mouvements d'oscillation. Synon. frémir, osciller, remuer, trémuler, vibrer.Feuillages qui tremblent; vitres, piles d'assiettes qui tremblent; gelée qui tremble dans un plat. Le roulement continu du canon faisait trembler nos bouteilles et danser les assiettes peintes de la crédence (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 186).Lui aussi contemplait toutes ces feuilles et sa main parut invinciblement attirée par l'une d'elles qu'il éleva en transparence devant l'ampoule électrique sans abat-jour. La feuille tremblait dans sa main (Camus, Peste, 1947, p. 1302).
1. [Le suj. désigne une lumière, un phénomène lumineux; l'accent est mis sur l'impression visuelle] Vaciller, varier d'intensité. Il (...) vit à travers les vitres trembler la chaste et timide lueur qu'il avait si souvent regardée (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 511).Je suis entré au bal de Loisy à cette heure mélancolique et douce encore où les lumières pâlissent et tremblent aux approches du jour (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 610).
2. [Le suj. désigne une source sonore; l'accent est mis sur l'impression auditive, sur l'espace où règne le phénomène sonore] Synon. trémuler, vibrer.Les oiseaux pépiaient, le bourdonnement des insectes tremblait dans l'air chaud du matin d'été (Vogüé, Morts, 1899, p. 379).Il sonna. Comme le silence sans bornes du matin régnait autour d'eux et que tout bruit était parfaitement amorti sur le fleuve par les plumes du brouillard, la sonnerie trembla assez loin dans la campagne (Nizan, Conspir., 1938, p. 169).
[En parlant du son de la voix] Présenter de brusques variations de hauteur, d'intensité, sous l'effet d'une sensation, d'une émotion. Synon. chevroter.Toute l'angoisse de la terrible semaine fait trembler sa voix, lorsqu'elle demande à Antoine:« Ont-ils seulement dîné, ces pauvres enfants? » (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 653).
3. [Le suj. désigne l'écorce terrestre] Être atteint, ébranlé par un séisme. Le sol tremble. Par des ouvertures éloignées du cratère on voyait la lave sourdre du sol (...). La montagne trembla plus fortement; mais les flots n'en furent point émus, et rien ne me parut plus beau que le sommeil de la mer souriant sous ce volcan déchaîné (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 200).La terre ne trembla pas; il n'y eut pas de signes dans le ciel (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 169).
REM. 1.
Tremblade, subst. fém.,hapax. [À propos d'un cheval] Hennir à la tremblade. Hennir en émettant un son tremblé. Il y avait le cheval, en bas, dans l'écurie (...). On l'entendait taper du pied, secouer la chaîne, se gratter aux ridelles, et même hennir à la tremblade comme une trompette (Giono, Regain, 1930, p. 174).
2.
Tremblocher, verbe intrans.,hapax. Synon. de trembloter.V. chocotter rem. s.v. chocotte ex. de Céline.
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃ble], (il) tremble [tʀ ɑ ̃:bl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Déb. xiies. « éprouver de la crainte, de l'inquiétude » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXVI, 2, p. 31: de qui tremblerai-je?); 2. déb. xiies. « être agité de petits mouvements musculaires vifs (causés par une émotion) » (ibid., LII, 6, p. 70: iluec tremblerent de pour); spéc. ca 1180 « chevroter (de la voix) » (Hue de Rotelande , Ipomedon, éd. A. J. Holden, 10423: Ipomedon tost la salue Od voiz tremblante); 3. déb. xiies. « être agité de mouvements, de secousses (de choses) » (Psautier Oxford, XVII, 9, p. 18: et tremblat la terre; LXXV, 8, p. 102: la terre trembla e reposa). D'un lat. pop. *tremulare, dér. de tremulus « qui tremble », du class. tremere « trembler » et « avoir peur ». Fréq. abs. littér.: 5 859. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 499, b) 8 930; xxes.: a) 10 057, b) 7 674. Bbg. Ascoli (C. I.). Saggiuoli diversi. Archivo glottologico italiano. 1890, t. 11, pp. 440-447.