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TRÉBUCHER, verbe
I. − Empl. intrans.
A. − Vx ou littér. Tomber. Synon. s'affaisser, choir.Trébucher du faîte des grandeurs (Ac.).
Trébucher sur, dans.Des plaintes de supplicié s'entendent à travers la porte d'une chambre (...). Gilles se décide, malgré sa peur; il va forcer la porte quand elle s'ouvre et Prélati trébuche, sanglant, dans ses bras (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 132).La douleur ressentie dans ma chair et l'épouvante vrillée en moi furent si fortes que je trébuchais sur le carrelage et je m'évanouis (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 119).
P. métaph. Nous faisons le mal et nous en souffrons, jusqu'à ce que l'instinct qui nous porte au bien, et la réflexion qui nous fait trébucher dans le mal, soient remplacés par la science du bien et du mal, qui nous fasse avec certitude chercher l'un et éviter l'autre (Proudhon, Propriété, 1840, p. 324).
B. − Faire un faux pas, perdre l'équilibre, mais sans tomber. Synon. achopper (fam.), broncher (fam.), chanceler, chopper (fam.), vaciller.Par une petite comédie qui lui était familière, elle sortit du salon en courant, en marchant sur sa robe, en trébuchant, en poussant un cri d'effroi, en se retenant à un meuble (Barrès, Serv. All., 1905, p. 52).Les pavés accumulés le faisaient trébucher sans cesse, et l'obscurité très dense rendait impossible de suivre le trottoir (Malraux, Espoir, 1937, p. 717).
P. métaph. Pour la plupart des hommes, mourir est un accident: ils trébuchent et disparaissent dans la trappe comme des bêtes surprises (Mauriac, Journal 1, 1934, p. 37).
Trébucher sur, dans, contre.Se heurter à un obstacle. Synon. buter.Trébucher sur un corps étendu, sur des pierres; trébucher dans la neige, la boue, l'escalier; trébucher contre un meuble. Une porte s'ouvrait dans l'ombre et le visiteur, dès le premier pas, trébuchait contre des livres (Duhamel, Cécile, 1938, p. 83).La réunion se tenait sous un préau d'école, on trébuchait dans les bancs (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 165).Un enfant qu'on traînait par la main (...) trébucha sur des bagages, reçut une claque, se mit à pleurer (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 28).
Trébucher sous qqc.Perdre l'équilibre sous le poids de quelque chose. Synon. chanceler, vaciller.Jésus (...) butait et trébuchait sous le poids de sa croix (Green, Chaque homme, 1960, p. 338).
C. − Au fig.
1. Vieilli. Faire un faux pas, une erreur dans la vie, dans une affaire. Le ministre de la Justice qui confirmait le tout de sa haute honorabilité, c'était M. Thévenet. Quoiqu'il ait souvent trébuché depuis lors, nous attendons encore sa plus belle culbute (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 257).
Proverbe. Qui trébuche et ne tombe point, avance son chemin. ,,Les faux pas importent peu, pourvu qu'on arrive au but`` (Ac. 1835-1935).
2. Hésiter, être arrêté par une difficulté; faire une erreur. Marie de Lados fait réciter à Raymond son Credo. Toujours aux mêmes endroits, il trébuche (Mauriac, Genitrix, 1923, p. 383).
[Dans une tournure factitive] Il est plus d'un problème insoluble qui fait trébucher les plus confiants. Malheur, selon moi, à qui ne le sait pas (Renard, Corresp., 1883, p. 31).
Trébucher sur, contre.Synon. buter sur, contre.Trébucher sur un mot, sur un problème. D'une voix embrouillée par l'ivresse et trébuchant contre les mots et les souvenirs, le voisin de Shakespeare lui racontait l'histoire du docteur Faust (L. Daudet, Voyage Shakesp., 1896, p. 286).C'était un analphabète, comme tout le restant de la troupe, sauf mon ex-amante (...) qui croyait savoir lire et déclamait prétentieusement (...), trébuchant sur les « l », glissant sur les « j » (...), escamotant la moitié des mots (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 249).
II. − Vieux
A. − Empl. intrans.
1. [Le suj. désigne la balance ou le trébuchet; corresp. à trébuchet B] Pencher d'un côté. Marchands dont la balance incorrecte trébuche; (...) Est-ce que vous croyez que la France c'est vous (Hugo, Châtim., Paris, Hachette, 1932 [1853], p. 207).
2. Faire pencher la balance. Pièces d'or qui trébuchent. (Dict. xixeet xxes.).
[Dans une tournure factitive] Son front jaune [du vieillard] était plissé comme celui des hommes habitués à ne rien croire, à tout peser, et qui, semblables aux avares faisant trébucher leurs pièces d'or, cherchent le sens et la valeur exactes des actions humaines (Balzac, MeCornélius, 1831, p. 204).
B. − Empl. trans. Peser au trébuchet (le plus souvent des pièces d'or afin de vérifier leur poids). (Dict. xixeet xxes.).
REM. 1.
Trébuchage, subst. masc.,vx. Action de peser au trébuchet. (Dict. xixeet xxes.).
2.
Trébucher, subst. masc.[Corresp. à supra I C 2] Je lève les yeux, je vois une étoile, je pense au Lys dans la vallée, je pense à l'été, à la moisson, à la boisson, et ainsi de suite. Ces liaisons immédiates sont toutes aussi absurdes que la dernière que j'ai citée. Celle-ci n'est qu'un trébucher de langue (Alain,Propos,1933, p. 1148).
Prononc. et Orth.: [tʀebyʃe], (il) trébuche [-byʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) fin du xes. « renverser, faire tomber » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 494); b) ca 1145 au fig. (Wace, Conception Notre-Dame, éd. W. R. Ashford, 1080); 2. a) 1329 « diminuer le poids des monnaies » (Ordonnances des rois de France, t. 2, p. 39); b) 1636 « peser (une monnaie) au trébuchet » (Monet). B. Intrans. 1. a) 1121-34 « tomber » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1558); b) ca 1145 au fig. « tomber » (Wace, op. cit., 1081); 2. 1538 absol. « faire un faux pas » (Est. d'apr. FEW t. 15, 2, p. 3b); 3. a) 1572 « faire des faux pas dans la conduite intellectuelle ou morale » (Amyot, De la mauv. honte, 25 ds Littré); b) 1668 au fig. « être arrêté par une difficulté, hésiter » (Boileau, Satires, IX, 152, éd. A. Cahen, p. 128); 4. 1606 « faire incliner d'un côté le plateau de la balance (en parlant d'une monnaie) » (Nicot). Dér., à l'aide du préf. tré- (b. lat. tra- pour le lat. trans- « au-delà de, par-delà ») et de la dés. -er, du subst. a. fr. buc « tronc du corps » (att. dep. ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 3289), issu de l'a. b. frq. *būk « ventre », cf. le m. néerl. buuc « ventre; tronc », l'a. h. all. būh « id. » (FEW t. 15, 2, p. 6a). Fréq. abs. littér.: 409. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 258, b) néant; xxes.: a) 727, b) 791.
DÉR.
Trébuchement, subst. masc.,vieilli ou littér. a) Fait de trébucher, de faire un faux pas. [A. Daudet] se cogne contre une racine d'arbre serpentant à fleur de terre dans une allée, et je crois qu'il va tomber à la suite d'un trébuchement prolongé en des mouvements désordonnés (Goncourt, Journal, 1887, p. 708).b) Au fig. Faux pas, erreur, écart de conduite. Il est déshonnête de se surfaire (...). Même les saints, même les plus hardis héros, ont connu des heures de défaillance, de retombement et de doute. L'important, c'est qu'ils en aient triomphé. Le spectacle de leurs trébuchements mêmes nous instruit (Gide, Journal, 1934, p. 1210). [tʀebyʃmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. a) 1remoit. du xiies. « chute, ruine, renversement » (Psautier Oxford, LI, 4 ds T.-L.), b) ca 1265 « défaillance morale » (Brunet Latin, Trésor, éd. F.-J. Carmody, p. 214, 146), c) 1539 « action de faire un faux pas » (Est.); de trébucher, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér.: 15.
BBG.Livingston (Ch.-M.). L'Anc. fr. « bu(c) » et le fr. mod. « trébuchet, trébucher ». R. Ling. rom. 1938, t. 14, pp. 237-256.