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TRANSPORTER, verbe trans.
I. − Transporter qqn/qqc.
A. − Faire changer de place, de lieu.
1. [Le suj. désigne une pers., un organisme ou un moyen de transp.; le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose concr.] Déplacer d'un lieu à un autre en portant, le plus souvent sur une certaine distance, par des moyens appropriés. Elle déposa du bœuf, des bananes, du lait sur une chaise près du malade, transporta des gâteaux secs et de la grenadine auprès du lit vide et s'y coucha (Cocteau, Enfants, 1929, p. 43).Dès les premiers mois de son exploitation, la ligne transportait chaque jour 1 500 voyageurs et 1 000 tonnes de marchandises (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 263).
SYNT. Transporter une armée, des bagages, un blessé, un cadavre, le courrier, un malade; transporter qqn dans sa chambre, dans/sur son lit, à l'hôpital; entreprise, société qui transporte qqn/qqc.; bâtiment, camion, navire, wagon qui transporte qqn/qqc.; transporter qqn/qqc. par avion, par mer, en auto(mobile), en chemin de fer.
Transporter ses (dieux) lares. V. lare.Transporter des montagnes. V. montagne.
Empl. pronom. [Le suj. désigne le plus souvent une autorité] Synon. se rendre.Commissaire, juge qui se transporte sur les lieux. J'invite donc tous les bons citoyens à s'assembler immédiatement, à se transporter au comité national des recherches (Marat, Pamphlets, C'en est fait de nous, 1790, p. 205).Un conseil de révision, tribunal administratif qui se transporte dans chaque chef-lieu de canton (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 48).
P. ext. Déplacer d'un lieu à un autre. Synon. transmettre.Transporter l'énergie, l'électricité, l'influx nerveux. L'invention de l'alternateur et du transformateur permit de transporter du courant à 11 000 volts (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 349).
2. Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Obliger quelqu'un à aller d'un lieu à un autre; en partic., faire subir la peine de la transportation. Synon. bannir, déplacer, déporter, exiler.Le frère d'Amélie fut condamné à être transporté en France, comme perturbateur du repos de la colonie (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 367).On ôta Sparte aux Achéens, on leur ôta Messène. Après la ruine de Persée, on transporta mille des leurs à Rome (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 98).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Conduire, mener par la pensée, par l'imagination (dans un autre lieu, dans une autre époque). C'est surtout à la musique qu'il demandait de le transporter dans un monde nouveau (Béguin, Âme romant., 1939, p. 183).Le chant de la grive dans le parc de Montboissier le transporte dans les bois de son enfance (Durry, Nerval, 1956, p. 75).
Empl. pronom. Le devoir de l'historien est de se transporter dans le passé, de s'identifier avec lui (Quinet, Napoléon, 1836, p. 150).
B. −
1. DR. [Le compl. d'obj. désigne un droit, un bien incorporel] Faire passer par un acte juridique d'une personne à une autre. Synon. céder, transférer.Transporter une créance, une dette; transporter la propriété d'un bien. L'estimation donnée au cheptel dans le bail n'en transporte pas la propriété au preneur (Code civil, 1804, art. 1805, p. 327).
P. ext. Faire passer d'un lieu à un autre. Une ferme ou deux, partie de l'héritage de mon oncle, m'y assuraient un cens suffisant pour y transporter mon droit électoral (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 304).
2. [Le compl. d'obj. désigne une instit., une juridiction, un événement] Faire passer d'un lieu à un autre. Synon. transférer.Transporter la capitale d'un pays, le siège d'une société d'une ville à une autre. Le duc de Bourgogne résolut (...) de transporter l'attaque de l'autre côté de la rivière, où la contrée avait été moins dévastée (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 277).L'exode de 1940 transporta Le Jour-Écho de Paris dans le Midi (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 48).
3. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Placer ailleurs, dans un autre domaine, un autre contexte. Synon. transplanter.Transporter une idée dans une pièce de théâtre; transporter un mot dans une autre langue. L'artiste, pour transporter ses modèles dans le roman ou sur la scène, est forcé de choisir, de ne retenir de la réalité que les traits expressifs (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 250).Les philosophes (...) se trompent quand ils transportent dans le domaine de la spéculation une méthode de penser qui est faite pour l'action (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 156).
Empl. pronom. Rimbaud (...), content de s'être transporté une fois aux limites de la littérature, n'a plus écrit (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 160).
II. − Transporter qqn (vieilli ou littér.)
A. − [Avec un compl. second. introd. par de désignant une émotion, un sentiment] Agiter d'un sentiment violent, émouvoir vivement, mettre hors de soi. Synon. emporter, saisir, soulever.Transporter d'admiration, d'amour, de bonheur, de colère, d'enthousiasme, de fureur, de haine, d'indignation, de joie. Autour de nous grandissent trois enfants dont la vue seule me transporte de plaisir (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 432).Ce qui me transportait de mélancolie, c'était la conviction que ma jeunesse est derrière moi (Barrès, Cahiers, t. 2, 1899, p. 97).
B. − [Sans compl. second.] Faire éprouver une vive satisfaction, ravir de plaisir. Synon. émouvoir, enthousiasmer.Jaurès, le « tribun à l'odeur forte » dont l'éloquence transportait Anna de Noailles (Blanche, Modèles, 1928, p. 56).Le cœur apprend (...) que cette émotion qui nous transporte devant les visages du monde ne nous vient pas de sa profondeur mais de leur diversité (Camus, Sisyphe, 1942, p. 131).
REM.
Transportant, -ante, part. prés. en empl. adj.,littér. [Corresp. à supra II] Qui transporte. Au sein du roman le plus transportant, un ton de convention, de genre (Sainte-Beuve, Portr. femmes, 1844, p. 105).Je dois à l'honnêteté de signaler tout de suite son feuilleton sur Richelieu (de J.-F. Chiappe) (...) C'est enlevé, c'est transportant (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 108, col. 3).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃spɔ ʀte], (il) transporte [-pɔ ʀt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1280 pronom. « se diriger, se mouvoir » (Clef d'amour,123 ds T.-L.); 1302 id. se transporter devers qqn (Giry, Hist. de la ville de St Omer jusqu'au XIVes., p. 442); b) 1291 dr. trans. transporter [un droit] à qqn « transférer à quelqu'un le droit qu'on a sur quelque chose » (Aumonieres, H 20, A. H.-Saône ds Gdf. Compl.); 1292 transportons et translatons ... tout le droit (Août, Pontigny, Montigny, Arch. Yonne H 1405 ds Gdf., s.v. translater); c) fin xives. trans. « porter d'un lieu dans un autre » (Vie St Evroul, éd. F. Danne, 1622); 1729 avec un suj. désignant le moyen de transport la machine à transporter de gros arbres (Fonten., Truchet ds Littré); 1803 « (en parlant de la foi) déplacer » transporter les montagnes (Chateaubr., Génie, t. 1, p. 87); 2. 1532 trans. fig. et littér. « conduire, porter quelqu'un, en imagination, en esprit, dans un autre lieu, une autre époque » gens plus eslevez et transportez en pensée (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, XIII, ligne 105, p. 106); 1538 pronom. se transporter dans, à « se porter par la pensée dans un temps, un lieu où l'on n'est pas » (Est.); 3. 1560 [éd.] trans. « faire passer à un autre endroit, dans un autre contexte » (Calvin, Institution chrétienne, éd. J. D. Benoît, IV, chap. I,6, t. 4, p. 17); 4. a) 1564 id. « transférer, établir ailleurs » (Indice et rec. univ. de tous les mots princ. des livres de la Bible, Paris, Ecclesiaste, 10, 8); b) 1564 « déplacer, déporter une population » (ibid., Esdras, 3, 5); en partic. 1757 [éd.] « envoyer dans les colonies d'outremer en tant que condamné aux travaux forcés » (Montesquieu, Esprit des lois, VI, 16, éd. J. Brethe de la Gressaye, t. 1, p. 169); d'où 1848 un transporté part. passé subst. « personne condamnée à la transportation » (L'Événement, 14 août ds Hugo, Actes et par., 1, 1875, p. 565); 5. 1749 trans. « être le moyen, l'agent par lequel s'effectue le déplacement de quelque chose » (Buffon, Hist. et théorie de la terre, p. 85: les nouveaux sédimens que les eaux y transportent). B. 1. Fin xiiies. trans. « mettre hors de soi par un sentiment violent » (Dits âme, A 33h ds T.-L.: O joie qui le coer transporte Et ravist); 2. 1574 pronom. « s'émouvoir, éprouver des sentiments violents » (Garnier, Cornélie, 433 ds Les Tragédies, éd. W. Foerster, t. 1, p. 99). Empr. au lat. class.transportare « transporter, déporter », comp. de trans- (v. élém. formant trans-) et de portare (v. porter). Fréq. abs. littér.: 2 056 (transportant: 86). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 832, b) 2 826; xxes.: a) 1 887, b) 2 824. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 431.