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TRANCHÉE, subst. fém.
A. −
1. Excavation de longueur et de profondeur variables pratiquée dans le sol et destinée à divers usages (construction de fondations, pose de conduites ou de câbles, écoulement des eaux, plantation d'arbres...). Creuser, ouvrir une tranchée; combler, refermer une tranchée; tranchée couverte, maçonnée; tranchée de drainage. Les ouvriers coupaient la plaine par une longue tranchée profonde de huit pieds et aussi étroite que possible; on était occupé à rechercher, le long de l'ancienne voie romaine, les ruines d'un second temple (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 176).Il marchera jamais ton bazar! C'est pas Dieu possible! Ça va être encore une sottise!... Tu vas défoncer la maison avec tes tranchées! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 551).
P. anal. Au nord, la sombre tranchée dans laquelle s'enfonce la Meuse et d'où montait une lumineuse vapeur bleue (Hugo, Rhin, 1842, p. 51).J'avançais, par l'étroite tranchée qui coupait les tiges sèches, dans un froissement d'osselets qui faisait vivre sinistrement ces solitudes (Gracq, Syrtes, 1951, p. 73).
2. Spécialement
a) BÂT. Tranchée de mur. Entaille étroite pratiquée dans une maçonnerie pour sceller une pièce importante. (Dict. xixeet xxes.).
b) TRAV. PUBL. Fouille en longueur, dont les parois sont généralement aménagées, exécutée pour permettre le passage d'une voie de communication. Tranchées de chemin de fer. Ils étaient arrivés à un endroit où la route cantonale est creusée à travers une faible élévation du terrain. Cette tranchée offre deux talus assez roides, comme on en voit tant sur les routes de France (Balzac, Paysans, 1850, p. 320).
c) HORTIC. Ouverture longitudinale pratiquée dans le sol pour y mettre en jauge des végétaux (d'apr. Bén.-Vaesk. Jard. 1981).
d) SYLVIC. Voie rectiligne ouverte dans une forêt et pouvant servir de pare-feu (d'apr. Agric. 1977). Au point culminant du bois, une tranchée dévale brusquement en face de Rembercourt, et par cette éclaircie on peut, sans être vu, plonger comme à vol d'oiseau au-dessus des cours et des jardins (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 99).
B. − DÉFENSE
1. Dans la guerre de siège, fossé profond creusé par les assaillants pour pouvoir s'approcher à couvert. Synon. boyau, sape2.Parapet d'une tranchée; tranchée double (à double parapet); tête de tranchée (partie de la tranchée la plus proche de la place assiégée). Les fièvres (...) ont déjà comblé de morts, dès 1834, les premières tranchées de la citadelle (Michelet, Journal, 1838, p. 279).Le 19 août la tranchée fut ouverte devant le Trocadéro. Le 31, le Trocadéro est enlevé, ainsi que le fort Saint-Louis (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 213).
2. P. ext. Fossé, creusé à proximité des lignes ennemies, permettant la circulation des troupes et le tir à couvert. Lignes, réseau des tranchées; tranchée protégée par des sacs de terre; artillerie, périscope de tranchée. Ça, c'est l'ancienne tranchée boche, qu'ils ont fini par lâcher... Elle est par endroits bouchée; à d'autres, criblée de trous de marmite. Les sacs de terre ont été déchirés, éventrés (...), les boiseries d'étai ont éclaté (...) les abris sont remplis jusqu'au bord par de la terre (Barbusse, Feu, 1916, p. 165).C'est d'ailleurs étonnant ce que l'argot des tranchées a pu réussir à exprimer d'idées sordides en images lugubres (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1033).
Guerre de tranchées. Guerre dans laquelle le front est jalonné par une ligne continue de tranchées que chacun des deux adversaires tente de percer. Synon. guerre de position*; anton. guerre de mouvement*.Il est également évident que dans la guerre de tranchées à l'ordre du jour, il faut pouvoir lancer des bombes, donc prévoir des mortiers (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. 249).Je fis remarquer au Président que la préparation à la guerre de tranchées était moins longue pour la troupe et surtout pour les officiers que la préparation à la guerre de mouvement (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 457).
3. Locutions
a) Être de tranchée. Être de service dans une tranchée. (Dict. xxes.).
b) Monter, descendre la tranchée. Prendre, quitter le service d'une tranchée. Hé, nez de bœuf, on dit que t'as la tremblote pour monter aux tranchées (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 69).
c) Nettoyer la/une tranchée. La prendre d'assaut, en chassant ou tuant ses occupants. (Dict. xixeet xxes.).
REM. 1.
Tranchée-abri, subst. fém.,défense. Tranchée aménagée et couverte pour servir d'abri. Sous le feu commençant des Prussiens, on creusait encore des tranchées-abris, on élevait des épaulements (Zola, Débâcle, 1892, p. 239).Dans la tranchée-abri, près de la place Clichy, on a découvert le cadavre de M. Eugène Soulas (...) sans domicile connu (L'Œuvre, 19 janv. 1941).
2.
Tranchecaille, subst. fém.,arg. des poilus, synon. (supra B 2).On est arrivé en renfort ce matin, on nous fout aux tranchecailles ce soir, tu parles s'ils ne perdent pas de temps (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 272).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃ ʃe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 « excavation, fossé creusé » ici, dans un but de défense (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3156: ont ovré A la tranchiee et al fossé, As bretesches et as paliz). Part. passé fém. subst. de trancher*. Fréq. abs. littér.: 939. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 418, b) 666; xxes.: a) 2 056, b) 2 046. Bbg. Quem. DDL t. 18 (s.v. tranchée-abri), 21.