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* Dans l'article "TRAMER,, verbe trans."
TRAMER, verbe trans.
A. − TISS. Croiser les fils de trame avec les fils de chaîne préalablement tendus sur un métier de manière à former un tissu, une étoffe. Elle était toute vêtue de perles (...) et les arabesques de sa robe tramée d'argyrose étaient de l'or le plus fin (Lorrain, Contes chandelle, 1897, p. 36).
P. métaph. C'était le printemps, tramé, lamé d'or et d'azur, avec de larges bandes d'argent et d'un bleu plus profond (L. Daudet, Amour. songe, 1920, p. 219).
Empl. pronom. Étoffe qui se trame avec du coton (Rob. 1985). P. métaph. Mais nul des dormeurs ne s'éveillait et les ronflements se tramaient et se chaînaient, comme une belle étoffe sonore et sans trou (Arnoux, Abisag, 1919, p. 193).
B. − P. anal., PHOTOGRAV., part. passé en empl. adj. Photographie, cliché tramé(e). Photographie, cliché exécuté(e) au moyen d'une trame. Les ateliers d'un grand quotidien peuvent exécuter toutes ces opérations, depuis la photographie tramée jusqu'au cliché prêt à l'impression en quarante-cinq minutes (Prinet, Phot., 1945, p. 60).
C. − Au fig. Nouer des intrigues dans le but de nuire. Synon. combiner, machiner, manigancer, ourdir.On dirait que M. Cavaignac a pris la parole tout exprès, au Mans, pour justifier ce mot d'Urbain Gohier que « les éternels ennemis du peuple et de la patrie, les internationaux de Coblentz et de Rome, ont tramé ce complot: de lancer sur la nation l'armée nationale » (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 297).Alors dans la nuit même, il écrivit au prince de Conti pour lui dire ses découvertes et sa décision de demeurer en France et de « s'exposer, armé de sa seule innocence, à tous les complots que la puissance, la ruse et l'injustice pouvaient tramer contre elle » (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 261).
Empl. pronom. Se préparer en cachette, s'ourdir. Il eut un moment l'espérance de surprendre Bordeaux, où se tramait une conjuration en faveur des Français; mais elle fut découverte (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 353).Et si je cédais aux exhortations d'un confesseur scrupuleux, si j'éclairais la justice sur les complots abominables qui se trament dans ma demeure? (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 367).
REM.
Tramage, subst. masc.,,Confection des canettes, trames ou bobines destinées à constituer la trame proprement dite pour le tissage`` (Lar. encyclop.). Les tissus à une trame (tramage uni) sont tissés à l'aide d'une tête d'amenée (...) dans laquelle le fil de trame reste enfilé en permanence (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 175).
Prononc. et Orth.: [tʀame], (il) trame [tʀam]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. trame, tram. Étymol. et Hist. A. 1. xiiies. [ms.] (Dit des Outils de l'ostel, 23 ds T.-L.: Mainages tist [...] et traimme Dras et buriaus); 1306 euvres tremées (Guillaume Guiart, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 17219); 2. 1935 terme de photograv. (Arts et litt., p. 2815). B. Fin xvies. trans. tramer des conjurations encontre (quelqu'un) (E. Pasquier, Rech., V, 25 de Œuvres, t. 1, Amsterdam, libraires assoc., 1723, col. 498); 1792 réfl. (Beaumarchais, Mère coupable, I, 2: Il se trame ici quelque horreur). Dér., dès le lat. tardif, de trama (trame*); cf. ital. tramare, cat. esp. port. tramar (FEW t. 13, 2, p. 196 a). Fréq. abs. littér.: 188.
DÉR.
Trameur, -euse, subst.,tiss. a) Ouvrier, ouvrière chargé de disposer sur les canettes les fils de trame. (Dict. xixeet xxes.). b) Subst. fém. Machine qui produit les fils de trame. (Dict. xixeet xxes.). [tʀamœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. a) α) 1313 « tisserand » Jehan le tremeur (Taille de Paris l'an 1313, fol. 12c, éd. K. Michaëlsson, p. 68), β) 1723 « personne qui dispose les fils de trame pour la fabrication des étoffes » (Savary), b) 1587 fig. trameur « celui qui trame un complot, des troubles » (Vignier, Bibl. hist., III, 297 ds Gdf. Compl.); de tramer, suff. -eur2*.
BBG.George (K.). Les Désignations du tisserand ds le dom. gallo-rom. Tübingen, 1979, p. 28, 95 (s.v. trameur).