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TRÊVE, subst. fém.
A. −
1. Cessation des hostilités, suspension d'armes pendant un temps déterminé en vertu d'un accord entre deux puissances ou deux partis en guerre. Courte, longue trêve; trêve loyale; rupture d'une trêve; accorder, demander, établir, imposer, signer une trêve; violer la trêve. Lors du siège de Sébastopol, dans les trêves entre les deux armées, on donna des bals où les officiers français tentèrent de plaire à des femmes russes (Goncourt, Journal, 1888, p. 790).Vos compagnons et mes conseillers viennent de s'entendre sur les termes du traité. Nous concluons une trêve de dix ans, dix mois, dix jours et dix heures (Barrès, Jard. Oronte, 1922, p. 20).
Faire trêve. Il fut un temps où, dans la guerre, on faisait trêve pour enterrer les morts et recueillir les blessés (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 15).
COMM. Trêve marchande (vx). Trêve durant laquelle le commerce est permis entre deux pays en guerre. (Dict. xixes.). Trêve de pêche (vieilli), trêve pêcherie (vx). ,,Convention que peuvent faire deux puissances belligérantes ennemies, de respecter les navires de pêche, et de leur laisser leur industrie`` (Bonn.-Paris 1859).
HIST. (Moy. Âge). Trêve de Dieu. Institution de paix par laquelle l'Église limitait les guerres privées en interdisant toute hostilité entre seigneurs du mercredi soir au lundi matin et à certaines époques de l'année (Avent, Noël, Carême, Pâques). L'Église en profita [du renouveau de l'esprit religieux] pour imposer les règles qui limitaient les guerres privées et le brigandage: ce fut la trêve de Dieu (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 53).
2. P. anal. Suspension provisoire d'un conflit entre des personnes. Trêve politique, sociale. Il y avait entre les deux hommes une trêve tacite, comme une étude réciproque, de plus en plus bienveillante (Zola, Débâcle, 1892, p. 71).
Fam. Trêve des confiseurs. V. confiseur B 2.Mon cher Vanier, Maintenant que voici passée « la trève des Confiseurs », recausons un peu... pas d'argent (...) parlons littérature (Verlaine, Corresp., t. 2, 1892, p. 195).
B. − Au fig. Suspension, arrêt d'une action; arrêt dans le déroulement de ce qui est dur, pénible, dangereux. Synon. relâche, répit.Trêve hebdomadaire, paisible; trêve du dimanche; trêve d'une maladie; une heure de trêve; s'accorder une trêve. Elles ont enfin le temps de se sourire et de vivre un instant pour elles-mêmes dans la trêve de la vie dure et quotidienne (Maeterl., Trésor humbles, 1896, p. 79).C'était une trêve délicieuse; pendant deux heures j'avais l'illusion de n'être plus prisonnier (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 327).
Interj. Trêve, donc!... Paix, là, mes chéries... Point de querelles! (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 121).
Expressions
Ne pas avoir, ne pas laisser de trêve. Ne pas avoir de fin, ne pas laisser de répit. Presque toutes les femmes n'avaient pas de trêve dans leur effort pour lutter contre l'âge et tendaient, vers la beauté qui s'éloignait comme un soleil couchant et dont elles voulaient passionnément conserver les derniers rayons, le miroir de leur visage (Proust, Temps retr., 1922, p. 947).
N'avoir ni repos, ni trêve; n'avoir ni paix, ni trêve; n'avoir ni trêve, ni relâche. Ne pas avoir un instant de répit. Les paysans ne sont pas si fous que d'aller s'établir précisément sur le passage des soldats. Ils n'auraient ni trêve ni repos et finiraient par mourir de faim (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 204).
Faire trêve à (qqc.). Cesser, suspendre, interrompre (quelque chose) pour quelque temps. Faire trêve aux railleries. Scapin, il me faut tenir à deux mains ma vaillance, faire trêve aux duels, guerres, massacres, dévastations (...). Je me repose (Gautier, Fracasse, 1863, p. 115).
Locutions
Trêve de, loc. prép. Assez de. Trêve de bavardage(s), de cérémonie(s), de simagrées, de plaisanterie(s). Rabagas, en bon garçon: (...) Voyez comment je vous conte mes petites affaires moi, c'est charmant! Éva, sèchement: Trêve de raillerie, s'il vous plaît! (Sardou, Rabagas, 1872, IV, 14, p. 204).Je montre mon polichinelle.Trêve de bêtises! Vous recommencerez demain la comédie avec un autre (Bernanos, Imposture, 1927, p. 467).
Trêve à, loc. prép., vieilli. Assez de. Trêve aux billevesées. Jupiter: L'Opinion publique!... les mortels!... Mes enfants, trêve à nos dissensions intestines! (Crémieux, Orphée, 1858, I, 6, p. 48).
Sans trêve
Loc. adj. Qui ne comporte pas de répit, de repos. Synon. incessant, perpétuel.Bataille sans trêve; sans trêve ni repos. Les spéculations les plus sûres échouaient misérablement. Ce fut un combat sans trêve ni merci (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 58).
Loc. adv. Sans arrêt, sans cesse, continuellement. La pluie qui tombe sans trêve, attriste encore ce désert (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 314).Ces femmes, qui ont toujours un tricot entre les doigts, et qui remuent sans trève les aiguilles (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 754).
Prononc. et Orth.: [tʀ ε:v]. Ac. 1694, 1718: treve; 1740-1762: trève; dep. 1798: trêve. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 triwe « suspension temporaire des hostilités entre belligérants » (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, 565 ds T.-L.); ca 1165 trieve (Troie, 24271, ibid. [rime avec grieve]); 1732 trêve de Dieu (Trév.); b) 1690 « suspension d'attaques (en gén.) » (Fur.); c) ca 1874 trêve des confiseurs (d'apr. J.-V.-A. de Broglie, Mémoires, t. 2, Paris, 1941, p. 330); 1885 (L'Illustration, 14 nov., p. 328b ds Quem. DDL t. 17); 2. 1424 faire trêve à qqc. « interrompre momentanément » (Alain Chartier, La Belle dame sans merci, éd. A. Piaget, 381); 3. a) 1621 au fig. « suspension d'une action pénible, dangereuse » (Camus, Agathonphile, éd. P. Sage, p. 6); b) 1633 trêve de (Corneille, Mélite, éd. M. Roques et M. Lièvre, I, 1, v. 52); c) 1770 sans trêve « sans arrêt, sans relâche » (Rousseau, Confessions, VIII ds Œuvres compl., éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 352). De l'a. b. frq. *treuwa « contrat, convention », cf. le m. néerl. trouwe, trūwe « fidèle; fidélité », l'a. h. all. triuwa « fidélité », le m. h. all. triuwe « fidèle; fidélité », all. treu « fidèle », Treue « fidélité ». La graph. e est att. dep. ca 1339-48 (Isopet I, XXVI, 38 ds Rec. gén. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 246 [rime avec feve]), é ds Pomey 1671, ê ds Miège 1677, puis Ac. 1798. Trêve de Dieu est la trad. du lat. médiév. trewa Dei (1037-41 ds Nierm.). Fréq. abs. littér.: 787. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 076, b) 1 127; xxes.: a) 1 272, b) 1 059. Bbg. Guinet 1982, p. 77.