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TOUT2, adv.
D'une façon intégrale, absolue.
A. − [Suivi d'un adj. ou d'un syntagme à fonction adj. (ou bien de certains pron. corresp. à des adj. déterminatifs)] Synon. complètement, entièrement.
1. [Suivi d'un adj. qualificatif] Tout blanc; tout noir; tout jeune; tout petit; tout neuf; tout naturel; tout seul. Il avait devant lui (il n'en doutait pas) un de ces hommes dont l'expérience est tout intérieure, comme formés par le dedans et dont l'équilibre n'est pas aisément rompu (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 217).Un trousseau de clefs, attachées (...) par une ficelle, toute cotonneuse d'aspect, tant elle était usée (Montherl., Célibataires, 1934, p. 739).Ç'a été un succès le premier numéro de la revue, Robert et Henri étaient tout contents (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 167).
Fam. Tout gosse*, tout môme. Toute mignonne, tout aimable, et toute belle... Pour ce portrait, son goût infaillible a choisi La pose la plus simple et la meilleure aussi (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Bonne chans., 1870, p. 107).
[Devant un subst. composé (adj. + subst.)] Mais quel est ce tout jeune homme qui se glisse entre les arbres? (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 115).
À valeur de dimin. atténuatif. Tout fou (v. fou1I rem. gén. 2 b).
[Suivi d'un part. passé à valeur d'adj.] Tout armé*; tout craché*; tout habillé; tout trempé. Elle paraissait toute secouée, elle aussi (Zola, Germinal, 1885, p. 1281).
[Avec une nuance temporelle d'achèvement, devant certains part. passés adj.] Tout cuit*; tout fait (v. fait part. passé); tout vu*. Brotonneau: (...) Décide-toi, choisis. Thérèse: Ce n'est pas la peine, mon petit... C'est tout choisi. J'accepte les propositions que me fait M. de Berville, un homme qui, lui , me comprend (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, I, 16, p. 10).« Je suis si timide, Monsieur: je cherchais une occasion. » Elle est toute trouvée, lui dis-je poliment (Sartre, Nausée, 1938, p. 146).
Empl. subst. Même Bergson, si prompt à dénoncer le « tout fait » dans les explications de la nouveauté, garde un dualisme au fond platonisant, quand, dans une métaphore d'ailleurs peu heureuse, il parle d'un « courant de conscience lancé à travers la matière » (Ruyer, Cybern., 1954, p. 221).Le « tout-prêt », venant de chez le charcutier et l'épicier, sous forme de boîtes de conserves, suffit à la préparation des repas (Mathiot, Éduc. mén., 1957, p. 18).
[Avec un adj. verbal] Au commandement d'Antoine, ils reprirent les quatre coins du drap, hissèrent péniblement le malade hors de la baignoire et le déposèrent tout dégouttant sur le matelas (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1284).
[Dans le vocab. de la courtoisie] Toute bonne. Ma toute belle, dit madame de Lerne [à Jeanne], vous m'avez dit que vous étiez amoureuse de Toby?... permettez-moi de vous l'offrir en toute propriété (Feuillet, Paris, 1881, p. 65).
Rem. 1. Tout reste inv., sauf devant un adj. fém. commençant par une cons.: La narration d'Apulée reste tout agréable et vive (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1838, p. 442). La terre est toute blanche, les arbres tout blancs (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 19). Et je suis tout heureuse (Giraudoux, Sodome, 1943, I, 2, p. 52). Cependant, devant un adj. au fém. sing. commençant par une voy. ou un h muet, beaucoup font l'accord: Mais le peau est toute enlevée (Bernstein, Secret, 1913, III, 6, p. 37). Lyrisme paternel, humour, spontanéité maternels, mêlés, superposés, je suis assez sage à présent, assez fière pour les départager en moi, toute heureuse d'un délitage où je n'ai à rougir de personne ni de rien (Colette, Sido, 1929, p. 79). 2. Tous les adj. ne se prêtent pas à la modification adv. par tout (*Il est tout intelligent, tout aveugle, tout riche...). La propriété en cause doit affecter le sujet dans son entier, dans l'intégralité de son être (tout = « tout entier »). Avec les part. passés en empl. adj., il suppose un processus conduit par étapes jusqu'au bout, réalisé dans son intégralité (Il est tout abattu, tout aveuglé...; mais non *il est tout reçu, car on est reçu ou on ne l'est pas, il n'y a pas d'étapes intermédiaires).
2. [Suivi d'un adj. déterminatif ou d'un pron. corresp.]
Tout autre. Tout à fait différent. C'est une tout autre affaire; c'est tout autre chose (v. autre I 2 a). La Bretagne est beaucoup moins étendue qu'il ne semble. Pour le géologue et le politique, elle va jusqu'à Fougères et Nantes; mais sous le rapport de la race et de la langue, elle comprend seulement Tréguier, Léon, Cornouailles et Vannes. Ceci, étant appliqué sévèrement à l'histoire du pays, lui donne une tout autre figure (Michelet, Journal, 1831, p. 89).Certes nous pensions à tout autre chose (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 325).
[Dans une alternative catégorique] C'est tout l'un ou tout l'autre; c'est tout bon ou tout mauvais. Il n'y a pas de milieu; il faut prendre tel parti ou tel autre. Je vous ai reconnu à vos yeux! Vous avez les yeux des Coantré! s'écria la vieille dame, avec une voix de buccin (car, les femmes du vrai grand monde, c'est tout l'un ou tout l'autre: ou elles exhalent des sons exténués, ou elles poussent des cris effrayants) (Montherl., Célibataires, 1934, p. 869).Une bonne de curé, disons-nous, c'est comme une belle-mère, tout bon ou tout mauvais (Bernanos, Crime, 1935, p. 737).
Tout un; c'est tout un. Cela revient au même. Je ne suis pas un chef, ni n'aspire à le devenir. Commander, obéir, c'est tout un. Le plus autoritaire commande au nom d'un autre (Sartre, Mots, 1964, p. 13).
[Dans des formules de politesse] Tout vôtre. Entièrement dévoué à quelqu'un. Je suis tout vôtre (Ac. 1835, s.v. vôtre).
Vx. Tout le même. C'est tout le même homme que vous avez connu (Ac. 1878).
3. [Suivi d'un superl.]
Le(s) tout premier(s)*; le(s) tout dernier(s). Qui est exactement, réellement le premier, le dernier. À vrai dire, ce fut seulement au tout premier instant que nous eûmes de l'effroi (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 129).Alors on a commencé à voir de toutes les maisons sortir les hommes, après qu'ils avaient passé à la hâte et au tout dernier moment leur veste (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 260).
[En fonction d'attribut] Tout le premier, toute la première, tous les premiers. V. premier I A 7 empl. subst.
4. [Inv., suivi d'un syntagme prép. à valeur d'adj., avec à, de, en] (Être) tout en fleur(s), tout en eau*, tout en larmes, tout en nage, tout en pleurs (v. pleur), tout en sueur. Au même moment, un coup de tonnerre éclata avec un bruit affreux, et une lumière aveuglante dont la chambre parut tout en feu (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 318).Devant les cagnas, le capitaine veillait seul, grand corps maigre, tout en jambes (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 52).Ce livre a été pour son auteur une ascension vers les sommets d'une poésie intérieure tout à lui (Blanche, Modèles, 1928, p. 241).
Tout de + subst. + part. passé.Des mitrons, tout de blanc vêtus (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 186).
[Dans des formules de politesse épistolaires] (Être) tout à vous. Bien à vous; fidèlement vôtre. M. de Villèle me fit tenir ce billet: « Je reçois votre lettre, mon cher Chateaubriand (...) De cœur, tout à vous, J. Villèle. » (Chateaubr.,Mém., t. 3,1848,p. 174).Allons, je vous laisse... et si vous avez besoin d'un conseil, ou de quoi que ce soit, vous savez que nous sommes tout à vous (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, I, 10, p. 7).
5. Littér., gén. inv. [Pour renforcer un subst. épith. ou attribut] Peuh, je suis d'apparence presque féminine, il est vrai. Mais là-dessous, voyez-vous, tout muscles (Toulet, Mariage Don Quichotte, 1902, p. 71).L'Espoir vaut bien un dîner en ville! Nous étions tout sourires quand nous sommes entrés dans le vaste salon bibliothèque où se trouvaient déjà Samazelle et son épouse (Beauvoir,Mandarins,1954,p. 207).Ces petits êtres tout spontanéité (Bourget, Laurence Albani, p. 290 ds Grev. 1986, § 955, p. 1453).
Loc. verb., au fig. Être tout feu tout flamme (pour qqc'/qqn) (v. feu1); être tout yeux (tout oreilles) (v. œil); être tout oreilles (v. oreille); être tout ouïe (v. ouïe); être (tout sucre et) tout miel*.
Rem. Dans cette accept., tout peut s'accorder avec le suj.; il est alors considéré comme un adj. qui le qualifie: Je suis sûr que vous êtes florissante, toute robes et fleurs (Mérimée, Lettres à une inconnue, t. 1, 1844, p. 236).
COMM., TECHNOL. [Suivi d'un subst. désignant une matière textile ou autre, d'un matériau] Entièrement constitué de. Tissu, vêtement tout laine. Alors il m'a emmenée dans la chambre de madame et m'a dit de prendre ces deux robes-là (...). Et regardez, acheva Estelle, dont les yeux rayonnaient, c'est tout soie! Perrine tâta l'étoffe.Bonne Vierge! oui... ç'est tout soie! (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 230).Bracelet tout métal craquelé doré (Catal. jouets (Trois-Quartiers), 1936).
MAR. [Dans les commandements]
[En parlant de la machine] En avant toute; en arrière toute. À toute vitesse (d'apr. Le Clère 1960). Herwick céda la place à son chef. Celui-ci commanda « en arrière toute », et, immédiatement après, passa à la machine l'ordre de fermer la porte étanche numéro 1 (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 184).
[En parlant de la barre] À gauche toute; à droite toute. Totalement à gauche, à droite (d'apr. Le Clère 1960).
6. [Dans des tours ell. formant un comp. à valeur adj. ou subst.; souvent avec un trait d'union] Qui est pourvu de l'équipement totalement constitué par (l'élément désigné par l'adj.).
[Avec un adj.] Tout(-)électrique. Cuisinière tout électrique. La revue « 50 millions de consommateurs », en comparant les coûts de chauffage dans cinq types de maisons individuelles, constate que le tout-électrique coûte près de 30 pour cent de plus en consommation que le gaz et le fuel, ce dernier étant le plus avantageux (L'Express, 14 nov. 1977, p. 116, col. 2).Tout-(-)informatique. Le choix définitif de la D.G.T. [Direction Générale des Télécommunications] en matière de câblage: celui de la seule fibre optique. Le choix industriel et technologique est incontestable, comme l'avait été il y a des années celui du « tout-informatique » pour le téléphone (Le Nouvel Observateur, 9 mars 1984, p. 26, col. 3).Tout(-)nucléaire. Or voici que le document du Plan démolit un postulat fondamental de la politique du tout-nucléaire: la part de l'électricité dans la consommation industrielle ne pourra pas, y lit-on, dépasser 40 pour cent (Le Nouvel Observateur, 9 août 1980, p. 23, col. 3).Tout(-)solaire. Prétendre se chauffer au tout-solaire dans les grandes villes serait tout à fait illusoire: les microclimats défavorables et surtout le mauvais ensoleillement de la grande majorité des appartements ne s'y prête pas (Le Sauvage, 1eroct. 1976, p. 58, col. 1).
[Avec un subst.] Tout(-)transistor. Les pistes HI-FI, grâce à de nouveaux amplis « tout transistor » (Paris-Match, 28 nov. 1970ds Gilb. 1980).Tout-champagne. Les connaisseurs préconisent dans les repas « tout-champagne » une gradation depuis les « sans année », légers, sur les entrées et les poissons, jusqu'aux vieux millésimes pour agrémenter les fins de repas (Jours de France, 23 févr. 1971ds Gilb. 1980).Tout-confort (p. métaph.). Venu pour travailler, potasser des bouquins sérieux, le sortilège indien s'empare de lui comme une hypnose et l'arrache au « tout-confort » de ses certitudes (Le Nouvel Observateur, 12 juin 1982, p. 100, col. 3).
7. [Dans des tours concessifs ou intensifs]
a) [Dans un tour concessif] Tout + adj. ou subst. attribut + que (+ verbe à l'ind. ou au subj.).Synon. (avec une valeur d'oppos. plus forte) de quelque*... que, si ... que (v. si2), bien que (v. bien2), quoique.[Avec l'ind.] René d'Anjou (...) tout beau-frère qu'il était du roi Charles (...) se préparait (...) à mettre le siège devant la ville de Metz (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 107).Entre nous, toute bonne qu'elle est, je crois bien qu'elle se divertissait d'émerveiller et d'essouffler l'académicien, qu'elle accueillait avec une bonne grâce dont il demeure touché (Valéry, Variété IV, 1938, p. 154).[Avec le subj., pour exprimer une affirmation moins assurée, ou p. anal. avec la synt. de si... que (d'apr. Le Bidois 1967,1579); considéré comme incorrect par les puristes] Enfin quelques artistes plus intelligents tentèrent de ramener l'industrie dans la voie du goût. Telle qu'elle est, tout imparfaite que nous la jugions encore (...) l'industrie française est la reine du monde qui accepte et avoue cette domination (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 251).
Vieilli ou littér. [Suivi d'un adj. ou d'un subst. attributif, sans que, sans verbe, la valeur concessive étant contextuelle]
[Avec un adj.] Ces yeux gonflés par les larmes et qui, tout endormis, semblaient encore verser des pleurs (Balzac, inBrüss, p. 113 ds S. Andersson, Nouv. Ét. sur la syntaxe et la sém. du fr. tout, p. 124, v. bbg. infra).Cette amitié, tout intellectuelle, n'en était pas moins une amitié passionnée (Bourget, Laurence Albani, p. 290 ds Grev. 1986, § 955, p. 1453).
[Avec un subst. attrib.] Tout gamin, il a vagabondé, mendié, volé (Mirbeau, inBeyer, p. 689, ds Grev. 1986, § 955, p. 1453).
b) [Pour marquer le degré] Elle ne m'écoute pas, tout attentive qu'elle est au manège d'un homme qui passe à plusieurs reprises devant nous (Breton, Nadja, 1928, p. 86).
B. − [Suivi d'un adv. ou d'un syntagme à fonction adv.]
1. [Suivi d'un adv. ou d'une loc. adv.] Tout autrement, tout bonnement, tout bêtement, tout crûment, tout différemment, tout doucement, tout justement, tout lentement, tout naturellement, tout particulièrement, tout simplement, tout spécialement, tout tranquillement. V. bellement ex. 5 et 7.
Rem. Ces adv. expriment la totalité, l'égalité, la similitude ou les idées contraires: tout autrement, tout différemment, tout pareillement. D'autres expriment la précision ou la restriction: tout particulièrement, tout spécialement, tout justement. Avec des adv. exprimant une attitude sans détours, une expr. simple, dans des expr. semi-locutionnelles: tout bellement, tout bêtement, tout bonnement, tout crûment, tout simplement. Quand mes services ne seront plus agréables, on ne peut me faire un plus grand plaisir que de me le dire tout rondement (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 73).
[Avec des adv. marquant le temps, l'immédiateté temporelle] Tout dernièrement, tout nouvellement, tout présentement, tout récemment; tout aussitôt. [Pour exprimer la compar. ou l'équivalence] Tout aussi bien (v. aussi1), tout autant. [Pour exprimer la simultanéité] Tout ensemble (v. ensemble1). [Pour exprimer le lieu] Tout près, tout alentour, tout autour (v. autour2), tout contre (v. contre1), tout là-bas, tout partout*. [Autres valeurs] Tout exprès pop. ou région. (v. exprès2).
2. [Suivi d'un adj. en empl. adv.] Tout bas (v. bas1), tout haut (v. haut1), tout court (v. court1), tout doux*, tout droit (v. droit2), tout juste*. [Pour signifier « carrément, sans ambages »] Tout clair*, tout net (v. net1); tout plein* de. Tout franc (v. franc4). Il me l'a dit tout franc (Ac. 1935). [Valeur de superl.] Tout plein*; se fâcher* tout rouge.
Loc. exclam.
Tout beau* ! Tout doux* !
CHASSE. Tout(-)coi! tout coy! ,,Lorsqu'un limier ou des chiens courans veulent crier dans les voies, on leur dit: Tout-coi, chiens, tout-coi!`` (Baudr. Chasses 1834).
3. [Suivi d'une loc. superl.] Tout au plus*; tout au moins*, à tout le moins. [À valeur de superl.] À tout jamais*.
4. [Dans des syntagmes prép. à valeur adv.]
a) [Renforçant une loc. adv.] Tout à son aise (v. aise2), tout à loisir*, tout au contraire*, tout de travers*, tout du long*, tout à la fois... et..., tout à côté, tout au bout, tout en haut, tout en bas, tout d'abord. J'étais allée m'asseoir tout au fond, le plus loin possible de la vieille demoiselle (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 89).
b) [Dans des tours figés, où tout est obligatoire] Tout à coup*, tout à fait (v. fait, faite), tout à l'heure*, tout à trac*, tout de bon (v. bon1), tout de go*, tout de même (v. même2), tout de suite*; tout d'un coup*, tout d'une haleine*, tout d'une pièce*, tout d'un trait (v. trait1), tout d'une traite (v. traite2), tout de ce pas (v. pas2). Une grande obscurité comblait la nef, et, quand l'assistance répondait tout d'une voix à madame de Matefelon, on eût juré qu'il y avait là pour le moins cent personnes en prières (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 141).
C. − [Avec un verbe]
1. [Suivi d'un mode pers.] Pop. ou fam. dans la lang. parlée mod., rare. Je vais emmailloter mon fusil comme toi (...), la pluie a tout rouillé le mien (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 58).Maudits gamins, ils ont tout déchiré leur fond de culotte (Renard, Hist. nat., p. 116 ds S. Andersson, op. cit., p. 260).
2. [Suivi du gérondif, tout en + part. prés. ]
a) [Pour exprimer la simultanéité] Tout en marchant; tout en parlant. Tout en expliquant à Juliette l'objet de sa visite, elle admirait le buffet, la table ronde, les chaises cannelées et la pendule dorée (Aymé, Jument, 1933, p. 234).
b) [Pour exprimer l'oppos. entre deux faits] La royauté même, acculée, avait dû convoquer les États-Généraux, tout en les redoutant (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 44).
3. [Suivi d'une forme verbale en -ant, pour marquer la manière] Pop. ou région. Un fourrier cria, tout courant:Ça va, mon capitaine. J'ai déjà trouvé un bon cantonnement pour les chevaux (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 60).
D. − [Entrant dans des loc. prép. ou conj.]
1. [Dans des loc. prép.]
a) [de lieu] Tout près de, tout autour de, tout le long de, tout au fond de.
b) [de temps] Tout au long* de, tout le long* de, tout le long du jour.
2. [Dans des loc. conj.]
a) [de compar.] Tout comme si, c'est tout comme*, tout autant que, tout de même que.
b) [de temps] Rare. Tout aussitôt que. Nous savons assez qu'il [le peuple] ne déteste pas qu'on chansonne (...) ceux qu'il choisit, même ceux qu'il nomme, tout aussitôt qu'ils sont au pouvoir (Faguet dsSandf.t. 21965,§ 168, 2o).Tout de suite que (pop.). Tout de suite que je me suis mariée, j'ai commandé mon ménage à différents fournisseurs (Bataille, dsSandf.t. 21965,§ 168, 2o).Tout d'abord que. Dès que. Le jeune chef en fut saisi tout d'abord qu'il entra et ne le quitta plus des yeux pendant l'interrogatoire (Aymé, Jument, 1933, p. 71).
Prononc. et Orth.: [tu] devant cons.: tout blanc [tublɑ ̃], [tut] devant voy. et h muet: tout enfiévré [tutɑ ̃fjevʀe], tout hérissé [tuteʀise]. Homon. toue, toux. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Adv. de quantité exprimant le degré plénier 1. a) devant un adj. α) fin xes. sing.; masc.; suj.; soumis à l'accord (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 355 Sos munument fure toz nous); ca 1050 fém.; id. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 459: tute en sui doleruse); id. masc.; suj.; non accordé (ibid., 220: Tut soi amferm); id. plur. masc.; suj.; tut forme agn. pour tuit (ibid., 365: Del ton conseil sumes tut buisinos); ca 1100 fém.; régime; accordé (Roland, éd. J. Bédier, 3581: Cez lor espees tutes nues i mustrent); β) ca 1150 devant un adj. au superl.; non accordé (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 240: Esbaï fu tut li plus sagez), cf. S. Andersson, Nouv. ét. sur la synt. et la sém. du mot ,,tout``, 1961, pp. 54-59; γ) fin xiies. sens concess.; accordé (Raoul de Cambrai, 2550 ds T.-L. Et tot sanglant le commence a baissier); b) devant un part. prés. adj. fin xes. masc. sing., suj.;accordé (Passion, 32: [Lazer] Jagud aveie toz pudenz); c) devant un part. passé adj. α) fin xes. plur.; masc.; suj.; accordé (ibid., 141: li felun tuit trassudad); ca 1050 sing; id. (St Alexis, 352: revint tuz esmeriz); non accordé (ibid., 4: Tut est müez [li] secles); fém., suj.; accordé (ibid., 134: tute en sui esguarethe); β) ca 1100 devant un superl.; accordé (Roland, 1872: E. .XXIIII. de tuz les melz preisez); γ) ca 1180 valeur temp. d'achèvement; accordé (Marie de France, Fables, 40, 13 ds T.-L.: Jeo sui piec'a tute enseigniee); δ) 1268 sens concess.; accordé (Claris et Laris, 8829, ibid.: Doucement tot armé l'acole), pour cet empl. et le précédent, v. S. Andersson, op. cit., pp. 124-127; 2. devant un adv. qu'il renforce fin xes. tot entorn (Passion, 59), v. aussi S. Andersson, op. cit., p. 131, sqq.; 3. devant une prép. a) ca 1050 exprime l'exclusion « seulement, exclusivement » (St Alexis, 243: E tut pur lui, unces nïent pur eil); b) ca 1100 exprime le renforcement tut entur lui (Roland, 410), voS. Andersson, op. cit., pp. 240-249; 4. devant un subst. attribut ca 1135(Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 845: Crestïenté est tot foloiement), v. S. Andersson, op. cit., pp. 74-95; 5. devant un gérondif précédé de en, marque la simultanéité ca 1135 (Couronnement de Louis, 1071: Tot en poignant sa mace a destrossee), cf. S. Andersson, op. cit., pp. 260-263; 6. introd. une prop. concess. ca 1180 mode subj.; non accordé (Marie de France, op. cit., 74, 22 ds T.-L.: Altresi est mis cors luisanz Cum est li suens, tut seit il granz); av. 1473 tout + adj. que; mode ind. (Jouvenel des Ursins, Hist. Charles VI, Paris, 1653, p. 237: tout malade qu'il estoit); 1580 id.; mode subj. (Montaigne, Essais, II, 16, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 630: une creance tres-salutaire, toute vaine qu'elle puisse estre), v. S. Andersson, op. cit., pp. 94-123. Empl. adv. issu de totus empl. devant un adj., du type tota misera sum; pour l'accord de l'adv. en fr. mod., v. Vaug. 1647, pp. 95-97 et Ac. 1694. Bbg. Andersson (S.). Nouv. ét. sur la synt. et la sém. du mot fr. tout. Lund.-Copenhague, 1961, 275 p.; Qq. glanures synt. sur le mot fr. tout. St. neophilol. 1970, t. 42, pp. 72-89. − Bally (Ch.). L'Adv. tout en fr. mod. In: [Mél. Boyer (P.)]. Paris, 1925, pp. 22-29. − Halmøy (J.-O.). Le Gérondif: élém. pour une description synt. et sém. Trondheim, 1982, pp. 352-386. − Morel (M.-A.). Ét. sur les moyens gramm. et lexicaux... Thèse, Paris, 1980, pp. 343-421. − Quem. DDL t. 38.