| ![]() ![]() ![]() ![]() TOURNÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de tourner*. II. − Adjectif A. − 1. Façonné au tour (v. tour2). C'est de la bourgeoisie la plus petite, la plus étroite, la plus ordinaire. Il y a jusqu'à de petits lustres en bois tourné et des fleurs sous les globes! (Goncourt, Journal, 1864, p. 18).Un divan (...) qui est recouvert d'une jolie soierie à fleurs Louis XVI, et que l'ébéniste a doté de pieds tournés de même style (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 36). 2. P. anal. ou au fig. [Constr. avec un adv.] a) [En parlant d'une pers., de son allure, d'une partie de son corps] Fait de telle ou telle façon. Marie de Boussac était moins fraîche et moins bien tournée que sa compagne (Sand, Jeanne, 1844, p. 204).Elle descendit vers les rochers, à grandes enjambées de ses fuseaux maigres et bien tournés (Colette, Blé en herbe, 1923, p. 6). b) [En parlant d'une œuvre, d'un propos, d'un texte] Exprimé, dit, rédigé de telle ou telle manière. Elle eut cette crainte qui s'empare de presque tous les auteurs, au moment où ils lisent une œuvre qu'ils croient parfaite à quelque critique exigeant ou blasé (...) les phrases les mieux tournées, les plus léchées, se montrent louches ou boiteuses (Balzac, Vieille fille, 1836, p. 361).Souday (...) à qui Maurras adressait ses livres avec des dédicaces chaudement tournées, car il considérait le critique du Temps comme une sorte d'Édouard Herriot de la Littérature (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 159). c) Avoir l'esprit mal tourné. Voir les choses du mauvais côté, les prendre en mauvaise part; en partic., interpréter les choses de façon défavorable ou scabreuse. (Dict. xixeet xxes.). B. − Altéré, gâté, corrompu du fait d'une fermentation. Lait, vin tourné; sauce tournée. Les poissons s'amollirent, se noyèrent; des senteurs de chairs tournées se mêlèrent aux souffles fades de boue qui venaient des rues voisines (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 729).Tous sentant fortement l'ail, le santal, le beurre tourné, la sueur safranée (Céline, Voyage, 1932, p. 192). − Loc., pop., vieilli. Avoir les sangs tournés. Être sous le coup d'une émotion très forte, d'une violente contrariété. Une grosse femme, nommée Marie Coquelière, qui se trouvait en couches au moment où le jardinier fut mis dehors, faillit avoir les sangs tournés, comme on dit dans le pays, parce qu'elle savait, prétendait-elle, que Cornebille était sorcier et fort capable de jeter à la marquise un mauvais sort (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 28). C. − HÉRALD. Dont la figure affecte la position horizontale avec la partie avant dirigée vers dextre (d'apr. Crayencour Hérald. 1985). Chevron, croissant tourné. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth.: [tuʀne]. Att. ds Ac. dep. 1694 (sauf Ac. 1878). Fréq. abs. littér.: 3 151. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 069, b) 4 715; xxes.: a) 5 032, b) 5 224. Bbg. Quem. DDL t. 38. |