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TORTURE, subst. fém.
A. − Souffrance physique intense infligée à quelqu'un. Synon. martyre, supplice.Torture abominable, affreuse, atroce, cruelle, effroyable, horrible; torture(s) nouvelle(s), raffinée(s); appliquer, infliger, subir une/des torture(s). Aucune volonté ne peut être forcée par la force, aucun assentiment ne peut être extorqué par torture (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 258):
Pour le nègre de la contrée au sud du lac Tjad, il est raisonnable, indispensable, louable, pieux, de massacrer l'étranger aussitôt qu'on peut le saisir, et si on lui arrache le dernier souffle du corps au moyen d'une torture finement graduée, modulée et appliquée, tout n'en est que mieux et la conscience de l'opérateur s'en trouve à merveille. Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 6.
P. métaph. Dans de pauvres jardinets bourgeois (...) des arbustes débiles, à force de greffes, de tortures subies, en viennent à produire des fruits contre lesquels s'indignent les racines (Fabre, Rom. peintre, 1878, p. 5).Un abominable système de contraintes, en briques, en couloirs, en verrous, en guichets, une torture architecturale gigantesque, inexpiable (Céline, Voyage, 1932, p. 257).
B. −
1. RELIG. CHRÉT. Châtiment, ensemble des châtiments auquel les damnés sont soumis en enfer. Torture(s) éternelle(s). Un possédé se tord entre trois démons qui se pendent à lui et l'entraînent (...) cet œil renversé, inégalement ouvert, exprime d'avance les tortures de l'enfer auquel le saint veut l'arracher (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 265).
2. HIST. DU DR. Synon. question2.
a) HIST. GR. ET ROMAINE. Institution du droit grec et romain, consistant en un ensemble de violences physiques exercées notamment à l'encontre des esclaves dont on voulait obtenir des aveux. J'ai soutenu une thèse en latin sur la manière dont on donnait la torture à Rome (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 172).Caligula a donné quatre-vingt-un mille sesterces à un esclave voleur que la torture n'avait pas fait avouer (Camus, Caligula, 1944, iv, 4, p. 86).
b) [Du Moy. Âge jusqu'à la Révolution] Sanction corporelle très grave, pouvant entraîner la mort, qui était infligée par des tribunaux laïques ou religieux soit pour obtenir des révélations, soit en guise de punition. Tortures de l'Inquisition. Le code de terreur contre les protestants, les supplices cruels et la torture, ont subsisté jusqu'à la Révolution (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 107).Il se félicitait de l'adoucissement des mœurs qui s'était manifesté, dans l'ordre judiciaire, par la suppression de la torture et des supplices ignominieux ou cruels (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 110).
3. Ensemble des procédés provoquant des souffrances physiques et/ou psychologiques intenses employés à l'encontre d'opposants, pour des raisons politiques, idéologiques, afin d'obtenir des aveux, des renseignements, etc. Une mutation est en cours. La torture devient « propre ». Les nouveaux bourreaux revêtent la blouse blanche (...). L'outillage désuet des tourmenteurs professionnels ou amateurs est remplacé par l'électricité, le bistouri et les drogues. Et c'est tellement plus satisfaisant. La vue de la douleur répugne de plus en plus (J.-C. Lauret, R. Lasierra, La Torture propre, 1975, p. 16).
C. − Loc. (au propre et au fig.)
1. Subst. + de torture.Utilisé pour faire subir la torture. Brodequins de torture. Il allait à son tour s'étendre sur le sinistre chevalet de torture (Murger, Scènes vie jeun., 1851, p. 173).
Appareil(s), instrument(s), outil(s) de torture. Je me suis senti froid dans le dos, devant toutes ces inventions de souffrances, devant tous ces instruments de torture, avec lesquels l'homme, pendant des siècles, perfectionna et férocisa la mort (Goncourt, Journal, 1872, p. 918).Les bourreaux, masqués, traînant les appareils de torture (Hugo, Légende, t. 3, 1877, p. 178).
P. anal. et p. exagér. Elle me fit faire bien vite un corset, à moi qui ne connaissais pas cet instrument de torture (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 418).Joseph revint au rez-de-chaussée, juste comme le téléphone recommençait de sonner. « Et il n'y aurait donc personne pour arrêter une bonne fois cet appareil de torture? » (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 243).
Chambre de torture. Une femme, à Paris, est conduite à la chambre de torture, dans un hôtel où est installée la police allemande (Green, Journal, 1944, p. 182).
2. Mettre à la torture. Faire subir la torture. Synon. martyriser, torturer.Ce bâtard avait traîné à Meaux un jeune homme qu'il avait enlevé de sa charrue. Il commença par le faire mettre à la torture, exigeant de lui une rançon exorbitante (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 346).Platina a été emprisonné, puis mis à la torture en présence du pape lui-même (Montherl., Malatesta, 1946, iv, 7, p. 519).
Au fig., p. exagér. Plonger dans un grand embarras, dans une grande impatience. Synon. tourmenter.J'ai trouvé au-dessus du village de Castia une inscription antique qui (...) depuis deux jours, me met à la torture (...). Personne ne l'a vue avant moi; j'aurai l'honneur de la découverte (About, Roi mont., 1857, p. 286).Je dis que j'étais allé à la ville pour acheter des livres; et don Jean Martin me mit à la torture en me demandant plusieurs fois à voir ces livres (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 184).
(Se) mettre l'esprit à la torture. Faire de grands efforts de réflexion pour comprendre, se souvenir de quelque chose, pour résoudre une difficulté, effectuer un travail, etc. Synon. se torturer*, se creuser la cervelle*, se fatiguer les méninges (v. méninge).Il mettait son esprit à la torture pour comprendre comment elle pouvait garder tant de réserve avec lui (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 301).Chaque fois que la princesse de Parme invitait Mmede Guermantes, elle avait à se mettre l'esprit à la torture pour n'avoir personne qui pût déplaire à la duchesse et l'empêcher de revenir (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 454).
D. − P. anal.
1. Souvent au plur. Grande douleur, souffrances physiques provoquées par certaines situations, certains facteurs (manque de boisson, de nourriture, conditions climatiques extrêmes, maladies, etc.). Subir les tortures de la chaleur, de la soif. Seize semaines de tortures causées par une faim permanente, à peine soulagée par quelques bribes de pain subtilement dérobées (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 398).Mr Fogg, ne voulant pas exposer Mrs Aouda aux tortures d'une traversée en plein air, par ce froid que la vitesse rendrait plus insupportable encore, lui proposa de rester (...) à la station de Kearney (Verne, Tour monde, 1873, p. 184).
2. Tourment moral. Torture de l'âme, de la conscience; torture intérieure; torture de l'absence, de l'amour. J'ai dû vous faire souffrir mille tortures par mes injustes soupçons (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 339).Aux tortures de l'angoisse et de la pitié succédaient les supplices de la jalousie et de la fureur (Milosz, Amour. init., 1910, p. 105).
Être à la torture. Venez, leur dis-je, me voici; Votre mère est à la torture En vous sachant tout seuls ici (Rollinat, Névroses, 1883, p. 289).
Prononc. et Orth.: [tɔ ʀty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « souffrance physique ou morale intolérable » (Sermons S. Bernard, 21, 15 ds T.-L.); 1745 tortures de la jalousie (F. T. de Baculard d'Arnaud, Les Époux malheureux, p. 102); 2. 1459 « souffrance physique qu'on inflige à quelqu'un par voie de justice » mettre à la gehenne et torture (Mémoires de J. du Clercq, III, 12, 24 ds Bartzsch, p. 66); 1770 instruments de la torture (Raynal, Hist. philos. et pol., p. 355); 3. 1580 « violence faite à quelqu'un pour lui faire révéler quelque chose » (Montaigne, Essais, II, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 369); 4. 1627 mettre qqn à la torture « embarrasser » (Ch. Sorel, Le Berger extravagant, p. 254); 1630 mettre son esprit à la torture (J. Mairet, Chryseide et Arimand, p. 163). Du lat. tardif tortura « action de tordre », « torture, souffrance », dér. du lat. tortum, supin de torquere « tordre »; « torturer ». Fréq. abs. littér.: 1 220. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 569, b) 2 175; xxes.: a) 2 297, b) 1 301.