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TORTIONNAIRE, adj. et subst.
I. − Adj., vieilli. Qui torture, qui sert à torturer. Synon. tortureur (dér. s.v. torturer).Appareil tortionnaire; procédés tortionnaires. Mettre une fille de vingt-trois ans au pain et à l'eau?... s'écria le président de Bonfons, et sans motif; mais cela constitue des sévices tortionnaires (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 207).Voir rouer un pauvre diable, cela vaut-il une si longue attente? Ce supplice est fade, bourgeois et commun. Si c'était quelque (...) tenaillement avec pinces de fer rouge, quelque application de poix bouillante et de plomb fondu, quelque chose d'ingénieusement tortionnaire et de férocement douloureux, faisant honneur à l'imagination du juge ou à l'habileté du bourreau; oh! alors, je ne dis pas (Gautier, Fracasse, 1863, p. 470).
P. anal. Qui occasionne des souffrances morales. La providence, cette providence tortionnaire, vous rattache de jour en jour à la vie par des riens (Goncourt, Journal, 1862, p. 1141).
II. − Subst. Synon. bourreau.
A. − [Du Moy. Âge jusqu'à la Révolution] Personne chargée d'appliquer la torture judiciaire aux condamnés. Tortionnaires de l'Inquisition. Quelle belle attitude il eut sous la barre du tortionnaire, lorsqu'il fut roué en pleine place d'Orthez! (Gautier, Fracasse, 1863, p. 74).Le bourreau travaille avec timidité (...). Quelle misère! Lorsqu'on le compare aux invicibles tortionnaires du vieux temps! (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 150).
B. − Personne qui utilise la torture à l'encontre de quelqu'un (généralement pour obtenir des aveux, des renseignements). Gaure subit de la part de la police allemande une pression terrible. On pressentait qu'il était l'un des chefs, on voulait lui arracher des noms. Dix fois il fut ramené devant ses tortionnaires (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 93).Paradoxalement, les tortionnaires, tout en maltraitant les corps pour briser la résistance morale des torturés, admettaient leur libre arbitre. À la limite, la torture pouvait devenir une sorte de combat dont le vainqueur n'était pas forcément le bourreau (J.-C. Lauret, R. Lasierre, La Torture propre,1975, p. 14).
C. − P. anal. Celui, celle qui provoque volontairement des souffrances physiques ou morales chez quelqu'un. Fais bien sentir qu'il a été exploité et tyrannisé dans tous les journaux où il a écrit [Théophile Gautier]; Girardin, Turgan et Dalloz ont été des tortionnaires pour notre pauvre vieux, que nous pleurons. Moi, je ne me console pas de sa perte (Flaub., Corresp., 1872, p. 448).Ceux qui veulent faire le salut des autres sont des tortionnaires ou des indiscrets, des zélés, des arrivistes aussi, à bien regarder (Duhamel, Cécile, 1938, p. 16).
REM.
Tortionner, verbe trans.,rare. Synon. de torturer.Ce mort (...) est plus vrai, plus terrible, plus fait de chair inanimée, convulsée encore par l'agonie, que tous les cadavres tourmentés qu'on tortionne aujourd'hui sur les tombes (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Tombales, 1881, p. 1208).
Prononc. et Orth.: [tɔ ʀsjɔnε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1412 « injuste, intolérable » (Sentence de la Prévôté, L. C. De D., Glossaire de l'Orléanais ds La Curne); 2. 1579, mai « qui sert à torturer » emprisonnemens tortionnaires (Ordonn. de Henry III ds Gdf. Compl.). B. Subst. 1. 1832 « bourreau qui infligeait la torture » (Hugo, N.-D. Paris, p. 363); 2. 1868 « qui inflige une torture morale à quelqu'un » (Mallarmé, Corresp., p. 278). Empr. au lat. médiév.tortionarius (att. fin xves. ds Du Cange), latinisation de l'a. fr. torceunier (Psautier d'Oxford, 5, 5 ds T.-L.) « qui exerce des exactions », dér. du lat. tortio, v. torsion. Fréq. abs. littér.: 57. Bbg. Gohin 1903, p. 251 (s.v. tortionner). − Quem. DDL t. 15.