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TOMBÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. masc.
I. − Part. passé de tomber1*.
II. − Adjectif
A. − Qui est passé d'un niveau supérieur à un niveau inférieur et se retrouve plus bas ou à terre.
1. À terre, à la suite d'une chute.
a) [En parlant d'inanimés] Arbre tombé; broderie tombée. Elle sortit (...) laissant (...) Bonnemort broyer lentement ses pommes de terre, tandis que Lénore et Henri se battaient pour manger les pelures tombées (Zola, Germinal, 1885, p. 1217).Léo a saisi un des oreillers tombés par terre pendant qu'Yvonne se débat (Cocteau, Parents, 1938, III, 9, p. 298).
En partic. [En parlant de végétaux (chute due à la saison)] Ramasser les fruits tombés. Le vent d'est mouillait la crête des mottes, activait la moisissure des feuilles tombées, et couvrait (...) les herbes (...) molles depuis l'automne d'un vernis résistant comme celui que les marées soufflent sur les falaises (R. Bazin, Blé, 1907, p. 1).Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée (Apoll., Alcools, 1913, p. 112).
b) [En parlant de pers.] Mort (lors d'une bataille). Au fond [Gros, Bataille d'Eylau], (...) s'étend la vaste plaine blanche (...) que rayent les lignes lointaines des troupes tombées sur place (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 11).
2. Pendant. S'avançant vers la tragédienne, en un profond salut, il lui dit, la tête penchée de côté, les deux bras tombés le long de son corps, et de sa voix la plus caressante (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p. 183).
Arg. Main tombée. V. main 1reSection I C 1.
B. − [Le plus souvent avec une connotation nég.] Qui a changé d'aspect ou d'état; qui a perdu quelque chose (force, pouvoir, crédit, succès, etc.).
1. [En parlant d'inanimés]
a) [En parlant de la lumière du jour; dans des loc. parlant toutes du moment où la lumière disparaît] Qui a décliné. Jour tombé; obscurité tombée. J'allais me promener, nuit tombée, jusqu'au pont de Grenelle, là où l'ombre monte du fleuve jusqu'au tablier du métro, avec ses lampadaires en chapelets, tendu en plein noir, avec sa ferraille énorme (Céline, Voyage, 1932, p. 99).
b) Moins fort; diminué, calmé. Feu tombé; fièvre, voix tombée. Bien que sur ce plateau désert le silence fût absolu, la brise tombée, Mllede Clergerie croyait entendre peiner et craquer sous l'écorce les membres noués mais puissants de l'arbre (Bernanos, Joie, 1929, p. 686).
Réduit (à une certaine atmosphère). Il faisait nuit noire, les mineurs exténués mangeaient enfin leur soupe, dans le coron tombé à un morne silence (Zola, Germinal, 1885, p. 1301).
Réduit à (une certaine quantité). Le cours forcé des billets de banque, la rente tombée à soixante francs (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 120).Il avait englouti (...) une bonne moitié de la fortune mobilière; le reste, dédaignant le taux des sages placements de M. Thibault, il l'avait converti en valeurs russes, aujourd'hui tombées à zéro (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 818).
c) Qui a été supprimé, qui n'existe plus. Sa vertu stérile, ses espérances tombées (...), elle (...) faisait servir tout à réchauffer sa tristesse (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 142).Entre vieilles gens du Midi, cette foire de Beaucaire aujourd'hui tombée, n'existant que de nom, est restée comme un lien de fraternité maçonnique (A. Daudet, Roumestan, 1881, p. 276).
d) [En parlant d'une pièce de théâtre] Qui a subi un échec. Martainville applaudissait courageusement, et l'hypocrite Florine, Nathan, Merlin l'imitaient. Une fois la pièce tombée, il y eut foule dans la loge de Coralie, mais cette foule aggrava le mal par les consolations qu'on lui donnait (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 513).
2. [En parlant de pers.]
a) Qui se retrouve dans une situation difficile. Petit-fils d'un héros de la grande armée, le jeune homme était né, au Chêne-Populeux, d'un père détourné de la gloire, tombé à un maigre emploi de percepteur (Zola, Débâcle, 1892, p. 6).La maladie était venue. Depuis quatorze mois, elle la gardait [sa petite Rose] ainsi sur les bras, de plus en plus douloureuse et réduite, tombée à rien (Zola, Lourdes, 1894, p. 6).
b) Qui a perdu son pouvoir, son autorité, son crédit, le plus souvent politique. Ministre, monarque, prince tombé; majesté tombée. Cette liberté qui grandit les peuples debout et qui relève les peuples tombés, c'est-à-dire la liberté politique (Hugo, Actes et par., 1, 1875, p. 5).Que les chroniqueurs à bout d'esprit vivent sur moi comme certains insectes sur un fruit; que les roquets d'un grand homme tombé m'aboient rageusement aux jambes, parce que j'ai prédit la chute; cela, en somme, n'a pas d'importance (Zola, Corresp., t. 2, 1882, p. 578).
Femme tombée (vieilli). Femme qui a perdu sa vertu, son honneur, sa réputation. L'Angleterre est implacable contre la femme tombée; ce n'est pas elle qui eût relevé Madeleine (Amiel, Journal, 1866, p. 327).Voyant madame Lorilleux lui examiner les mains, elle les ouvrit toutes grandes, les montra, disant de sa voix molle, sans se fâcher, en femme tombée qui accepte tout: Je n'ai rien pris, vous pouvez regarder (Zola, Assommoir, 1877, p. 756).
c) [En parlant d'un aut. de théâtre] Qui n'a plus de succès. Vu Charles Edmond. Ce n'est plus un homme, c'est un auteur tombé, un aplatissement, une démolition. Il a la voix du Christ à la troisième heure du Vendredi-Saint: on ne le joue plus! (Goncourt, Journal, 1860, p. 818).
C. − Arrivé à un endroit par hasard. C'était en 1850 que Leroi, un jeune professeur venu de Paris, tombé au lycée de Montauban, avec des idées ardentes, républicain passionné, avait épousé Agathe Dagnan (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 147).
D. − Spécialement
1. DANSE. Pas tombé. Pas exécuté en s'élevant sur la pointe d'un pied, en pliant ensuite les genoux et en restant sur les genoux pliés. La tension extrême de tout l'être convulsé [d'une danseuse] progresse jusqu'au féroce et joyeux déchaînement final: déhanchements violents (...) chutes feintes et pas « tombés », furieux « roulements » de talons (Levinson, Visages danse, 1933, p. 186).
2. HORLOG., vx. [En parlant d'une montre] Qui, ayant filé toute sa chaîne, a cessé de fonctionner. (Ds Ac. Compl. 1842, Lar. 19e).
3. TECHNOL. [Chaudronnerie] Bord tombé. ,,Extrémité de tôle retournée d'équerre qui permet un assemblage par rivure ou soudure`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). [Chauss.] Région. (Romans). Cordon tombé pour bord-fourreau. ,,Procédé d'assemblage du dessus de la tige avec la doublure consistant à les piquer l'une sur l'autre au bord et fleur contre fleur, puis à retourner la tige et à la coller avec la doublure de façon à ramener la piqûre vers l'intérieur et à la rendre invisible de l'extérieur, ce rempli formé vers l'extérieur pouvant à son tour être fixé ou non par une piqûre de tour`` (Rama 1973, s.v. bord). [Mégiss.] Peau tombée. Une fois déchaulée, une peau est flasque et blanchâtre: on dit qu'elle est «tombée», alors que précédemment, elle était gonflée, jusqu'à atteindre une certaine raideur, et vaguement translucide (J. Gobilliard, Tannage et corroyage des cuirs et peaux, 1955, p. 96).
4. SPORTS (rugby). Coup de pied tombé. Coup de pied donné en pleine foulée en laissant choir le ballon perpendiculairement (d'apr. Petiot 1982). Synon. drop2.
III. − Subst. masc.
A. − [À propos de la lumière] Au tombé. Au déclin. Synon. à la tombée, au tomber (v. tomber2).Belle heure, ce tantôt au tombé du jour, vers les quatre heures; juste le soir, mais juste un peu, et on se voit (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 63).
B. − [À propos d'un tissu] Tenue harmonieuse. Finesse, souplesse, (...) beau tombé (...) sont les qualités irremplaçables qu'il s'agisse du satin, du crêpe de Chine, du crêpe georgette ou du voile (Carrefour, 2 janv. 1952, p. 4, col. 3).
C. − Spécialement
1. HIST. ECCL. Chrétien qui, effrayé par les tortures, consentait à offrir de l'encens aux idoles. Les tombés n'étaient reçus dans le sein de l'Église qu'après une amende publique et de longues épreuves (Ac. Compl.1842).
2. SPORTS. [Lutte gréco-romaine] Action de maintenir son adversaire à terre sur les deux épaules, le temps que l'arbitre compte jusqu'à deux en touchant deux fois le tapis. On appelle « tombé » le coup final qui conduit l'adversaire sur les deux épaules (Vie au Grand Air, 24 nov. 1905ds Petiot 1982).[Rugby] Synon. de coup de pied tombé (supra II D 4).
Prononc.: [tɔ ̃be]. Étymol. et Hist. A. Part. passé adj. 1. a) 1657-62 « déchu » (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, no400: l'homme [...] tombé de son vrai lieu); b) 1775 auteur tombé « qui a échoué, qui a été oublié » (Beaumarchais, Barbier de Séville, I, 2); c) 1810 « qui a péché » (Chateaubr., Martyrs, t. 3, p. 147: Ève encore non tombée); 2. 1824 à la nuit tombée (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, p. 290); 3. 1832 fruits tombés (Raymond); 4. 1889 rugby coup tombé (G. de Saint-Clair, Jeux et exercices en plein air, p. 53 ds Bäcker 1975, p. 204); 1892 coup de pied tombé (Les Sports athlétiques, no101, 5 mars, p. 15b, ibid., p. 205). B. Part. passé subst. 1. déb. xiiies. tumbes « chute » (Sept Sages, éd. A. Keller, 2247 ds T.-L., s.v. tombe: li tumbes en fu mervilleus [Gdf. cite cet ex., prob. avec raison, s.v. tombé]); 2. 1690 chorégr. pas tombé (Fur., s.v. pas); 1765 p. ell. tombé (Encyclop.); 3. 1905 lutte (Vie au grand air, loc. cit.). Part. passé adj. et subst. de tomber*.
STAT. Tombé (part. passé), tombée (subst. fém.). Fréq. abs. littér.: 6 205. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 003, b) 9 049; xxes.: a) 10 989, b) 7 564.